L’entrepreneuriat, une voie vers l’autonomie au Togo

Concours pour appuyer l’entrepreneuriat au Togo Elevages sans frontières en partenariat avec les acteurs du projet « Or gris des savanes », ont organisé un concours. Ce concours consistait, pour les artisans et élèves intéressés, à élaborer un plan d’affaires en lien avec l’amélioration des équipements des aviculteurs (mangeoires, abreuvoirs, couveuses etc.). Les 10 meilleurs plans d’affaires ont été sélectionnés par un jury. Chacun d’entre eux a remporté 250 000 FCFA (382€) pour lui permettre de mettre en œuvre son plan d’affaire. L’une d’elle, KANGNAGUIBE LENGUE, nous livre son témoignage : Je suis âgée de 60 ans, mariée et mère de 6 enfants. J’ai commencé à exercer la poterie, il y a plus de 30 ans. Je l’ai appris de ma belle-mère suite aux difficultés financières que j’avais pour me permettre à subvenir aux besoins de ma famille et à sauver mon couple à l’époque. Cette activité est devenue mon activité principale et je l’exerce avec beaucoup de dévouement. Je suis responsable d’un regroupement de 7 femmes potières à Sibortoti, à 5 km de Dapaong. Créé il y a 3 ans, ce groupement, réuni au tour de la poterie, cotisait jusqu’alors 600 FCFA par mois. Cette somme était remise à tour de rôle à chacune comme fonds de roulement. J’ai bénéficié comme toutes les autres du projet « OR GRIS DES SAVANES », qui nous a appuyé en bâtiment, en équipements et en fonds de roulement soit une subvention de 250 000FCFA pour booster notre activité. Aujourd’hui, je me sens plus à l’aise dans l’exercice de mon activité puisque j’ai à ma disposition le matériel nécessaire (bâtiment, bassines, pelle, pioche) et un fonds de roulement. Cet appui a permis une augmentation de mon offre, de mon chiffre d’affaire et donc des bénéfices. Ainsi, le montant de notre cotisation est passé de 600 à 3000F/ mois par membre. Je fabrique des pots de chauffes, des abreuvoirs, des canaris, des jarres, des pondoirs, des ruches en pot, tout dépend de la demande ou de la commande faite. Je dis un sincère merci à ESFT qui nous a  aidées à devenir plus professionnel, à travailler plus et à être  plus reconnus dans le milieu. Nous œuvrons à devenir une référence à Dapaong. Le processus de fabrication de pots est simple, il suffit de s’y connaitre et d’y mettre la volonté. Après l’achat de l’argile, elle est renversée dans une jarre, un tonneau ou dans un récipient plus grand. On y ajoute de l’eau pour qu’elle soit bien humectée. L’argile humectée est sortie, malaxée, pilée jusqu’à ce qu’elle soit homogène et adhésive. Elle est ensuite mise en tas et recouverte de plastic pour éviter qu’elle se dessèche. Maintenant que la matière première est prête à la fabrication de la poterie, de petits morceaux sont prélevés et modelés à la main pour construire et donner la forme désirée. Les différents articles fabriqués sont ensuite polis et cuits au four traditionnel après s’être desséchés. J’ai beaucoup apprécié l’appui du projet « Or gris des Savanes » car elle m’a permis de signer le contrat à ma fille pour son apprentissage. Avec 40 000 FCFA injecté dans la poterie en février, j’ai réalisé pour un mois d’activité un bénéfice de 45 000 FCFA dont 35000 FCFA a servi à l’achat de vélo. Vraiment, merci à ESFT. La majeure difficulté rencontrée dans mon activité est le transport de la matière première et des articles pour le marché qui revient cher. Ne disposant pas de moyens de transport propres à nous, il nous arrive d’arriver au marché quelque fois dans l’après-midi ce qui souvent joue sur le chiffre d’affaire à réaliser. Avec le temps, nous comptons nous acheter un tricycle pour faciliter le transport de nos articles avec l’appui de ESFT. Encore merci à nos donateurs. Pour en savoir davantage sur le projet Or gris des Savanes Cliquez ici

Partage et débat autour d’innovations du projet « OR GRIS DES SAVANES »

