Témoignage d’une éleveuse de chèvres, leader dans son village

Témoignage d’Amina Abdeddine, femme leader de de Tifoultoute Dans le cadre du projet « Imik S’Imik », région d’Ouarzazate au Maroc Je m’appelle Amina Abdeddine, j’ai 29 ans. Je suis célibataire et vis avec ma famille qui se compose de mes parents, mon frère, et ma sœur. Mon père touche une petite retraite. Ma maman, mon père, ma grande sœur travaillent dans les champs pendant que je garde les enfants et fais les tâches ménagères. Je suis Présidente de l’Association Tifoultoute et ai souhaité être la voix des femmes de mon groupement. En général, les femmes de mon village, vivent de l’agriculture, pour nourrir le bétail et leur famille. Quelques femmes travaillent dans les champs en contrepartie d’argent pour leur famille. L’artisanat, comme le tissage, est encore présent localement. Comme le travail agricole ne couvre pas tous nos besoins, certaines familles sont obligées d’envoyer leur fille travailler en ville, dans des régions où elles peuvent trouver des emplois précaires d’aide-ménagère. Les femmes souffrent beaucoup de la précarité et de la vulnérabilité familiale, qui rendent leur situation très instable. Beaucoup de maris quittent la maison. Les femmes célibataires rencontrent de grandes difficultés pour avoir une autonomie financière et faire des achats essentiels pour la santé et les soins. Les femmes attendent beaucoup de ce projet, et avant tout, l’indépendance vis-à-vis de la famille et une autonomie financière. L’objectif pour ces femmes est surtout de pouvoir apporter une meilleure scolarité à leurs enfants et de satisfaire leurs besoins, pour qu’ils aient une bonne estime d’eux-mêmes et ne se sentent pas en position d’infériorité. C’est très important pour qu’ils soient motivés à poursuivre leurs études au Lycée. « Devenir femme leader est le point de départ d’une nouvelle vie, pour moi, et pour les femmes de mon village ». Qu’est-ce qu’une femme leader ? Une femme leader est la représentante de son village, et de l’activité de son groupement. C’est un honneur et une grande fierté d’être choisie pour jouer ce rôle d’intermédiaire, non seulement avec ROSA et Elevages sans frontières, mais aussi avec tous les autres interlocuteurs. C’est aussi une grande responsabilité. Je suis garante du bien collectif et non plus de mon seul confort. J’ai été désignée parce que mon village me savait capable d’accomplir ces tâches et de prendre la parole pour toutes et tous. Je cherche toujours une façon d’améliorer la situation et de faire évoluer l’association. Je suis fière de porter ce projet, d’aider mon village à développer des activités qui peuvent permettre aux femmes d’avoir leurs propres revenus et donc l’indépendance économique et sociale. Cela va aussi nous permettre d’assurer la scolarisation de nos enfants, et d’améliorer nos conditions de vie en général.  « Être femme leader m’a donné confiance en moi, et m’a permis d’évoluer dans mes capacités de prise de parole. Je peux plaidoyer pour nos projets et les femmes ont confiance en moi pour mener cette mission. Elles voient les résultats de mon travail sur d’anciens projets ». Les actions de ROSA et Elevages sans frontières m’ont donné l’opportunité de m’exprimer, de faire entendre ma voix mais surtout celle des femmes de mon groupement. L’appui de ROSA et Elevages sans frontières est très concret, les femmes qui ont un projet ou déjà des connaissances traditionnelles de l’élevage ont pu améliorer leur savoir technique. Les réunions et les formations m’ont permis de valoriser mon produit, de valoriser mon travail et celui des éleveuses. C’est une véritable reconnaissance de ce que nous faisions avant au quotidien sans en avoir conscience. Les actions de ROSA et Elevages sans frontières nous guident et nous transmettent les bonnes pratiques. Les réunions nous permettent de nous conseiller entre nous, de repérer les problèmes et de mutualiser les solutions. J’ai acquis un savoir local important grâce aux échanges lors des réunions organisées dans le cadre des projets, que je diffuse aux éleveuses du village. Le lien avec ROSA, permet d’avoir toujours un contact avec une experte technique qui saura donner la bonne information, comme une référente pour toutes les bénéficiaires. Cela donne une force aux éleveuses qui ne sont plus seules face à leur activité, et cela renforce aussi la visibilité et la reconnaissance de notre métier. Les actions de ROSA et Elevages sans frontières ont aussi un impact sur le mode de pensée des femmes, qui se sentaient limitées dans leurs activités par le passé, et se contentaient des tâches domestiques. Travailler avec ROSA m’a permis de comprendre que je dois également profiter de ma vie pleinement, et pas seulement pour répondre à mes obligations. Cela se généralise dans le groupement, les femmes ont compris qu’elles ont des droits et que leur travail au sein du foyer a une valeur. La femme leader n’agit pas que pour elle-même mais pour le bien-être collectif. Le groupement passe toujours avant mes propres intérêts.

