Au coeur du terrain : « Une seule santé », comment agir concrètement ?

LE SAVIEZ-VOUS ? 75 % des maladies infectieuses humaines émergentes ont une origine animale. _Organisation mondiale de la santé animale Ces maladies, transmises des animaux à l’homme sont appelées zoonoses : il en existe plus de 200 types connus (OMS). Cette transmission peut se faire lors d’un contact direct entre un animal et un être humain, en consommant des aliments contaminés (viande, lait, etc.), ou encore par la présence d’un environnement contaminé (eau, sol, air). Selon l’organisation mondiale de la santé animale, l’approche « une seule santé¹ » résume un concept connu depuis plus d’un siècle, à savoir que la santé humaine, la santé animale et la santé végétale sont interdépendantes et liées à celle des écosystèmes dans lesquels elles existent. Dans un contexte où de nouvelles maladies humaines apparaissant chaque année dans le monde sont en partie d’origine animale, Elevages sans frontières a décidé depuis plusieurs années d’agir pour l’intégration de l’approche « une seule santé » dans son action. Pour les pays dits « à faible et moyen revenus » où nous intervenons, l’élevage contribue à la subsistance et à l’alimentation des populations rurales vulnérables. Il est donc crucial de protéger et de sécuriser leur avenir en protégeant leurs animaux et les écosystèmes où ils vivent afin de préserver la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire sur ces territoires. Comment Elevages sans frontières et ses partenaires intègrent cette approche sur le terrain ? En contribuant au développement d’élevages sains et viables Les maladies animales peuvent impacter la santé et les maladies humaines, celle des animaux domestiques et sauvages. Selon les études récentes², plus de la moitié des agents pathogènes causant des maladies humaines sont d’origine animale et contribuent au développement de maladies infectieuses. De plus, les principaux facteurs causant de lourdes pertes dans les élevages et menaçant les revenus des éleveur·euse.s soutenus par nos projets sont dus aux maladies animales et à l’absence de services vétérinaires. En s’alliant à des acteurs experts de la santé animale et des services vétérinaires privés et publics pour sensibiliser et former les éleveur·euses·s aux bonnes pratiques, nous agissons pour la bonne santé des animaux et l’amélioration des conditions d’élevage. Au Togo dans la région des Savanes, la santé et le bien être animal des élevages de pintades sont garantis par l’apport de savoir-faire, de moyens matériels et la mise en place de services vétérinaires de proximité. L’objectif est d’améliorer au quotidien la conduite des animaux et les infrastructures d’élevage et ainsi de diminuer les maladies animales impactant la productivité des activités économiques des éleveur·euses. En contribuant au développement d’élevages sains et viables La perte de biodiversité et l’intensification des activités humaines font partie des causes de l’émergence de nouvelles maladies : l’élevage industriel, la consommation de viande de brousse ou la déforestation non contrôlée augmentent les risques d’apparition et de diffusion de zoonoses. Pour lutter contre ces dérives et pratiques dévastatrices, nous soutenons le développement de systèmes agricoles intégrés et mobilisons des moyens techniques et financiers pour accompagner la transition agroécologique dans les exploitations agricoles accompagnées. En Haïti, les jeunes éleveur·euse·s de la commune de Belladère apprennent, via les rencontres des « écoles paysannes », à améliorer la santé de leurs sols en produisant des engrais verts à la place des intrants chimiques, à associer cultures fourragères et cultures vivrières et à développer plus de complémentarités culture-élevage. Un ensemble de pratiques et connaissances qui leur permet d’augmenter la production en lait de leurs vaches, les revenus issus de leur élevage et les détournent de la production de charbon de bois néfaste pour leur environnement. En encourageant la valorisation et la commercialisation de produits animaux de qualité Plus de 70 %³ de protéines animales supplémentaires seront nécessaires pour nourrir le monde d’ici à 2050. Leur consommation en milieu rural et urbain est trop faible dans les pays où nous intervenons, particulièrement pour les femmes et les enfants. Pour subvenir aux besoins nutritionnels et alimentaires de leur population, ces pays sont de plus en plus dépendants d’importations en produits animaux de piètre qualité issus d’activités agroindustrielles fortement carbonées. Les acteurs des filières animales quant à eux peinent à développer leur offre de produits. Le manque de moyens techniques et financiers et l’absence de services de contrôle limitent leurs capacités à développer une transformation et un conditionnement assurant la sécurité, l’hygiène et la salubrité des produits. En contribuant à la diversification de l’offre locale de produits animaux en circuits courts et à l’amélioration des conditions de transformation, ESF favorise l’accès à des produits sains et de qualité pour tous. Au Burkina Faso à Ziniaré, les femmes de l’Oubritenga sont impliquées dans la collecte et la transformation du lait grâce à une laiterie en création. Pour garantir la sécurité sanitaire et la qualité alimentaire des produits laitiers commercialisés, éleveuses, collecteurs et transformateurs sont sensibilisés et formés à la maîtrise des conditions d’hygiène et des bonnes pratiques de transformation. Ainsi par l’échange de savoirs et de savoir-faire promus par et auprès de l’ensemble des acteurs des chaines de valeur de l’élevage, ESF entend soutenir et diffuser une communauté de pratiques saines, responsables et respectueuses de la santé unique. Thibault Queguiner, Responsable projets ¹ et ² OMSA, Une seule santé – site web, 2023³ FAO, 2011. L’élevage dans le monde en 2011 – Contributionde l’élevage à la sécurité alimentaire

Le retour d’expérience d’un donateur en visite au Togo !

