Des nouvelles des jeunes éleveuses de chèvres du projet Imik S’Imik

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4 jeunes éleveuses de chèvres soutenues par leur marraine Fatma

📍 Tamassint, à l’ouest de Ouarzazate au Maroc. La rencontre à Tamassint d’une marraine et de ses 4 filleules est édifiante. Les 4 jeunes femmes sont heureuses d’avoir eu l’opportunité de débuter leur propre élevage et de commencer à tirer des revenus grâce à la vente du lait de leurs chèvres à la fromagerie COROSA. Fatma, une éleveuse appuyée depuis longtemps par ROSA et très investie dans l’association des femmes de Tamassint, les a convaincues et les accompagne dans leurs débuts.
Fatma (marraine) et ses éleveuses Ouidad, Ilham, Fatima et Fatima

Mis en place dans le cadre du projet Imik S’Imik, ce marrainage est apprécié tant par les jeunes que par la marraine, Fatma. Pour cette dernière, c’est un plaisir de transmettre et de donner une chance aux jeunes femmes de son village : « Elles ont besoin d’aide ! J’ai reçu de l’aide quand j’en avais besoin, et je connais leur situation à chacune. C’est pour cela que je les aide à mon tour ».

Fatma a pris le temps de diffuser l’information autour d’elle, d’aller chercher des jeunes qui pouvaient être intéressées par une activité d’élevage, qu’elles soient adhérentes à l’association des femmes ou pas, qu’elles soient mariées ou pas, peu importait. Le critère était leur motivation et leur envie de réussir.

Réception des chèvres, portes et mangeoires par les bénéficiaires

Pour Ouidad, jeune éleveuse, le projet Imik S’imik est enthousiasmant car il permet une véritable reconnaissance des jeunes. A départ, des personnes du village lui ont dit qu’elle ne réussirait jamais. Mais le marrainage et les formations collectives de ROSA l’ont aidée à ne pas les écouter. Après 10 mois de projet, elle vend du lait chaque semaine à la fromagerie. Ses revenus lui permettent entre autres d’avoir la satisfaction et la fierté de « donner quelque chose de sa propre poche à ses enfants ». Ouidad pense même à ouvrir son propre compte en banque, pour y déposer son argent. La rencontre organisée avec d’autres coopératives lui a montré jusqu’où elles pourraient aller, et elle compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin.

Ilham, elle, avait déjà une activité qui lui procurait un revenu, celui de garde d’enfant. Seulement ce qu’elle gagne est bien trop peu et l’activité d’élevage, qui lui prend moins de temps (environ 2 à 3h par jour), lui rapportera bientôt plus que son salaire d’enseignante (500Dhr/mois). Les formations suivies durant le projet lui ont apporté « de la rigueur, [l’ont aidé à] bien organiser son temps », et cela lui a donné envie « de développer cette activité d’élevage ». Son souhait, surtout, est de créer une association dans son village d’origine à côté de Zagora, pour transmettre ce savoir qu’elle a acquis, « car là-bas, il y a plus de pauvreté ». 

Pour Fatima, les formations à l’entrepreneuriat lui ont montré l’intérêt de créer sa propre entreprise. Elle voit aujourd’hui ce qu’elle a comme capacité, et ce qui lui manque. Et puis pour elle, le moment qu’elle n’oubliera pas, c’est la sortie entre marraines et filleules, car elle n’était allée au restaurant avant. Elle n’avait également jamais suivi de formation : « le premier jour, mon stylo tremblait… ».  

Formation des éleveuses : parage des onglons (ou entretien des sabots des chèvres)

Enfin, la cadette avec tout juste 26 ans, la deuxième Fatima du groupe a vu sa vie changer par ce projet. Elevée par sa mère seule, Fatima sortait très peu, aidait sa mère et n’avait pas de projet à elle. Dans les jardins où elle va pour aider sa mère aux travaux des champs, Fatima entend parler de ce projet d’appui à l’élevage de chèvres, réservé aux jeunes. Elle prend son courage à deux mains et se rend chez Fatma pour candidater et devenir bénéficiaire de ce projet. Quand l’équipe de ROSA vient lui rendre visite, elle et sa mère ont déjà construit l’abris pour accueillir les chèvres afin de montrer leur motivation et montrer que Fatima est capable de s’investir dans ce projet d’élevage. Rapidement, Fatima développe un réseau de quelques clients qui lui achètent directement du lait, en plus de ce qu’elle peut livrer à la coopérative COROSA.

La coupe de la luzerne dans les champs

La joie et le dynamisme de ces 4 jeunes femmes est à l’image de l’engouement qu’a suscité le projet Imik S’Imik auprès des 25 jeunes femmes bénéficiaires du projet. Leurs troupeaux sont encore petits aujourd’hui, nécessitant encore quelques mises-bas pour stabiliser les productions de lait. Les connaissances techniques sont encore à consolider, notamment grâce au relai des marraines des groupes de femmes leader, animés par ROSA depuis une dizaine d’années.

La suite du projet « Imik S’Imik », appelée « L’Envol des femmes », vient de débuter en novembre et permettra de poursuivre l’appui technique de ces jeunes éleveuses, le temps nécessaire à la pérennisation de leur activité économique naissante.

Pauline Casalegno, directrice d'Elevages sans frontières

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