Redynamisation de la plateforme pintade au Togo

Les activités de redynamisation de la plateforme pintade dans la région des savanes relancées Projet « Or Gris des savanes » Dapaong, 11 mars (ATOP) – L’ONG Elevage et Solidarité pour les familles au Togo (ESFT) en collaboration avec l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) a organisé, le mardi 9 mars à Dapaong, un atelier de lancement des activités de redynamisation de la Plateforme pintade dans la région des Savanes. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « Or gris des Savanes » mis en œuvre dans des préfectures de la région. Ce projet a bénéficié de l’appui technique et financier de l’ONG Elevage sans frontière (ESF) et l’Agence française de Développement (AFD). Il vise à appuyer les acteurs de ce secteur, précisément les éleveurs à lutter contre la mortalité des pintadeaux et augmenter la productivité. Le projet touche plus 700 éleveurs de pintades dans la région. La rencontre a permis aux participants de faire la connaissance de la plateforme et du projet, d’examiner le plan d’action proposé suite au diagnostic le long de la chaîne de valeur pintade. Il a été question de définir la mission du comité de gestion de la plateforme qui sera renouvelé dans les prochains jours. Ce comité aura pour tâches, la médiatisation et la mise en place d’accords contractuels entre les acteurs, l’identification des problèmes et leur résolution collective et le développement d’activités de formation et de recherche action. En prélude à cette rencontre, plusieurs activités ont été menées telles que la réunion de planification des activités des tournées de sensibilisation des acteurs dans la zone du projet, la réunion d’analyse et de diagnostic le long de la chaîne de valeur et l’élaboration d’une proposition du plan d’action. A l’ouverture, le directeur préfectoral de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement rural, Tairou Abdoul-Aziz et le responsable de l’antenne de l’ITRA Savanes, Kabassina Tchiou, ont remercié l’ONG ESFT et ses partenaires pour l’initiative. Ils ont réitéré leur disponibilité à accompagner les acteurs pour l’atteinte des objectifs. Selon le chargé de projet à ESFT, Lagbema Soumana, la plateforme a été mise en place par le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) pour une meilleure adoption des résultats de recherche par les exploitations agricoles du Togo. Elle a connu des difficultés de fonctionnement dû à une insuffisance d’accompagnement et d’animation. «Le projet s’est proposé de redynamiser cette plateforme en initiant des dynamiques d’échanges entre les acteurs pour permettre à la plateforme de se prendre en charge et aux acteurs de travailler en symbiose pour le bonheur de chacun », a-t-il souligné. source : atoptg.com Kantabi, éleveur bénéficiaire de ce projet nous en parle : « Par rapport à la mortalité des pintadeaux, avec les technologies que nous avions à portée de main, le taux de mortalité des pintadeaux du premier jour au 21ème jour se situait autour de 75%. Avec l’accompagnement du projet et le renforcement des capacités, le taux de mortalité tourne aujourd’hui autour de 49%. Il y a une nette amélioration. Du point de vue de l’alimentation, des formulations nous ont été proposées avec des produits que nous pouvons trouver localement. C’est un gain de temps et un gain d’argent, de cette façon nous produisons les pintadeaux à un coût plus réduit. On peut dire que l’accompagnement d’ESFT à travers le projet « Or gris des savanes » apporte beaucoup aux bénéficiaires. En tant qu’acteur de la filière d’élevage de pintades, nous avons été conviés ce matin à la plateforme. Cette dernière a réuni plusieurs acteurs du projet, tous les maillons de la chaîne. Nous avons beaucoup appris. Alors si l’éleveur, le commerçant, le transformateur et tous les autres acteurs rassemblent leurs efforts, cela nous permettra de gagner davantage et de mieux gérer notre activité. »