Qui êtes-vous ? Depuis quand soutenez-vous ESF ? Philippe Renou, 66 ans, pisciculteur retraité, ingénieur en agriculture de l’ISAB. Je soutiens occasionnellement Elevages sans frontières depuis quelques années et régulièrement depuis peu. L’approche « Qui reçoit… donne » et la spécificité « agricole » ont attiré mon attention et rendent cette association humanitaire un peu différente des nombreuses autres associations. D’autre part, les appels à dons ne sont pas misérabilistes mais plutôt positifs et enthousiastes. Qu’est-ce qui vous a motivé à nous contacter pour aller découvrir un de nos projets d’intervention ? Le hasard m’envoie au Togo en avril 2023 (mariage d’une cousine) et je me suis souvenu qu’ESF œuvrait là bas. Les témoignages des éleveurs du Togo m’avaient touché dans les comptes rendus d’ESF. J’ai eu très envie de rencontrer ces éleveurs et me suis donc rapproché d’ESF France pour savoir si cela serait possible. Pauline Casalegno, Directrice d’ESF, Natalia Dhalluin, Chargée de communication et Marina Njaki, Chargée des relations donateurs, m’ont reçu aimablement au siège de Wasquehal. Après un rappel de l’historique d’ESF, elles m’ont décrit le fonctionnement actuel de l’association, les missions en cours et celles en projet ainsi que les moyens humains et financiers. Elles ont accepté que je puisse me rendre sur place, échanger avec les partenaires ESF Togo ainsi qu’avec des bénéficiaires des aides. Elles souhaitaient vivement un petit compte rendu de mon séjour et de mes rencontres au Togo. Qui avez-vous rencontré sur place au Togo ? Non sans quelques difficultés pratiques liés au Togo (pas d’adresse précise, pas de Google Maps…), mais grâce à l’organisation d’ESF France et ESF Togo et à mon nouvel ami togolais Edmond, j’ai eu le plaisir de rencontrer, au siège de l’association à Lomé, Sylvie Tchacolow-Tagba, Directrice, Moyeme Foyeme, Assistante et Abalo Alfado, Animateur technicien d’ESFT. Les échanges ont été sympathiques et très enrichissants. Où êtes-vous allé ? Sur quel projet ? Mes interlocuteurs m’ont confirmé qu’il n’était pas prudent de se rendre sur le lieu du projet Or Gris des Savanes (au Nord du Togo), étant donné la proximité avec le Burkina Faso et le climat politique… De plus, c’était compliqué compte tenu du temps de trajet… J’étais donc invité à découvrir le projet Du Champ à l’Assiette à environ 1h de la capitale. Accompagné d’Abalo et Edmond, avec un véhicule gentiment prêté par une connaissance sur place, je me suis rendu dans le secteur de Nyegbé. Les routes et la conduite sont un peu différentes de ce qu’on connait en France… Terminant par quelques kilomètres de chemin à peine praticable, nous sommes arrivés au lieu de rendez-vous. Abalo avait parfaitement organisé la rencontre avec les adhérents (bénéficiaires) de la coopérative Tarkpare qui nous attendaient. Des échanges eurent rapidement et facilement lieu avec, le plus souvent, l’aide des interprètes Edmond et Abalo ! Toutes les personnes rencontrées ne parlaient pas le français (mais le comprenaient en général). Puis visites de 2 élevages de chèvres associés à des élevages de poulets et moutons sans compter les cultures avoisinantes de ces petites exploitations. Est-ce qu’il y a une différence entre ce que vous avez vu et ce que vous imaginiez ? Je n’imaginais pas grand-chose avant de me rendre sur place, mais j’étais incapable d’imaginer les conditions de vie des paysans togolais : des ressources financières quasi-nulles, des conditions de vie très dures (ni eau courante, ni électricité, des logements réduits au strict minimum, un travail très dur physiquement…) et , malgré cela, de l’optimisme, de l’enthousiasme, la foi en des jours meilleurs… L’entraide entre eux m’a marqué, le conseiller-technicien semble très proche des éleveurs. J’ai également échangé rapidement avec des adolescents, fils d’une éleveuse, en formation professionnelle (électricité, maçonnerie) : leur détermination à se sortir de leur situation tout en souhaitant poursuivre leur activité d’élevage et aider leur mère m’ont interpellé. Qu’est-ce qui vous a marqué durant cette visite ? Qu’avez-vous retenu ? J’ai réalisé que : Quelques dizaines d’euros pour chacun d’eux était énorme, La priorité des personnes rencontrées était de pouvoir scolariser leurs enfants, Quelques chèvres représentent un capital assurance-vie ; en cas de grave problème de santé, vendre une chèvre donnera les moyens financiers de se rendre chez le médecin ! Ces éleveurs (éleveuses en majorité) sont des personnes admirables, courageuses, intelligentes, pleines de bon sens, positives… J’ai eu honte de leur reconnaissance à mon égard tant elles sont bien plus méritantes que moi. Avez-vous quelque chose à ajouter ? Il est étonnant que la vie soit si dure au Togo, tant pour les « citadins » que pour les « villageois » ; j’ai vu des paysages luxuriants, des terres fertiles, le grand port de Lomé, des gens tellement gentils et généreux… J’ai très envie de mieux connaitre ce pays et ses habitants. ESF a déjà permis de réaliser beaucoup de choses au Togo. Leur communication et argumentaires sont parfaitement fidèles à la réalité ! De très nombreuses personnes m’ont touché, je souhaite les revoir en espérant que leur situation se sera un peu améliorée et je souhaite y contribuer. Philippe Renou

