[Témoignages] En Zambie, la bonne santé des animaux et des hommes est un enjeu majeur !

Melick et Malambo sont bénéficiaires du projet « Des Lions et des Vaches » en Zambie. Ils ont tous les deux bénéficié du projet communautaire vétérinaire mené par notre partenaire Melindika. Ce projet consiste à mettre en place des services vétérinaires à l’attention des éleveurs des communautés. Des ateliers et campagnes de sensibilisations sont organisés pour garantir la santé des élevages et des hommes. Les assistants en santé animale formés par Melindika sont présents dans la majorité des villages soutenus par le projet pour assurer les soins de base et vaccinations, vendre des produits vétérinaires et former les éleveurs en santé animale. En améliorant la santé des troupeaux, le projet contribue à la sécurisation des moyens d’existence essentiels à la survie des populations de la chefferie Musungwa. @Mélindika Malambo Hamane, assistant en santé animal et éléveur bovin, village d’Ibula Je m’appelle Malambo Hamane, j’ai 35 ans et 2 enfants de 8 et 5 ans. Je viens du village d’Ibula situé dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis de l’agriculture. Depuis plusieurs années maintenant, je suis aussi Assistant en Santé Animale auprès de SOLEWE, pour mon village. L’élevage n’est vraiment pas facile. Le principal challenge concerne les médicaments. Si les animaux ne sont pas bien traités comme, par exemple, un mauvais dosage ou alors un médicament pas adapté, cela conduit à une baisse voire à un échec de production. Rien n’est facile. Le pâturage est aussi très difficile car je n’ai pas de main d’œuvre pour emmener mon troupeau pâturer dans les plaines. Cela rend le pâturage très limité. Et si mes vaches ne mangent pas comme il faut, alors cela a un impact sur la productivité de mon troupeau. Si j’avais plus d’argent, j’achèterai une bonne clôture afin de protéger mes animaux et de pouvoir délimiter l’aire de pâturage. Avoir une bonne clôture est en réalité plus important que d’avoir de la main d’œuvre pour moi. En étant Assistant en Santé Animale, j’ai appris à diagnostiquer, à vacciner, à injecter, à vermifuger. J’ai aussi appris les différentes maladies qui existent et comment les combattre. Mon activité est plus forte à présent car mes animaux sont en bonne santé. Je suis capable de les soigner quand ils en ont besoin. Et un animal en bonne santé est signe que l’élevage se développe bien et que mon activité évolue. La clé de l’agriculture et de l’élevage plus particulièrement, est d’avoir des animaux en bonne santé. Grâce au projet, mon quotidien s’est amélioré et mes revenus ont augmenté. Les fermiers de mon village bénéficient de mon assistance technique vétérinaire. Je les forme, je leur facilite l’accès aux médicaments, ceci afin qu’un maximum d’éleveurs puisse avoir des animaux en bonne santé. @Mélindika Melick Kapoyo, éleveur bovin, village d’Ibula Je m’appelle Melick Kapoyo, j’ai 44 ans et 11 enfants. Je viens du village d’Ibula situé dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis principalement de l’agriculture, j’ai des animaux et des cultures. Je fais aussi de la poterie afin d’avoir d’autres revenus. Mon plus gros challenge est de soigner mes animaux car les médicaments coûtent cher et je n’ai pas énormément d’argent. J’ai 150 vaches à soigner, ça fait beaucoup ! Grâce au projet, j’ai accès à des campagnes de vaccination ainsi qu’à des soins pour protéger contre les tiques. Globalement, je traite mes animaux tout seul. Mais quand c’est trop difficile, j’appelle Malambo, l’Assistant en Santé Animale d’Ibula afin qu’il puisse m’aider. C’est auprès de lui que je me fournis en médicaments. Lui sait me conseiller. Et j’ai appris beaucoup de choses depuis que je fais partie de ce programme. Je peux dire que, grâce au projet, mes animaux sont sains et en bonne santé. Je peux produire plus et élever plus d’animaux.