Partage et débat autour d’innovations du projet « OR GRIS DES SAVANES » Les 9 et 10 juin 2021, à Dapaong, ESF et ses partenaires ont tenu un atelier multi-acteurs pour diffuser les résultats d’études menées avec les acteurs de la chaine de valeur pintade dans le cadre du projet « OR GRIS DES SAVANES ».Ces études ont porté sur : la facilitation de l’accès à l’investissement pour les éleveurs la comparaison de matériels d’incubation l’amélioration des aliments pour pintades le développement d’alliances productives autour d’une provenderie et d’une unité de transformation de la pintade. Un beau passage en revue des expérimentations menées en milieu paysan dans les Savanes du Nord Togo qui illustre la philosophie de Recherche-Action dans laquelle s’inscrit le projet. De riches contributions qui aident à préparer les suites de cette 1ère phase de projet et qui précisent la voie dans laquelle s’inscrit le modèle de production et de valorisation des pintades « OR GRIS DES SAVANES ». Merci aux consultants, stagiaires, partenaires et autres acteurs locaux qui se sont investis sur ces travaux. https://elevagessansfrontieres.org/wp-content/uploads/2021/06/video-1623677700.mp4 Vivement le prochain atelier pour une présentation-débat d’autres innovations développées ! 👍 Pour en savoir davantage sur le projet Or gris des Savanes Cliquez ici

Après 6 mois du projet au Maroc Imik S’Imik, où en sommes-nous ?

Elevages sans frontières et Rosa appuient l’activité d’élevage au Maroc comme levier d’autonomie pour les femmes depuis 2005. Le lancement en janvier 2021 du projet Imik s’Imik « petit à petit », avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie, est une nouvelle étape dans l’accompagnement des jeunes femmes de la région de Ouarzazate. Après 6 mois d’activité, quelques éléments de bilan et de satisfactions sont déjà là. Avec Imik S’ Imik, ESF & ROSA pensent à la relève ! En janvier 2021, la crise sanitaire a fragilisé l’économie locale et la confiance des femmes rurales en l’avenir. Cet avenir réside dans la jeunesse et la transmission des savoirs ! C’est dans ce contexte qu’est lancé le projet « Imik S’Imik », dont les objectifs sont d’inciter les jeunes femmes à développer une activité d’élevage, à en faire une activité rémunératrice grâce à des formations et un accompagnement de proximité. Le projet vise également à favoriser les échanges entre femmes, renforcer leurs liens sociaux et faire de leurs dynamiques collectives des leviers d’émancipation et de partage de savoirs. Lors du lancement du projet en janvier, l’hypothèse que le métier d’éleveuse n’attire plus les jeunes générations s’est confirmée : peu de jeunes femmes étaient présentes lors des sessions d’information sur le projet. De plus, les aînées sous-estiment souvent les capacités d’apprentissage des plus jeunes : les membres des associations féminines étaient peu favorables à cette orientation du projet en faveur des jeunes. Après des temps d’échanges avec les aînées et les jeunes, quelques jeunes femmes se sont laissé convaincre pour apporter un vent de fraîcheur et un regard neuf sur l’activité. Leur réussite et leur plaisir de s’impliquer dans le projet, tant sur le plan personnel que professionnel, suscite déjà l’engouement et l’adhésion d’autres jeunes femmes qui ont exprimé leur souhait de rejoindre les associations locales pour pouvoir un jour compter parmi les nouvelles jeunes éleveuses entrepreneures. Après 6 mois de projet, ce sont donc 25 femmes dont 16 qui ont mois de 35 ans, qui ont démarré un élevage de chèvres laitières. Un parcours de formations enrichissant ! En mars et avril 2021, les 25 bénéficiaires du projet ont pu suivre le premier parcours de formations en gestion et entreprenariat en langue locale, organisé en partenariat avec le bureau d’étude IGHIL DARAA. Cette formation a été faite en parallèle des formations en technique d’élevage que réalise ROSA. En effet, pour convaincre les jeunes de se lancer dans l’activité d’élevage, la dimension économique est particulièrement importante. Ce nouveau cycle de formations fut une très belle réalisation qui a permis aux jeunes éleveuses de mieux comprendre les enjeux de la microentreprise et d’appréhender leur métier d’éleveuse comme une réelle activité économique. Au-delà des compétences techniques, ces formations ont permis aux femmes de gagner en confiance et de réaliser tout ce qu’elles sont capables de faire. Les ateliers dédiés à la gouvernance et au leadership ont clôturé l’évènement en beauté avec ces 2 thématiques centrales de la vie associative. Les femmes témoignent, jour après jour, de tout ce que cela leur a apporté au quotidien en tant que femme et en tant que cheffe d’entreprise. 3 jeunes femmes se distinguent déjà : deux d’entre elle ont déjà le charisme et les qualités pour devenir femme leader (relais entre ROSA et les associations des femmes) et la troisième qui pourrait être formée aux soins Le marrainage, sur les pistes du partage et de la transmission intergénérationnelle ROSA et ESF expérimente dans le cadre du projet Imik S’Imik la mise en place de marrainage. Les marraines ont été choisies pour leur reconnaissance sociale, leur capacité et leur envie à transmettre. Et bien sûr pour leurs compétences et la qualité du suivi de leur élevage. Ces anciennes bénéficiaires des projets d’ESF ont exprimé leur fierté à transmettre ce que les précédents projets de ROSA et ESF leur ont apporté. Et que maintenant, c’étaient à elles de participer à la formation des femmes de leur village. Les marraines accompagnent 3 filleules. Ces groupes ont été suscités sur la base d’une proximité géographique et d’un choix mutuel entre marraine et filleul, dans lequel ROSA n’est pas intervenu. Pour que ce marrainage fonctionne, il est important que les personnes s’apprécient et se fassent mutuellement confiance. Dès le début, les marraines et filleules ont pris l’habitude d’échanger quasi quotidiennement sur les élevages, les difficultés que les débutantes rencontrent, les conseils techniques, etc. Les marraines deviennent ainsi relais précieux de l’association ROSA sur le terrain. Le marrainage est une très belle innovation qui tisse des liens entre générations, car souvent, la marraine est une femme plus âgée. Le souhait de ROSA et d’ESF est que les filleules, une fois lancées, aient à cœur d’être elles aussi marraines un jour. Ce projet a permis à 8 groupes (une marraine et 3 filleules) de se constituer Pour en savoir davantage sur le projet Imik S’imik Cliquez ici