Zahra accompagne les éleveuses sur le volet environnement au Maroc

Zahra Jamil, animatrice sur la thématique environnement du projet « Envol des femmes » au Maroc nous partage son expérience Mon nom est Zahra JAMIL, j’ai 27 ans, je viens d’un petit village appelé “Tassaouant” à côté d’Agdez, au Sud de Ouarzazate. Je suis mariée. J’ai fait une formation agricole et eu mon diplôme de technicienne spécialisée en commercialisation des intrants agricoles en 2018. Je travaille avec l’association ROSA depuis juillet 2019. Je suis animatrice et responsable sur la thématique environnement pour le projet « Envol des Femmes« . A travers les visites régulières sur le terrain, je constate l’impact positif et significatif du projet sur les femmes, notamment sur leurs connaissances en élevage et en agroécologie. Aussi, elles gagnent en confiance, leurs prises de parole et de décisions dans les groupes et réunions sont plus aisées, de même au sein de leur foyer, avec leurs familles. Ce que j’apprécie dans ce travail c’est d’être au contact de la terre et des animaux, suivre les brebis et les chèvres. La routine n’a pas sa place avec les femmes que j’accompagne dans les champs. La richesse des partages rend ma fonction enrichissante. J’aime faire des sessions de mise en pratique avec les femmes à travers des activités environnementales, notamment la fabrication d’un bon compost/fumier qui va nous aider à suivre notre culture de la fourche à la fourchette. C’est concret ! Parmi les choses qui pourraient être améliorées dans le projet, je dirais qu’il serait intéressant d’ouvrir les connaissances de l’équipe à d’autres thématiques. Pour moi, l’équipe Rosa devrait animer des formations en entrepreneuriat/gouvernance, en développement personnel, etc. Je souhaite pour ce projet la pérennisation des activités d’élevage pour les femmes afin qu’elles continuent de bénéficier de leurs propres revenus. Je sens vraiment le changement qu’apporte ce projet aux femmes sur le volet économique spécifiquement. Cela aide clairement à l’autonomisation des femmes. Merci ROSA et ESF de me permettre de vivre cette expérience unique et de faire confiance en mes compétences. Zahra Jamil

Une femme, une éleveuse, une entrepreneuse !

Mariam Diallo, bénéficiaire du projet « La Voie Lactée des femmes de l’Oubritenga » partage son expérience sur le projet. Barkoundouba est un village peulh de la commune de Ziniaré située dans la région du Plateau Central au Burkina Faso. Situé à 15 km du chef-lieu de la commune, Barkoundouba signifie « la terre des hommes dignes et valeureux ». Là-bas nous avons rencontré Mariam Diallo, 36 ans, et son mari. Mariée et mère de 5 enfants (2 garçons et 3 filles), Mariam a pour activité principale l’élevage de bovins et la vente de lait de vache. Elle est membre du groupement Djam-naati qui existe depuis 2016 et rassemble 70 femmes. Mariam fournit du lait de vache, pour approvisionner les femmes de son village engagées dans la transformation et la vente : « Il y a 12 ans, grâce à mon adhésion au groupement, j’ai pu bénéficier d’une formation sur la transformation du lait : j’ai appris à faire la pasteurisation du lait et la transformation en yahourt. Avec le projet « la Voie lactée des femmes de l’Oubritenga », j’ai pu renforcer mes capacités sur la gestion de mon élevage. Je pratiquais l’élevage avant mais il y avait pas mal de paramètres qui m’échappaient comme le rationnement des animaux, la fauche, la conservation du fourrage et les avantages de l’étable pour ses vaches. Ce paquet de savoirs vient galvaniser mon activité et je suis sûre que cette activité m’apportera des économies durables dans l’avenir. Je n’avais pas de projet de construction de hangar étable car je n’avais pas les ressources financières pour, mais aussi parce que je ne connaissais pas les avantages d’un tel aménagement. Le projet m’a permis de construire mon étable avec l’appui de mon mari qui me soutient depuis le début du projet. » Son mari complète : « J’apprécie le soutien apporté aux femmes du village pour améliorer les conditions de vie des ménages. C’est moi qui ai mobilisé les agrégats (sable et graviers), trouvé le maçon et qui ai suivi les travaux. Je n’hésitais pas à interpeler le maçon lorsqu’il ne respectait pas ses engagements. J’ai aussi ajouté 30 000 FCFA pour la réalisation des travaux. » Mariam poursuit : « J’ai vraiment des difficultés pour l’alimentation de mes deux vaches. Le son de maïs et les tourteaux sont chers et ne sont pas disponibles à proximité. Or, j’ai bien compris que la production laitière est fonction de l’alimentation donnée à mes vaches. Une vache peut produire 1 à 4 litres de lait en période hivernale. Elle pourrait produire autant en saison sèche si une attention particulière est accordée à l’alimentation. Mais la saison sèche coûte cher en alimentation des vaches. Je vois un avenir meilleur : j’ai été formée, j’ai pu construire une étable. Il me reste à améliorer mes équipements et renforcer mon cheptel laitier pour mieux produire. Je suis confiante pour la vente du lait qui sera facilité avec la laiterie. »