Les éleveuses de l’Oubritenga se forment pour mieux s’occuper de leur élevage

Témoignage de 2 éleveuses du projet « La voie lactée des femmes de l’Oubritenga » au Burkina Faso Abzèta Bande, éleveuse de vaches laitières Mariée et mère de six enfants, je réponds au nom de Bande Abzèta. Je vis dans un village appelé Nakamtenga. Avec mon mari, nous essayons de subvenir aux besoins du ménage avec notre activité d’élevage. Mon époux, lui, élève et vend des petits ruminants. Quand son stock de vente s’épuise, il achète des chèvres dans les villages environnants et il les revend les jours de marché dans la région. Quant à moi, j’élève des gros ruminants et je vends le lait de vache. J’ai donc à ma charge quatre vaches qui produisent chacune 4 litres de lait par jour en période hivernale et 1,5 à 2 litres de lait par jour en saison sèche. « J’ai eu la chance de participer à une formation sur l’habitat et l’équipement adaptés pour le bien être des bovins et caprins. J’ai appris énormément sur le sujet. » Malheureusement mes vaches n’ont pas d’habitat. Grâce à la formation, je connais maintenant les risques que courent mes animaux dans cette situation. Malgré tout, je suis dans l’incapacité de me procurer une étable à cause du manque de moyens financiers. Certes, je suis limitée par mes ressources financières mais après la formation j’ai pu partager mes connaissances avec les membres de ma communauté en langue locale fulfulde. J’ai espoir que demain sera meilleur et je fournirai les efforts nécessaires pour construire une étable. Mariam Dicko, éleveuse de chèvres laitières Je m’appelle Dicko Mariam. Je suis mariée et mère de onze enfants vivant dans le village de Bissiga. Avec l’aide de mon mari je fais de l’élevage de caprins. Nous possédons dix chèvres, dont neuf femelles et un mâle. L’alimentation de mon troupeau se fait uniquement par pâturage. En effet, chaque matin, les enfants font sortir les animaux pour qu’ils sillonnent le village afin de trouver de quoi brouter. Le soir ils les ramènent à la maison. « C’était mon quotidien jusqu’à ce que je sache qu’il y a de meilleures pratiques pour qu’ils soient très rentables. » Effectivement j’ai participé à une formation sur la sélection et l’alimentation des bovins et caprins pour nous permettre d’acquérir plus de connaissances en la matière. J’ai compris qu’il est important de bien s’occuper de l’alimentation des chèvres en leur donnant plutôt du fourrage et du foin. J’ai aussi appris la technique de conservation du fourrage, je ferai l’exercice à la prochaine saison pluvieuse. J’ai aussi fait une petite expérimentation. Je me suis procurée du fourrage et un peu de foin pour une femelle et j’ai pu traire du lait de chèvre, chose que je ne faisais pas. Ce lait est très doux. « J’ai épaté plus d’une personne de mon entourage parce que nombreux sont ceux qui ne savaient pas que le lait de chèvre se consomme. » Je suis contente d’avoir participé à cette formation et je remercie les formateurs. Je souhaite continuer à développer mes connaissances avec d’autres formations et à terme agrandir notre élevage.

Les avancées de la première phase du projet « Or gris des savanes »