Elevages sans frontières nominé pour le Prix Jean Cassaigne

Cinq associations nominées pour le Prix Jean Cassaigne 2021 Après la Maison des Himalayas en 2020, qui sera le lauréat du Prix en 2021 ? Pour la deuxième fois en France, des lycéens vont récompenser d’un prix de 10 000 € une organisation française de solidarité internationale pour son action en faveur de populations vulnérables au Sud. Le groupe scolaire Jean Cassaigne et l’association les amis de Mgr Cassaigne souhaitent œuvrer ensemble en faveur de la solidarité internationale et de l’éducation à la solidarité internationale. En mobilisant la communauté française de la solidarité internationale et en sensibilisant un groupe de lycéens aux démarches, aux attendus et aux changements obtenus par des actions de solidarité internationale, ils font vivre le message de Jean Cassaigne qui s’est engagé au 20ème siècle auprès des populations les plus démunies du Vietnam. Après le 1er appel à propositions lancé en 2019/2020 qui a vu la Maison des Himalayas être récompensée pour son engagement en faveur des enfants souffrant de handicap en Inde, un 2ème appel à propositions a été ouvert entre janvier et mars 2021. L’objectif est de faire récompenser par ces lycéens une organisation française pour une action de solidarité internationale ayant amélioré de façon significative les conditions de vie de populations vulnérables dans un pays du Sud. C’est une initiative unique en France. 12 lycéens du groupe scolaire Jean Cassaigne se sont portés volontaires fin 2020 pour participer au jury. Ils ont retenu 5 thématiques prioritaires : Amélioration de l’éducation des enfants, notamment des filles, pour répondre aux objectifs d’égalité entre les sexes, tout particulièrement, mais pas seulement, dans les domaines des technologies de l’information et de la communication. Lutte pour la justice sociale, notamment au bénéfice des populations spoliées de leurs droits et de leurs biens, lutte contre les violences faites aux femmes Amélioration de l’accès aux soins des populations les plus vulnérables Amélioration de l’indépendance économique des femmes, notamment par un meilleur accès aux technologies de l’information et de la communication Adaptation au changement climatique, notamment pour les populations les plus vulnérables aux dérèglements climatiques.   L’appel à propositions a connu cette année encore un grand engouement. 43 organisations ont répondu. Un comité d’experts indépendants a évalué les actions proposées par ces organisations. En se fondant sur le résultat de ces évaluations, 5 d’entre elles ont été présélectionnées. Il s’agit de : Enfants d’Asie pour son action en faveur des enfants défavorisés de Phnom Penh au Cambodge Les Enfants de Louxor pour son action en faveur des villageois de la rive Ouest de Louxor en Egypte Elevages sans frontières pour son action en faveurs des communautés paysannes vulnérables du Nord Togo MIVAOTRA pour son action en faveur des enfants des rues de Tananarive à Madagascar Le Samu Social International pour son action en faveur des enfants et des jeunes vivant en rue à Bamako, au Mali. Ces actions, détaillées sur le site internet du Prix Jean Cassaigne, sont en cours d’étude par les lycéens qui se réunissent le 17 mai pour sélectionner le lauréat 2021. Le Prix sera décerné à Mont-de-Marsan le 18 juin 2021. En savoir plus Un énorme merci aux lycéens. On croise les doigts maintenant !