« Parions l’Égalité » avec les Femmes de « la Voie Lactée de l’Oubritenga »

Au Burkina Faso, les éleveurs laitiers doivent faire face à une concurrence déloyale avec l’importation croissante de poudre de lait réengraissée avec de l’huile de palme, organisée par des multinationales européennes qui profitent de ce produit d’importation abondant et bon marché. Deux à trois fois moins cher, cette poudre de lait importée concurrence durement le lait local. La production locale ne couvre pas tous les besoins : 72% pour le Burkina Faso (en 2015). Ce qui est honorable pour le pays par rapport à d’autres pays de la sous-région. Mais la quantité de lait local valorisé demeure encore faible. Les zones de production sont éloignées et la production demeure très saisonnière car l’alimentation des animaux reste difficile en saison sèche. Il est par ailleurs plus facile de conserver et de transformer du lait en poudre que du lait local pour lequel les exigences en termes de maintien de l’hygiène et de la chaine du froid sont indispensables. Pourtant le potentiel est là et l’élevage constitue un levier pour combattre la pauvreté notamment celle des éleveurs burkinabè, et fournir des produits locaux de qualité aux habitants du Burkina Faso. L’élevage fait vivre, génère des revenus et contribue à la sécurité et à la souveraineté alimentaires du pays. Les femmes sont très impliquées dans les activités d’entretien du bétail, de traite, de transformation et de commercialisation du lait ; et ce malgré les inégalités d’accès à des biens, des services ou des sphères de décision occasionnées par la société encore très patriarcales dans laquelle elles évoluent. Par ailleurs, elles sont cantonnées à certaines sphères et une bonne part de leur investissement demeure invisible et soumis à des violences économiques, psychologiques, physiques ou sexuelles. Ces potentiels ont donc du mal à s’exprimer pleinement d’autant plus que le Burkina Faso doit se montrer résilient face à la situation économique (inflation), sécuritaire (terrorisme) et climatique (réchauffement) à laquelle il fait face. En 2015, la Cedeao a lancé une « offensive lait » avec notamment une campagne « Mon lait est local » dans 6 pays dont le Burkina Faso. ESF et ses partenaires APIL et Batik International soutiennent ce plaidoyer et y contribuent à travers les activités des projets « La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga » et « Parions l’Egalité », à savoir : L’amélioration des capacités et des moyens des ménages d’éleveurs pour la production, la collecte, la transformation et la commercialisation du lait local. Le renforcement de l’organisation des femmes et de leurs connaissances en matière de droits. Une sensibilisation des communautés rurales et urbaines à travers la promotion d’une culture d’égalité. Découvrez les avancées de notre action sur ces trois volets : Des animaux, des formations et une unité laitière pour plus de produits laitiers locaux Avril 2023 : 28 vaches laitières ont été octroyées à 28 éleveuses préalablement formées aux itinéraires de production pour un meilleur entretien des animaux sur le plan de l’habitat, de l’alimentation, de la santé et de la conduite. L’unité laitière « La Voie Lactée » a été terminée et équipée et ses trois transformatrices ont été formées par APIL aux techniques d’entretien des locaux et des équipements, à la pasteurisation et à la confection de yahourt et de gapal. Ce sont elles qui réceptionneront et valoriseront le lait trait par les ménages d’éleveurs de la zone d’intervention et apporté par les 15 collecteurs formés (par APIL aussi) dans le cadre du projet. Un réseau de femmes relais pour renforcer les connaissances en matière de droits des femmes Février – Mars 2023 : 12 femmes de 6 villages ont été formées par une experte en droits humains sur les droits spécifiques des femmes, le leadership féminin et le plaidoyer. La formation a été restituée dans les villages avec l’appui de l’experte et d’APIL. Les chefs coutumiers présents lors de la restitution ont reconnu ces droits ainsi que le déploiement et le mandat de ces femmes relais qui seront motrices dans l’émergence et le portage d’un plaidoyer féminin dans les groupes féminins et dans les cadres de concertations villageois, communaux et provinciaux. A travers ces formations, les connaissances et les capacités endogènes sont renforcées : les savoirs des femmes sont augmentés ; des femmes leaders sont confortées dans leurs rôles ; de nouvelles sont identifiées et prennent confiance en elles ; un plaidoyer s’organise pour surmonter les contraintes locales. Du théâtre et du dessin pour sensibiliser les communautés sur les bienfaits d’une égalité de genre Mars – Avril 2023 : la troupe de théâtre Bassy de Ziniaré a élaboré une saynète théâtrale pour informer et sensibiliser sur la nécessité de maintenir de bonnes conditions d’élevage et de préserver les droits des jeunes filles et des femmes comme l’accès à la formation, la participation à la prise de décision, l’accès à la propriété, la protection face au mariage forcé ou précoce. La pièce fait aussi la promotion des bienfaits du lait de chèvre encore faiblement valorisé au Burkina Faso. Elle sera jouée dans les 6 villages d’intervention du projet courant – juin et en 2024 et sera améliorée au fur et à mesure des représentations et des messages que souhaitent véhiculer les éleveuses. A côté de cela, des dessins présentant les violences et les inégalités entre hommes et femmes ont été réalisées par l’artiste Main2DIEU, lors d’une session de formation dédiée à l’égalité de genre et organisée par Batik International. Les 60 dessins ont été valorisés dans le cadre d’une exposition lancée à Ouagadougou et sera itinérante au Burkina FASO et au-delà pour contribuer au développement de cette culture d’égalité. A bientôt pour d’autres nouvelles des projets « Voie Lactée » et « Parions l’Egalité » ! Sylvain Gomez, Responsable projets