Les résultats de la phase 1 du projet « Or gris des savanes » Quelles sont les avancées ? Ce vendredi 5 mars 2021, l’équipe de consultants du Groupe Africain de Recherche et d’Innovations pour le Développement Durable (GARIDD) a restitué à l’ensemble des acteurs impliqués dans le projet « OR GRIS DES SAVANES »* le travail réalisé avec eux pour mesurer les avancées de cette première phase de projet et conseiller la préparation de la seconde. La pertinence du projet n’est plus à prouver. Ce dernier répond bien aux contraintes qui freinent le développement de la filière pintade au Togo et plus particulièrement dans la région des Savanes. Et pour la phase 2 ? La seconde phase du projet se voudra plus inclusive avec un volet plus important dédié à l’insertion professionnelle des femmes et des jeunes. Des suites seront données aux études et aux initiatives menées en phase 1 sur l’augmentation de la productivité des élevages et sur l’amélioration de la transformation et la commercialisation des produits « OR GRIS DES SAVANES ». Les acteurs impliqués poursuivront aussi leurs apprentissages pour renforcer leurs expertises et devenir des acteurs-ressources pouvant apporter des réponses aux problématiques de la filière pintade. Le projet « OR GRIS DES SAVANES » se prépare pour un meilleur accompagnement des femmes et des jeunes dans le développement d’une activité économique liée à l’élevage. * projet mené avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD)

Travail sur l’élaboration de formules alimentaires pour la pintade

Les éleveurs des Savanes cherchent à mieux nourrir leurs pintades Projet « OR GRIS DES SAVANES », Nord du Togo, le 4.03.21 Ce jeudi 4 mars 2021, M. BATIMSOGA B.B., ingénieur zootechnicien chercheur à l’ITRA, a restitué le travail réalisé avec un agent du projet et les éleveurs impliqués dans le projet « OR GRIS DES SAVANES »*, sur l’élaboration d’aliments pour pintades et pintadeaux à partir des matières premières disponibles dans les Savanes. Des représentants des éleveurs, l’Institut de Conseil Agricole Togolais (ICAT), l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA), un vétérinaire et l’équipe projet Elevages et Solidarité des Familles au Togo (ESFT) et Elevages sans frontières (ESF) étaient réunis pour échanger sur ces résultats. 9 formules d’aliment ont été proposées : 3 pour un bon démarrage des poussins 3 pour la croissance des jeunes 3 autres pour la prise de poids et la ponte des adultes.   La valeur nutritionnelle (apports en énergie, matières grasses et protéines) a été étudiée pour chaque formule. Le degré d’assimilation par les animaux a été testée en station laboratoire et chez des éleveurs. La rentabilité des formules a aussi été étudiée à travers une analyse de leurs coûts de fabrication et des gains de poids obtenus chez les animaux (sur le plan de la croissance, de la prise de poids et de la ponte). Au final, 3 formules d’aliment ont été retenues pour chaque classe d’âge d’animaux (poussins, jeunes, adultes). Enfin des recommandations ont été formulées pour la dispense de bons soins (vétérinaires et d’habitat) pour éviter des pertes d’effet de ces formules d’aliment. Les résultats de l’étude seront valorisés dans cette fin de première phase de projet et dans la seconde en cours de préparation avec notamment la mise en place d’un service de fourniture d’aliments locaux pour pintades. « Bon appétit aux pintades des Savanes ! » *projet mené avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD)