Lancement du projet « Professionnalisation des ParaProfessionnels Vétérinaires (P3V) »

Lancement officiel et réunion de coordination nationale du projet : Elevages sans frontières y était. Ce mardi 4 mai 2021, Elevages sans frontières a confirmé sa participation à la coordination du projet P3V* au Togo porté par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) et les professionnels de la santé animale du Togo (délégation d’Elevage, docteurs vétérinaires, centres de formation). D’autres ONG comme VSF-Suisse et AVSF étaient aussi conviées à la rencontre. Le projet est mené dans deux pays pilotes à savoir le Sénégal et le Togo, deux pays où intervient ESF. Il vise l’amélioration de l’offre de soins aux animaux afin de répondre aussi bien aux besoins des éleveurs qu’au besoin de contrôle des maladies. Une priorité au regard du contexte sanitaire actuel. Pour rendre plus efficace le réseau de professionnels de santé animale, le projet prévoit : – la mise en place d’une stratégie nationale, d’un cadre juridique et d’un système de contrôle efficaces pour un bon développement et une bonne articulation des professions de la santé animale,– l’amélioration de la formation et de l’intégration professionnelle des paraprofessionnels vétérinaires,– le développement de modèles économiques pérennes et la reconnaissance sociétale pour ces professions de la santé animale. ESF prévoit de contribuer à l’amélioration des curricula de formation et à l’insertion des paraprofessionnels, afin que les éleveurs de chèvres et de pintades accompagnés dans ses projets au Sud et au Nord du Togo puissent bénéficier de ce renforcement des capacités en Santé Animale. La devise de l’OIE, « Protéger les animaux, préserver notre avenir », s’inscrit dans la philosophie des projets d’Elevages sans frontières Sylvain Gomez, Responsable de projets et Coordinateur régional d’Afrique de l’Ouest * Projet mené avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD)

Un an après le début de la crise sanitaire, où en sommes-nous ?