Zambie : émergence d’une filière laitière à Itezhi-Tezhi

En Zambie, seulement 15% de la production laitière s’insère dans le circuit commercial formel. L’essentiel du lait, les 85% restants, est auto-consommé frais, fermenté ou vendu localement au sein des communautés. Ce constat est le même dans la chefferie de Musungwa : les éleveurs éprouvent des difficultés à vendre leur lait et la consommation familiale et locale ne parvient pas à absorber le potentiel de production laitière, particulièrement en saison des pluies. La commercialisation du lait reste malgré tout une priorité pour les éleveurs. Les opportunités de développement de cette filière lait locale semblent nombreuses : cheptels en grand nombre sous-valorisation du potentiel de production des vaches laitières présence de cadres de concertation locaux, d’organisations d’éleveurs et d’interprofessions dynamisme du secteur de la transformation à l’échelle nationale présence et consommation de produits laitiers au sein des communautés et dans la ville d’Itezhi-Tezhi située à 30 km des villages augmentation des débouchés du fait de la croissance démographique et de l’urbanisation Une filière lait local à construire Les éleveurs de la chefferie Musungwa rencontrent de nombreux freins au développement du marché du lait local malgré un potentiel laitier relativement élevé : Frein de production : saisonnalité de la production laitière – faible en saison sèche (de mai à novembre) et élevée en saison des pluies (de décembre à avril) mortalité des troupeaux liée aux attaques de lions, maladies infectieuses et mauvaise gestion du pâturage conduisant à une mauvaise alimentation Frein de collecte : voies de communication inondées en saison des pluies troupeaux reculés en saison sèche Frein de transformation : peu d’intérêt des acteurs majeurs de la transformation pour la zone car très enclavée marché local à faible potentiel A la demande des bénéficiaires, un projet de développement et soutien de la filière lait bovin local a été mis à l’étude. L’implantation d’une micro-laiterie peut-elle être faisable et viable à Itezhi-Tezhi ? Depuis août 2022, une étude de faisabilité technique, économique et financière de la création et la mise en exploitation d’une unité de transformation du lait local à Itezhi-Tezhi a débuté. Ce travail d’analyse doit permettre de confirmer le potentiel laitier. Il doit aussi préciser les conditions de faisabilité et de viabilité d’une mini-laiterie. Cette étude contribuera à la structuration d’une chaine de valeur lait local durable. Cela permettra aux éleveurs de valoriser leur production et d’améliorer leurs revenus. Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivants : Dimensionner et structurer le système de collecte en fonction des zones de production et disponibilité saisonnière du lait Définir les processus de fabrication, technologiques et les équipements nécessaires à la collecte, transformation du lait et au conditionnement des produits laitiers Proposer un « modèle socio-économique » viable et rémunérateur pour les éleveurs, et préciser la forme juridique adaptée à l’exploitation et gestion de l’unité de production Déterminer les coûts relatifs à la collecte, production, commercialisation des produits et à la gestion de l’activité, les résultats prévisionnels d’exploitation, ainsi que le plan de financement du projet d’installation de la laiterie Fixer les stratégies de marketing et commercialisation à adopter pour une distribution et positionnement des produits sur le marché régional et national Quel est le potentiel laitier dans cette zone ? Le potentiel de production de lait a été déterminé en soumettant des questionnaires aux éleveurs de 6 villages bénéficiaires. Il a alors été défini qu’environ 700L/jour pouvaient être collectés en saison sèche et 2000L/jour en saison des pluies. Ce potentiel laitier a été établi en considérant les éleveurs qui étaient prêts à s’organiser en coopérative afin de faire partie du projet. C’est un potentiel de démarrage qui évoluera au fil des années. Les routes et moyens de collecte ont été étudiés afin d’optimiser au maximum cette étape primordiale. L’inondation des plaines en saison des pluies rend l’accès aux villages difficile. Sachant que le lait cru doit avoir un temps de transport de 2h maximum avant d’être réfrigéré, l’option la plus probable est d’implanter un centre de collecte dans le village principal, à Basanga. Les éleveurs viendront y déposer leur lait quotidiennement. Ce dernier sera réfrigéré dans des tanks à lait. Un camion collecteur passera tous les deux jours en saison sèche et quotidiennement en saison des pluies pour collecter le lait. Le temps de transport est doublé en saison des pluies, un grand détour doit être fait afin d’atteindre Basanga. Néanmoins, il reste à finaliser l’étude de faisabilité pour déterminer le dimensionnement de la laiterie à implanter à Itezhi-Tezhi. Les volumes de lait à collecter seront déterminés par le marché et la demande des consommateurs en produits laitiers. Laura Guido Chargée de mission

Haïti : les écoles paysannes, un dispositif d’éducation informel prometteur pour les jeunes