Aida Kiwalo, Chargée de projet APIL nous donne des nouvelles du projet burkinabè

APIL et ses domaines d’intervention Je suis madame Kiwalo Aida et je fais partie du personnel de l’ONG Action pour la promotion des initiatives locales (APIL). APIL est une organisation locale du Burkina Faso qui intervient dans la sécurité alimentaire durable, le renforcement organisationnel, la gouvernance locale, la promotion du genre, l’agroécologie, la gestion humanitaire et risque des catastrophes à base communautaire. Au service du développement local, elle intervient dans la région du Centre, du Plateau Central et du Centre Nord. Dans son premier axe d’intervention qui est le renforcement du système alimentaire durable, l’organisation s’est fixée pour objectifs spécifiques de diversifier et accroître la production agro-sylvo-pastorale pour la consommation et la vente ; d’améliorer les pratiques commerciales et l’accès équitable aux marchés de produits agricoles et d’élevage plus rentables en particulier pour les femmes et les jeunes. Dans ce sens des projets ont été formulés de concert avec les communautés de ses zones d’intervention pour atteindre les objectifs fixés APIL et ESF, partenaires sur le projet « La voie lactée des femmes de l’Oubritenga » L’un de ces projets a vu le jour grâce au partenariat avec Elevages sans frontières (ESF), organisation qui se mobilise depuis 2001 pour la sécurité alimentaire et l’autonomie des familles paysannes, notamment en Afrique. Nous avons ensemble travaillé à ce que le projet dénommé « La Voie lactée des femmes de l’Oubritenga » voit le jour. Débuté en octobre 2020, le projet vise à appuyer le développement d’une filière locale, durable et inclusive dans la province de l’Oubritenga tout en renforçant le rôle des femmes et leurs compétences dans cette filière stratégique. Pour cela quatre axes sont mis en avant et se résument à l’amélioration de la production laitière et de la résilience des systèmes d’élevage ; l’expérimentation de l’élevage caprin laitier conduit par des femmes ; le développement d’un circuit court, juste et équitable pour une offre en produits laitiers de qualité ; la promotion des produits issus de la filière laitière locale auprès des consommateurs. Ziniaré et Zitenga sont les communes dans lesquelles le projet touchera 150 bénéficiaires directs. Les activités menées à ce jour En termes d’activités menées à ce jour, on comptabilise le ciblage des bénéficiaires, l’expérimentation du maralfalfa et deux séances de formation sur les pratiques d’élevage améliorées. Le ciblage des bénéficiaires Le ciblage a constitué une activité phare pour le projet et nous avons mobilisé six animateurs et techniciens du domaine à cet effet tout en adoptant une approche participative qui a permis l’ancrage du projet auprès des communautés, des autorités administratives et locales. L’outil de collecte de données a fait l’objet de test avant l’opération du ciblage pour s’assurer de son adéquation avec le travail à faire. Après quoi nous avons pu parcourir douze villages des communes d’intervention pour toucher 750 ménages d’agropasteurs. Les critères de sélection ont concerné l’appartenance à un village d’agropasteurs, la possession de vache laitière dans un ménage, l’exercice de l’activité de la traite de lait de vache ou de chèvre, le potentiel de production avéré et la volonté d’intensification d’activités d’élevage et d’agriculture, la disponibilité aux différentes formations prévues par le projet, l’approbation pour son apport financier à déterminer selon les services à fournir, l’acceptation d’intégration systématique de la protection de l’environnement de ses pratiques et l’appartenance à un village ayant accueilli et intégré les personnes déplacées dans leurs activités. Pour ce ciblage la difficulté majeure a été de trouver des femmes propriétaires de gros ruminants parce que dans les ménages ruraux les bovins appartiennent aux hommes bien que la charge d’en prendre soin incombe aux femmes et aux enfants. Ce constat amer nous a mené à tenir des séances d’échange dans les six villages identifiés pour leur faire comprendre la philosophie du projet. Suite à cela, nous avons pu constituer la liste des 150 éleveuses qui vont porter le projet au profit de leurs familles. Les formations sur les pratiques d’élevage améliorées Quant aux formations à réaliser, nous avons tenu une rencontre d’échanges avec les agropasteurs ciblés pour recenser les différentes pratiques agropastorales menées par les bénéficiaires afin de définir des systèmes d’élevage bovin et caprin, respectueuses de l’environnement et plus rentables économiquement. Pour l’instant nous avons pu réaliser deux formations sur les pratiques d’élevage rationnel, l’une portant sur l’habitat et l’équipement adaptés, l’autre sur l’alimentation et la sélection des animaux. Le principe de cette formation est que le participant est un représentant du village bénéficiaire, qui de retour, pourra former le reste du groupe qui n’a pas pris part à la formation. L’expérimentation du marafalfa Une autre activité du projet qui est en suivi dans notre centre agroécologique de Bissiga, est l’expérimentation du maralfalfa dans l’optique de vulgarisation auprès des bénéficiaires. Nous voulons d’abord maitriser l’itinéraire technique de production de cette nouvelle culture fourragère avant d’aller à l’échelle. Tout ce travail se fait en collaboration avec le partenaire Elevages sans frontières avec qui nous tenons périodiquement des séances de travail pour mieux recadrer nos approches d’intervention et nous approprier convenablement des outils de suivi du projet.