La situation en Afrique de l’Ouest Bonjour. Je suis Sylvain Gomez, Chargé de projet et coordinateur des actions en Afrique de l’Ouest. Je suis basé à Ouagadougou, au Burkina Faso, que je n’ai pas quitté depuis le début de la crise en mars 2020, excepté pour 2 missions au Togo en décembre 2020 et en mars 2021. Comment est gérée la crise aujourd’hui dans les pays d’intervention ? Dans le cadre de notre travail et dans la vie de tous les jours, nous veillons à poursuivre l’application des gestes barrières comme la limitation de contacts pour les salutations, le port du masque dans les endroits clos et le lavage régulier des mains. Ici au Burkina Faso, les personnes cas contacts et les personnes avec symptômes sont testées gratuitement. Les contrôles sont plus stricts au Togo : le test Covid est obligatoire à l’entrée dans le pays, des patrouilles anti-covid vérifient le port du masque dans les transports et les lieux publics, la musique est interdite dans les maquis pour limiter les rassemblements, une application de traçage par téléphone a été mise en place. Il y a également des mises en quarantaine régionale en cas de flambée du nombre de cas (comme pour la région des Savanes au Nord Togo en février dernier). Il y a de la sensibilisation mais aussi de la répression avec des amendes. Les mesures de prévention semblent davantage intégrées et appliquées par les populations dans les pays côtiers où nous intervenons (Togo, Bénin) qu’au Burkina Faso. L’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) réunie récemment a décidé d’uniformiser les modalités et la validité des tests Covid. La réouverture des frontières terrestres fin mai a aussi été évoquée. Sur le terrain, lors des réunions avec les éleveurs bénéficiaires de nos projets, nous avons l’avantage d’être sous un arbre, un hangar, en milieu chaud, sec, ouvert et aéré, où nous pouvons nous asseoir à plus de 1,5 m les uns des autres. Quelles sont les conséquences de la pandémie et les adaptations faites par ESF ? • A court terme La crise sanitaire a eu un fort impact social et économique. Les flux humains et de marchandises ont été freinés même si les frontières sont poreuses. L’argent rentre moins dans les ménages. Pour le secteur du tourisme, la crise sanitaire est venue s’ajouter à la crise sécuritaire liée au terrorisme. Pour les éleveurs accompagnés, l’approvisionnement en intrants (alimentaires ou sanitaires) s’est débloqué dans l’ensemble. Ils sont davantage concentrés sur la période de sécheresse (soudure) maintenant. Il faut cependant noter une augmentation globale des prix. La préparation des campagnes agricoles ou l’achat d’aliments pour les animaux pourraient s’avérer difficiles. Nous continuons à travailler sur la mise en place de circuits d’approvisionnement en aliments et en intrants pour les cultures (fertilisants et pesticides biologiques). La promotion de pratiques agroécologiques, comme la production de compost à partir des déjections animales ou la production de traitements biologiques pour les cultures, permet de répondre aux besoins des paysans. Les projets mis en place soutiennent aussi l’élaboration d’aliments à base des ressources locales. Notre challenge maintenant : intensifier la production de ces aliments confiés à des acteurs privés ou des organisations paysannes. Le travail mené avec les vétérinaires et les auxiliaires d’élevage villageois nous a permis de maintenir la santé des cheptels. Ces auxiliaires d’élevage tout comme les responsables des organisations paysannes ou des éleveurs référents ont aidé à maintenir le contact avec les bénéficiaires lors des périodes où la circulation sur les zones d’intervention devenait difficile. • A moyen terme Ce travail sur l’alimentation animale, les intrants agricoles et l’appui aux vétérinaires de proximité devraient aider à faire face à l’apparition de crises futures. La gestion environnementale est aussi de plus en plus au cœur de nos projets. Nous souhaitons diffuser les bonnes pratiques développées dans le cadre d’activités pilotes (comme les champs-écoles) pour un changement d’échelle des modes de production. Nous souhaitons aussi renforcer notre approche « Santé Globale » qui considère la gestion des ressources à l’échelle de l’écosystème. Une bonne gestion de l’ensemble des ressources productives (terre, eau, flore, faune, animaux d’élevage…) limite le passage de virus des animaux sauvages aux animaux d’élevage et à l’Homme. Sur le plan de la commercialisation des produits issus des élevages (viande ou lait), ESF continue son appui à la structuration de circuits courts de commercialisation pour une consommation de proximité et donc un maintien du chiffre d’affaires des éleveurs malgré la crise sanitaire. Sylvain Gomez, Responsable de projets et Coordinateur régional d’Afrique de l’Ouest La situation au Maroc Bonjour. Je suis Hassania KANOUBI, présidente de l’Association Rosa pour le développement de la femme rurale au Maroc. A ce jour, quelles sont les principales conséquences de la pandémie sur le plan économique et social pour la population ? Rosa travaille depuis 2010 sur l’élevage de chèvres et la fabrication du fromage. Elle aide plus de 200 éleveuses par ses activités de suivi des formations techniques et d’accompagnement de proximité des éleveuses en milieu rural. Ces activités ont été fortement impactées par les mesures restrictives prises pour freiner la propagation du virus, empêchant les déplacements de l’équipe, les ventes des fromages, etc. Cette crise sanitaire a également très rapidement touché l’économie des membres de la coopérative Corosa : la fermeture de la fromagerie pendant 1 an a entrainé une perte des stocks de fromages ainsi que la source de leur revenus mensuels.  Corosa a en effet subi la crise du secteur touristique : le Maroc a rapidement fermé ses frontières, stoppant le tourisme extérieur. Le couvre-feu national a également arrêté le tourisme national. Or la fromagerie vend une grande partie de ses produits aux structures touristiques de la région de Ouarzazate, que ce soit des hôtels, chambre d’hôte ou restaurant. En outre, la majorité des femmes travaillent dans l’économie informelle. Cela signifie que leur revenu est précaire et qu’elles ne peuvent bénéficier des dispositifs mis en place par l’Etat. Les femmes éleveuses se sont trouvées isolées dans leurs foyers pendant le confinement. Aucun déplacement