En Haïti, 65% de la population est rurale et pratique l’élevage familial traditionnel dont l’élevage bovin (environ 700 000 familles). Pourtant le pays est en pénurie de lait, 2ème poste budgétaire d’importation de produits alimentaires après le riz. En effet, la filière laitière haïtienne fait face à de multiples difficultés : le lait est un produit très périssable et doit être transformé pour être conservé plus longtemps alors que le manque de capital et d’infrastructures est important. Les périodes de surproduction et de rareté alternent sur un marché dominé par le lait en poudre importé. A cela s’ajoute les crises socio-économiques (multiplication des gangs partout dans le pays, kidnapping, rareté du carburant, etc.). Le pays vit dans une insécurité alimentaire sans pareil. Cette situation frappe tous les secteurs d’activité en commençant par l’agriculture et l’élevage. Ce dernier rencontre des difficultés pour son développement à cause du manque de soutien technique ; de la faible disponibilité en fourrages, en intrants et infrastructures d’abreuvement ; d’un manque d’accès aux soins vétérinaires, aux crédits et aux connaissances. Ce qui limite grandement la productivité des systèmes d’élevages bovins-laitiers. L’accès au marché des produits laitiers est tout aussi difficile et ce dans un contexte où les produits importés font une forte concurrence aux produits locaux. Or, les activités d’élevage, notamment la production de lait, si elles sont bien conduites peuvent constituer une alternative financière intéressante à certaines activités dégradantes de l’environnement. Pour répondre à ces problématiques, le CEHPAPE(1) en partenariat avec ESF et l’AJDL(2) mettent en œuvre le projet Le Lait de Collines de Lascahobas cofinancé par l’AFD(3). Ce projet vise à améliorer la sécurité alimentaire et les conditions de vie de la jeunesse rurale haïtienne par le développement d’une filière lait local durable. Au cours de ce projet de 3 ans (Octobre 2020-Septembre 2023), les bénéficiaires du projet pourront accéder à une activité économique rémunératrice en lien avec les différents maillons de la filière lait local. Pour y parvenir, le projet LDCL met en œuvre notamment depuis 2 ans une approche de conseil novatrice : « les Ecoles Paysannes ». Qu’est-ce que les Écoles Paysannes (EP) ? Ces sont des rencontres qui facilitent l’échange de savoir-faire entre pairs et l’apport de connaissances sur la gestion et conduite d’élevage bovins-laitiers. Un groupe « école paysanne » est constitué d’une trentaine de personnes. Les participants sont les 400 bénéficiaires du projet issus des différentes localités où le projet intervient. Chaque rencontre entre agro-éleveurs est préparée avec les animateurs EP et l’équipe technique du projet sur une journée. Ce sont les animateurs qui convoquent leurs participants pour une rencontre de 2 à 3 heures pour échanger et acquérir des savoir-faire théoriques et pratiques sur la conduite et la gestion d’un atelier d’élevage bovin laitier. Quels sont les objectifs des Écoles Paysannes ? L’école paysanne comme dispositif d’éducation informelle pour jeunes et adultes a pour principal objectif de : Renforcer les connaissances et les capacités de prise de décision des familles d’agro-éleveurs dans le développement de leurs activités d’élevage Motiver les familles pour qu’elles transmettent leurs connaissances Améliorer les capacités d’organisation des familles d’agro-éleveurs par la formation, l’accès à l’information et aux connaissances des acteurs sur leur territoire Promouvoir une approche d’équité de genre et transgénérationnelle. Quelles sont les modules de formation dispensés ? Les techniciens de l’équipe projet dispensent plusieurs modules de formation pratiques sur la conduite d’élevage bovin-laitier sur les aspects suivants : La préparation de rations alimentaires La gestion des chaleurs et la monte, les mise-bas, le cycle de lactation et des mises bas La traite et l’hygiène La commercialisation du lait La gestion économique. Ce dispositif s’appuie sur la conduite d’expérimentations collectives pour la validation et l’introduction de nouvelles pratiques : L’établissement d’une parcelle fourragère La fenaison et la préparation du fourrage L’établissement de clôtures et haies vives comme banque de fourrage et protéines La production de compost enrichi de fumure animale, la lombriculture, l’ensilage. En plus de ces aspects, l’accent est mis sur l’intégration de l’élevage aux autres cultures de la ferme (agroécologie) et aux contributions de l’élevage à l’amélioration de la nutrition et de la sécurité alimentaire des familles. La présence des Écoles Paysannes dans les localités du projet participe à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes agro-éleveurs. Grâce à elles, ils gèrent mieux leur cheptel bovin et arrivent à dégager davantage de revenus de leur activité. Témoignage d’un animateur en École Paysanne Pollas kesner « Je suis Pollas kesner, l’un des 13 animateurs du groupe Ecole Paysanne qui travaille dans la localité de Loparonne. Mon rôle est d’animer des formations afin d’aider les agro-éleveurs à mieux gérer leurs activités. Le projet Le Lait des Collines de Lascahobas est une opportunité offerte par les trois partenaires (CEHHPAPE, ESF & AJDL). A nous, agro-éleveurs, de saisir cette belle opportunité. J’anime toutes les rencontres sous la supervision de l’équipe technique du projet. Selon moi, le projet apporte beaucoup. Avant, personne n’avait l’habitude de cultiver des fourrages pour les animaux et de recevoir des formations sur des thématiques aussi professionnalisantes. Grâce au projet, nous avons une réserve de fourrages suffisante pour alimenter les animaux et chaque participant est maintenant en mesure de préparer des foins. Je souhaite aujourd’hui que mon groupe deviennent un groupe d’entrepreneurs importants dans la commune en matière de production de fourrages, du compost, de lait pour approvisionner la laiterie et pourquoi pas de bovins laitiers de race pure. Les petites exploitations familiales sont aujourd’hui le moteur de la production animale si l’État dispose de techniciens pour les encadrer. Les agro-éleveurs du pays et spécialement ceux de Belladère devraient être davantage soutenus afin que la filière puisse continuer à se structurer et à se développer ». Thibault Queguiner, Responsable projets (1) AJDL : Action Jeunes pour le Développement Local (2) CEHPAPE : Centre Haïtien pour la Promotion de l’Agriculture et la Protection de l’Environnement (3) AFD : Agence Française de Développement