Témoignage président du Champ Ecole Agriculteur à Kantindi et éleveur de pintades

Témoignage de Kampatine Toulimba Président du Champ Ecole Agriculteur de Kantindi centre et éleveur engraisseur de pintades Je m’appelle Kampatine Toulimba, j’ai 35 ans. J’habite dans la préfecture de Tône, canton de Kantindi et dans le village de Kantindi centre. Je suis marié et responsable d’une famille de huit enfants. Je suis président et membre d’un Champ Ecole Agriculteur (CEA) et éleveur engraisseur de pintades dans le cadre du projet « Or gris des Savanes« . Je me suis lancé dans cette activité d’élevage de pintades qui intègre des activités agro-écologiques parce qu’ici le sol devient de plus en plus pauvre à cause de l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides et nous ne récoltons plus comme le temps de nos grands-parents. A cause des effets du changement climatique, et vu que nous sommes nombreux, nous nous sommes dit qu’il serait bénéfique de planter assez les arbres pour faire venir la pluie et mieux cultiver. Avant la connaissance des pratiques agro-écologiques nous avons trop souffert de l’érosion et de la médiocrité des récoltes sur nos parcelles » Toulimba dans le CEA, devant un plant d’acacia Les bénéfices du Champ Ecole Agriculteur Les grandes activités que nous avons menées dans notre CEA avec l’appui des ONG OREPSA et Elevages sans frontières consistent en la mise en place des ouvrages anti-érosifs (les diguettes enherbées ont rendu certaines parties des CEA qui préalablement étaient inexploitables, cultivables aujourd’hui) et le reboisement dans notre CEA de 180 plants. Pour le moment, les arbres plantés sont jeunes et leurs racines ne permettent pas encore la stabilisation du sol. Il en est de même pour les feuillages de ces jeunes arbres qui ne peuvent pas encore assurer la protection et concourir au compostage. Mais ça viendra avec le temps. C’est pourquoi nous entretenons et protégeons ces jeunes plants afin d’en bénéficier d’ici deux ans de leurs bienfaits. OREPSA et ESF nous ont appuyés par subvention en semences certifiées et nous ont formés sur les itinéraires techniques de production des cultures vivrières qui entrent dans l’alimentation de la pintade (maïs, soja, sorgho), sur les techniques améliorées de compostage. Ceci tout en nous équipant en matériels de travail sur les diguettes et la mise en place des cordons pierreux. Pendant et après ces appuis, nous avons acquis des connaissances pour protéger nos champs contre le ruissellement qui dénude les sols en emportant la couche arable. Les parties érodées des CEA connaissent une stabilisation des terres arables et de la matière organique bloqués par les diguettes. Actuellement, nous produisons le compost en nous servant des fientes des volailles, déjections des ruminants ou encore les résidus des récoltes que nous épandons dans nos champs respectifs en réplication de ce que nous avons appris et appliqué en groupe dans notre Champs école agriculteur. Cela nous permet d’augmenter sensiblement nos rendements en réduisant l’apport des engrais chimiques. Il y a une nette différence des rendements des CEA et d’autres parcelles où les techniques agro-écologiques ne sont pas appliquées. Nos produits du champ école (soja, sorgho, maïs) sont utilisés dans la composition de la provende (mélange d’aliments destiné au bétail), et à la longue, notre élevage bénéficiera de l’ombrage des arbres plantés en saison sèche. Bref, nos activités du champ école se déroulent bien. Je travaille avec les autres membres même si certains hésitent encore sur les avantages/acquis de ce que nous apprenons dans le CEA. Il faudra de la patience. A l’avenir, nous solliciterons OREPSA et ESF pour qu’ils puissent renforcer le suivi des activités auprès de tous les autres membres, voire tout le village, en les appuyant dans le reboisement, la mise en place des ouvrages anti-érosifs et la fabrication du compost en vue d’améliorer notre production agricole. Enfin, au nom de tous les membres de notre CEA et en mon nom propre, nous remercions les bailleurs de fonds qui ont financé le projet « Or Gris des Savanes » et aussi ceux qui nous appui dans nos activités de CEA et d’élevage de pintades. J’encourage aussi la population de mon village à venir voir et appliquer les techniques que nous apprenons dans notre CEA en vue d’accroitre nos rendements agricoles et contribuer à la lutte contre les irrégularités de pluies. Toulimba et sa famille dans son élevage de poulets et pintades Projet financé par : nos donateurs, l’Agence Française du Développement, la fondation Michelham, le CFSI et la fondation Anber.