Des femmes éleveuses burkinabè ont décidé d’emprunter la Voie Lactée

Jeudi 15 avril 2021, 8h du matin, commune de Ziniare, village de Nakamtenga. Vêtue d’une jolie tenue blanche traditionnelle, Adama DIALLO, Présidente du groupement féminin « Potan* » accueille une équipe ESF-APIL à l’entrée du village. Situé à 6 km de Ziniaré, le cheflieu de Province et à 5 mn en voiture du goudron d’une route nationale, le village est composé de plusieurs quartiers constitués chacun de quelques cases rondes en banco avec toit de chaume. Non loin, une salle de classe avec une trentaine d’enfants qui nous chantent la bienvenue, des poules et leurs poussins et des pintades courent ça et là, 2 béliers et un taurillon de race améliorée sont attachés sous un hangar supportant des résidus de cultures, des taurillons, quelques vaches efflanquées et des veaux de race Peulhe ou Goudali s’ébattent quelques instants avant d’être poussés vers les pâturages. Sous l’arbre où nous nous installons, le substrat poudreux mélangé avec de la paille, des résidus de culture et les excréments d’animaux témoigne de l’activité d’élevage du village. Une odeur de poussière, de fumure sèche et d’herbe sèche nous envahit les narines. 8h du matin, le soleil est déjà haut dans le ciel et il fait plus de 30°C. Nous sommes en pleine saison sèche : les premières pluies ne sont pas attendues avant fin mai/début juin. Des femmes sont parties chercher l’eau à 4 km, vers le barrage (le forage mis en place avec l’aide d’APIL connait actuellement une panne). Elles sont parties depuis un moment et nous ne savons pas quand est-ce qu’elles reviendront. Nous commençons sans elles. 15 autres femmes – quelques-unes avec des enfants en bas âge – accompagnent Adama. Elles sont toutes membres du groupement qui rassemble les 67 femmes du village qui ont décidé de se fédérer pour développer des activités génératrices de revenus. BARRY, BANDE, DIALLO… : elles sont toutes peulhes. Dans leur communauté, les femmes ne cultivent pas. Ce sont les hommes qui s’en chargent et qui ramènent les produits des récoltes au village. Ce sont aussi eux qui possèdent les animaux. « Pourquoi pas nous les femmes ? » argue Adama « C’est la raison pour laquelle nous nous sommes regroupées entre nous. Chaque mois, nous nous réunissons pour échanger sur nos activités et les difficultés rencontrées. Chaque femme cotise 250 FCFA par mois au sein de notre groupe dont le statut est reconnu ; ce qui nous permet de nous tourner vers les caisses populaires pour prendre des crédits qui nous aident à développer nos activités. » Si les femmes ne sont pas propriétaires des animaux, elles sont cependant impliquées dans le soin des animaux qui restent au village, comme les veaux trop petits pour suivre le reste du troupeau qui quitte le village vers 4h du matin pour aller boire et pâturer. Ils reviennent vers 8h / 9h pour que les vaches soient traites une 1ère fois par les femmes. Le lait est vendu frais ou caillé au marché. La 2nde traite du soir permet de faire du beurre. La quantité qui sort du pis varie d’une saison à l’autre : 4 à 5 litres par jour par vache en saison des pluies (entre juin et octobre), moins de 2 litres en saison sèche où les ressources végétales (herbe de brousse, résidus de culture) sont rares et faibles en valeurs nutritives. Et il faut aussi partager cet or blanc avec les veaux non sevrés. « Nous prenons pour nous, mais les veaux doivent aussi avoir le nécessaire pour leur croissance ». Le type de conduite et le manque de nourriture des animaux sont les principales causes de cette faible productivité. Les hommes fournissent des tourteaux (résidus de culture) aux femmes qui souhaitent mieux nourrir les vaches laitières. Mais ce n’est pas suffisant. Adama est propriétaire d’une vache (l’exception du village). Elle la gardait au village mais avec le temps, la production a diminué. Elle a donc décidé de la laisser partir avec le reste du troupeau pour manger et s’abreuver. Mais ce ne fut pas mieux : « Elle a perdu en forme et elle donnait encore moins de lait. Avec les premières formations dispensées à travers le projet Voie Lactée, nous avons compris que les déplacements occasionnent une perte d’énergie pour nos animaux. Pire : j’ai même perdu une autre vache qui avait avalé un fil de fer. Et il y a aussi eu ce cultivateur qui avait empoisonné 5 vaches il y a deux ans. Tous les ans nous avons des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Ce sont les hommes qui gèrent les suites de ces conflits. Et puis la forêt où vont se nourrir les animaux a beaucoup diminué à cause de la pression foncière avec l’agriculture, l’urbanisation, et la coupe forestière. Ce sont les mossis qui coupent les arbres… », explique Adama. Les animateurs d’APIL présents renvoient la taquinerie en demandant aux femmes avec quoi elles font cuire les repas de leurs familles… Cohabitation des communautés et des activités, préservation de l’environnement : un défi qui prend encore plus d’importance au Burkina Faso, au regard de la situation climatique et sécuritaire difficile que connait le pays. Adama poursuit : « Mais nous savons maintenant qu’une vache « fermée » (gardée au village), c’est mieux. Aujourd’hui mon objectif est de remettre cette vache en stabulation au village et avoir 4 ou 5 vaches pour moi ». Quelques-unes des 15 autres femmes font part timidement de cet objectif commun : « avoir des vaches pour soi et tirer des bénéfices grâce à la vente du lait ». Toutes ont retenu qu’« un animal à la maison gagne plus (produit plus) ». Abraham, l’animateur d’APIL est content : « le message est passé ». Adama ajoute : « si les gens voient (et vivent) les problèmes, ils vont réagir ». Le projet Voie Lactée travaille avec les éleveuses et leurs ménages pour ne pas que ce soit une fois dans le mur que la prise de conscience se fasse. Les hangars-étables prévus dans le