[Témoignage] Des produits laitiers haïtiens appréciés des locaux

Le projet Le lait des collines de Lascahobas vise à améliorer les conditions de vie de la jeunesse haïtienne par le développement d’une filière lait locale, durable et inclusive, notamment par la mise en place et le développement d’une micro-laiterie. Cette micro-laiterie a pour vocation la collecte auprès des éleveurs bovins soutenus par le projet et la transformation du lait pour une mise en marché en circuit court de bouteilles de lait pasteurisé et aromatisé sous la marque Lèt Agogo. Historiquement les produits laitiers de la marque Lèt Agogo étaient vendus à la capitale et dans d’autres régions. Depuis 2017, une micro laiterie a été implantée dans la zone de Belladère (Région du Centre Ouest d’Haïti). Badin, fidèle consommatrice des produits Let Agogo, nous livre son témoignage : « Je m’appelle Badin, originaire de Pernal, dans la commune de Belladère. Je suis âgée de 24 ans. J’ai commencé à consommer les produits Lèt Agogo en 2013 car j’étais dans la Capitale à l’époque et la maison où j’étais hébergée était très proche d’une laiterie. Régulièrement, j’allais à la laiterie pour acheter les produits let Agogo, notamment le yaourt. J’aime tellement ces produits. Quand je suis rentrée chez mes parents à Belladère, j’étais heureuse d’apprendre qu’il y avait une laiterie juste à côté de chez eux à Miraud. Les produits let Agogo sont très appréciés ici, ils sont considérés comme des produits de bonne qualité. Quand j’achète un produit Lèt Agogo, j’apporte des vitamines et minéraux à mon corps. De plus, j’encourage les acteurs de la filière et je contribue à l’économie de ma localité en valorisant les produits du terroir au lieu des produits importés. Je trouve que les produits Lèt Agogo sont délicieux et peuvent concurrencer n’importe quels autres produits laitiers importés. En tant que fille d’agro éleveur, je me dois d’encourager la filière bovine. C’est grâce à leur activité d’élevage que mes parents ont réussi à me payer toute ma scolarité. Je leur dois bien ça ! La laiterie de Miraud est l’unique microentreprise de transformation de la commune. J’invite tout le monde à la soutenir. D’autant plus qu’elle est porteuse de débouchés économiques pour les éleveurs, les boutiques/commerçants et pour les jeunes de la commune. J’espère qu’un jour l’entreprise produira également du yaourt, du fromage pour mettre sur le marché afin de diminuer les importations de produits laitiers ». C’est en soutenant le développement de l’élevage familial et la valorisation d’une production laitière locale à Belladère qu’Elevages sans frontières et ses partenaires contribuent à l’essor d’une micro filière lait local. Ainsi, les acteurs de cette petite chaîne de valeur, éleveurs.euses, collecteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs participent à l’économie du territoire et à l’augmentation d’une offre de produits laitiers sains et de qualité, et cela tout en diversifiant les retombées économiques de leurs activités. Thibault Queguiner, Responsable projets

[Témoignages] Des revenus à venir grâce à la vente du lait en Zambie

Boyd et Ducan ont été sélectionnés pour faire partie des futurs bénéficiaires du projet « Des Lions et des Vaches » en Zambie. Ce projet consiste à notamment mettre en place un système de collecte de lait viable et adapté aux conditions du bassin de production permettant aux agropasteurs de vendre leur lait et donc de générer des revenus. Boyd Mukuni, éleveur bovin, village de Basanga « Je m’appelle Boyd Mukuni, j’ai 47 ans et 9 enfants. Je viens du village de Basanga dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis de l’agriculture. J’ai beaucoup d’animaux : des chèvres, des poules, des vaches. Je cultive aussi différentes sortes de cultures : du maïs, du tournesol, des arachides. Grâce à la construction de la mini-laiterie, il va enfin y avoir quelqu’un pour acheter mon lait. Cela signifie que j’aurai une nouvelle source de revenus et que je pourrai survivre ! Mon activité sera plus forte car j’aurais plus d’argent. C’est vraiment un beau projet cette mini-laiterie. Je pourrai également m’assurer que mes animaux soient bien soignés. Grâce au projet, je vais pouvoir apprendre de nouvelles choses : comment garder et protéger mes animaux par exemple. Il faut que l’on soit très sérieux vis-à-vis de ce projet et que l’on travaille ensemble, en tant que communauté. » Duncan Shing’andu, éleveur bovin, village de Basanga « Je m’appelle Duncan Shing’andu, j’ai 44 ans et 6 enfants. Je viens du village de Basanga dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je cultive, j’élève des animaux et je travaille à la clinique de Basanga en tant qu’agent en médecine générale. Trouver de bonnes semences pour nos cultures est très difficile. Tout est très cher ! Je manque aussi de main d’œuvre pour mon activité d’élevage et pour le désherbage. La partie la plus compliquée consiste à nourrir correctement nos animaux pendant la saison sèche. A cette période, il n’y a plus d’herbe ni d’eau. Aujourd’hui, j’ai du lait mais personne pour me l’acheter. Grâce au projet, je pourrai enfin vendre mon lait pour couvrir mes frais et avoir une nouvelle source de revenus. En faisant partie de ce projet, cela me motivera à vraiment bien m’occuper de mes vaches. J’essaierai de mieux les nourrir afin d’avoir du lait de bonne qualité. J’espère que ce projet sera productif. S’il est correctement accepté et bien implémenté, il aidera les communautés ainsi que ma famille. J’acquerrai beaucoup de connaissances et ce sera une très grande opportunité de vendre du lait. Je pourrai subvenir aux besoins de ma famille. »

Maroc : le lancement du marrainage a débuté !

Dans le cadre du projet Envol des femmes, la mise en place d’une activité de marrainage est réalisée. Suite à une première initiative concluante avec le précédent projet Imik S’Imik, le marrainage a été reconduit pour l’ensemble des 102 éleveuses et filleules. Elles seront suivies par 34 marraines. Le marrainage, c’est quoi ? Des femmes expérimentées, appelées marraines, accompagnent donc de jeunes éleveuses, appelées filleules, dans la gestion globale de leur élevage, au côté de l’équipe projet. Pourquoi mettre en place le marrainage ? Il a été constaté dans les villages un manque d’implication des jeunes femmes dans les groupements villageois. Il a été également observé une difficulté de la part des femmes âgées notamment, à accepter l’engagement des plus jeunes dans les groupements et dans l’activité d’élevage. De même, il y a un manque de convictions de la part de l’entourage dans les capacités des jeunes femmes. Enfin, ces dernières ressentent également la peur de l’échec. Face cet ensemble de faits, l’équipe Rosa-ESF a cherché à impliquer les anciennes éleveuses et leur entourage afin d’intégrer plus facilement les jeunes femmes. L’objectif du marrainage C’est de permettre aux femmes nouvellement éleveuses d’être accompagnées non seulement par l’équipe ROSA, mais aussi, par des éleveuses anciennement bénéficiaires, expérimentées et désireuses de partager leurs connaissances apprises. C’est également de permettre une meilleure intégration de ces femmes dans leurs villages. Enfin, la mise en place du marrainage permet la transmission des bonnes pratiques aux autres éleveuses, à la suite du projet, afin qu’elle soit accompagnée par une éleveuse référente et expérimentée en élevage. Faire appel à une femme âgée expérimentée est déjà souvent utilisée dans les villages. L’équipe souhaite donc mettre en avant cette activité et encadrer ce processus pour : mieux accompagner les éleveuses dans leur montée en compétences favoriser le dialogue intergénérationnel favoriser l’intégration des jeunes dans la sphère publique du village permettre davantage de reconnaissance dans les communautés des anciennes éleveuses bénéficiaires. Comment le marrainage s’organise ? Pour aider au bon suivi de proximité des marraines, le choix a été fait de former des groupes à raison d’une marraine pour 3 ou 4 filleules maximum. Des critères ont été définis pour s’assurer du bon fonctionnement et du soutien apporté au sein des groupes, tels que la proximité entre filleules et marraines et la bonne relation initiale. L’expérience acquise dans leur élevage, le souhait de transmettre à des plus jeunes et le maintien des bonnes pratiques enseignées par l’équipe ROSA sur le long terme sont également des critères pris en compte. Pour mettre en place ces groupes marraines-filleules, l’équipe se base sur ses connaissances des villages et des anciennes éleveuses bénéficiaires ainsi que des observations lors des visites terrain. Depuis fin janvier 2023, l’équipe met en place ces groupes marraines-filleules au sein des villages . Et sur le terrain alors ? 1ère étape : les nouvelles et anciennes bénéficiaires se réunissent pour expliquer leur activité et demander aux femmes comment elles font en cas de difficulté dans leurs élevages. Les personnes auxquelles elles font appel sont identifiées. De même les anciennes bénéficiaires présélectionnées et participant à cette réunion sont interrogées sur leurs pratiques et l’intérêt d’encadrer les plus jeunes. 2ème étape : les jeunes éleveuses de chaque groupe se réunissent chez leur marraine pour visiter son élevage. L’occasion de réexpliquer le fonctionnement du groupe. 3ème étape : l’équipe de Rosa suit les visites dans les villages et s’assure du bon accompagnement des marraines et du bon déroulé du groupe. 4ème étape : une réunion annuelle entre l’équipe et les groupes de chaque village est organisée pour s’assurer du bon fonctionnement général et rappeler les enjeux de la collaboration. Je remercie l’association Rosa de m’avoir donné l’opportunité de transmettre l’expérience que j’ai acquise à d’autres éleveuses grâce à leur encadrement et leurs formations. Fadma Hamidi Aline Migault Chargée de mission