Résultats de notre grande consultation 2020

Vous avez été près de 1 200 personnes – 888 par courrier et 284 par internet – à répondre à notre enquête diffusée en juillet 2020 auprès de nos fidèles donateurs et abonnés à la newsletter. Merci d’avoir saisi cette occasion d’exprimer vos avis sur votre relation avec Elevages sans frontières ! Vos réponses nous permettent de mesurer la qualité de nos échanges, d’identifier les points à renforcer et de mieux vous connaître pour adapter nos contacts avec vous. Les résultats de l’enquête Votre premier motif de soutien est le principe du « Qui reçoit… donne » 93% se sentent bien accueillis par l’association. 66% sont satisfaits par la lettre d’information et les newsletters. 75% n’ont jamais consulté notre site internet… … mais la plupart des visiteurs trouvent l’information accessible. Saviez-vous qu’en donnant en ligne sur notre site sécurisé, vous avez le choix de : ➥ Choisir un animal, offrir une carte cadeau ou faire un don libre ➥ Faire un don ponctuel ou mensualisé. Vous réduisez les frais et recevez automatiquement votre reçu fiscal. 58% des répondants citent comme premier moyen envisagé pour soutenir davantage Elevages sans frontières : l’augmentation du montant de don. 67% des répondants déclarent parler volontiers de l’association dans leur entourage, principalement les amis et la famille. Quelques témoignages recueillis lors de cette enquête « J’apprécie de savoir que mes dons servent concrètement à des familles qui à leur tour peuvent aider les autres ; ce n’est pas de la charité !! » (Anonyme) « Je soutiens toute initiative et tout projet pour l’aide au développement dans le monde pour le maintien des cultures locales, l’accès à une meilleure qualité de vie, dans un environnement durable. Le développement d’une agriculture de proximité va dans ce sens. » – Stéphane (53) « Merci de l’honnêteté que vous inspirez ! » Djamila « AIDER en apprenant à AIDER c’est SUPER. On ne rend pas les personnes dépendantes, on les rend autonomes, libres ! » (Anonyme) « Association appréciée par son mode d’action : informations précises, de caractère modeste, pas de grande publicité, semble être proche des vrais besoins des bénéficiaires. » (Anonyme) « Bel échange du vivant que vous remettez dans des mains qui en prendront soin et recueilleront immédiatement un bénéfice (oeuf ou lait) » – Christiane (59) « Belle initiative, du concret et un beau principe du QRD » – Francine (59) « Bravo pour votre engagement et de permettre aux populations de se prendre en main. Bon courage. » – Maurice (94) « Ce sont des solutions simples qui rendent les personnes acteurs de leur vie. » – André (53) Les résultats complets de l’enquête sont disponibles sur demande à donateur@elevagessansfrontieres.org. *Les résultats sont donnés par rapport au nombre de réponses exprimées pour chaque question. MERCI POUR VOTRE PARTICIPATION À NOTRE GRANDE ENQUÊTE 2020

Guide | Le développement d’une filière laitière caprine à Ouarzazate

Elevages sans frontières et ROSA travaillent ensemble depuis 2005 au développement d’une filière caprine à Ouarzazate. Pourquoi l’élevage caprin laitier à Ouarzazate ? Culturellement, les femmes de cette région du Maroc pratiquent l’élevage de chèvres, elles maîtrisent les aspects techniques de cette activité.  A Ouarzazate, les conditions climatiques sont favorables pour la bonne santé des chèvres et la bonne gestion de l’élevage.Par ailleurs, il y a un vrai potentiel de valorisation économique par la transformation du lait de chèvre en yaourt et fromage. Développement d’une filière laitière caprine à Ouarzazate Ce guide méthodologique présente les grandes étapes des projets, depuis l’identification des bénéficiaires, jusqu’à la transformation du lait de chèvre en fromage. Il vous présente les activités clés de l’appui aux femmes : le perfectionnement de leurs élevages, leur organisation et la valorisation du lait de chèvre. Les projets menés se sont appuyés sur une forte mobilisation de l’équipe de ROSA sur le terrain, leur proximité avec les femmes vulnérables du territoire. L’équipe a su gagner leur confiance et les faire monter en compétences techniques par des formations. Elle a favorisé l’échange par l’animation d’un réseau de femmes leader et la mise en place de microcrédit en animaux. Au-delà des aspects techniques, et riches de quinze années d’expérience dans la région de Ouarzazate, ROSA et Elevages sans frontières partagent leurs points de vigilance, les leçons apprises des projets, et enfin les « pépites » qui mettent en lumière les réussites. L’ensemble de ces éléments permettra à celles et ceux qui le souhaitent de transposer ce projet sur d’autres territoires, en espérant que l’expérience portée par ROSA et Elevages sans frontières puisse nourrir la réflexion d’autres acteurs pour d’autres projets. Consultez le guide

Témoignage d’une jeune bénéficiaire, éleveuse de chèvres au Maroc

Témoignage d’Azentou Meriem, jeune femme bénéficiaire Dans le cadre du projet « Imik S’Imik » Je m’appelle Azentou Meriem, j’ai 23 ans. J’habite dans le village de Tamassinte, avec ma famille et mon mari. Il travaille occasionnellement dans divers domaines, tout ce qu’il peut trouver, en agriculture, bâtiment… Je ne travaille pas. Nous avons une source de revenus très limitée. J’ai une petite fille âgée de deux ans. J’ai eu la chance d’être scolarisée jusqu’à la 3ème primaire et de savoir lire ma langue natale, l’arabe. Je souhaite améliorer nos conditions de vie, pour aider mon mari et pour pouvoir scolariser notre fille. J’ai pensé à bénéficier de l’appui de ROSA et Elevages sans frontières, comme d’autres femmes de mon village qui ont pu recevoir ou agrandir leur élevage. J’ai pu constater la réussite de mes voisines. Ma maman a bénéficié du soutien de l’association ROSA depuis 2009 et travaille encore avec son élevage. Elle a pu construire sa maison grâce à cet élevage. Je veux devenir indépendante comme ma maman, c’est un modèle pour moi, un bel exemple dans le village de patience, de courage et de réussite. C’est une grande fierté ! Son troupeau est en bonne santé, et produit beaucoup de lait, et de qualité. Le « Qui reçoit… Donne », permet la solidarité entre les familles et c’est grâce à cela que nous pouvons accéder à l’élevage. « Mon objectif principal est de garantir l’avenir de mes enfants, d’être autonome financièrement et de vivre dans la sécurité ». Je suis de nature très timide, j’avais de grandes difficultés à m’exprimer, même devant d’autres femmes. Grâce aux réunions et aux échanges sur les réseaux, je commence à m’ouvrir aux autres, je tisse des liens. Les autres femmes m’encouragent à prendre la parole, me rassurent et je gagne en confiance jour après jour. Avec les répétitions des rencontres, je me sens obligée de parler et participer, et je vois déjà une nette amélioration. Je me dirige dans les pas de ma maman pour être une des meilleures porteuses de projets. Les échanges intergénérationnels nous permettent aussi d’éviter les problèmes, les échecs rencontrés par les anciennes, pour optimiser les conditions d’élevage. Ce sont les bons exemples d’entreprenariats réussis. J’espère avoir un bon élevage sain, et faire partie des bonnes éleveuses. Je souhaite avoir un revenu stable pour ma famille. J’ai besoin de faire évoluer ma vie, de devenir actrice de mon indépendance et de savoir m’exprimer facilement et partout. Pourquoi pas devenir un jour une femme leader, moi aussi, pour apporter d’autres activités à mon village et contribuer à son développement ?