[ Témoignages ] Burkina Faso : quand l’élevage améliore les conditions de vie d’une veuve et de ses enfants

Barkoundouba, commune de Ziniare, région du Plateau Central, Burkina Faso Une précarité accentuée par un statut de femme, veuve, avec enfants à charge « En 2007, Guidi perd son mari qui lui a laissé à sa charge 6 enfants : 3 filles et 3 garçons. De l’héritage de son défunt mari, elle n’a rien perçu. Elle vivait au dépend de sa belle-famille avec qui les mésententes se sont multipliées et elle s’est vue obligée de s’installer seule avec ses enfants. Nourrir sa famille, scolariser ses enfants, deviennent ainsi un dilemme pour cette mère célibataire. Malgré les rares soutiens ponctuels de son entourage, il lui fallait plus pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle savait s’occuper des vaches comme son mari a pris soin de lui apprendre de son vivant. Et elle a tenté… Guidi s’est donc lancée dans l’élevage. Sensible aux difficultés traversées par la veuve, une bonne âme a volé à son secours en lui octroyant un prêt, avec lequel Guidi a acheté une vache laitière. Elle a pu gagner un peu d’argent avec la vente du lait. Non sans effort : en l’absence de moyen de déplacement, elle marchait plus de dix kilomètres jusqu’au marché de Ziniaré pour vendre son lait. Guidi a pu rembourser ce premier prêt avec ses économies mais aussi avec la vente de l’animal… Elle entame par la suite des démarches pour obtenir un nouveau prêt et une nouvelle vache. Face à sa situation sociale et au regard de sa détermination, elle a été sélectionnée par le projet « la Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga« . Elle témoigne sur les changements apportés par le projet dans sa vie et sa famille, accompagnée d’une de ses filles, Rasmata, nouvelle bachelière orientée en linguistique à l’Université de Koudougou. » Un renforcement des capacités bénéfique : la parole à la bénéficiaire « Je suis Guidi BARRY et j’ai la cinquantaine. Grâce au projet, ma vie a changé et je garde l’espoir que demain sera meilleur. Le projet m’a permis de voir l’élevage différemment. Un élevage avec plus d’expérience peut faire de toi une femme épanouie. A présent, je connais les différentes races de vaches et de chèvres et ainsi je peux orienter mon élevage. Mes capacités ont été renforcées sur l’alimentation des animaux. Je sais que pour obtenir un lait de qualité il me faut bien nourrir mes animaux, respecter des règles d’hygiènes et faire suivre la santé de mes animaux par un vétérinaire. Il faut être rigoureuse dans ses pratiques pour avoir de l’argent. Avec les formations en marketing que j’ai reçues, je vais à la recherche de clients. En juillet, j’ai reçu du niébé fourrager que j’ai semé. C’est la première fois que je fais cette culture. J’ai aussi reçu un bouc et deux chèvres. Ces animaux représentent beaucoup pour moi ; c’est pourquoi je leur apporte les plus grands soins. » « Une maman plus forte c’est rassurant et motivant » : témoignage de la fille de la bénéficiaire « Je suis Rasmata BARRY, fille de Guidi BARRY. Depuis que mon père n’est plus, c’est maman qui est notre papa. Elle a toujours fait de son mieux pour nous mettre quelque chose sous la dent tous les jours. Depuis qu’elle participe au projet, Maman est plus engagée dans ses activités d’élevage. Auparavant elle ne faisait pas recours aux services vétérinaires. J’ai été très heureuse de la voir revenir à la maison avec un bouc et deux chèvres. Elle est aux petits soins avec ses animaux. C’est avec l’élevage que notre mère subvient à nos besoins. Ma mère représente tout pour moi et j’ai conscience que je dois la rendre fier et la remercier de tout son soutien. »

[ Témoignage ] Burkina Faso : une nouvelle pratique culturale intégrée à l’élevage

Témoignage d’Adama Diallo, éleveuse à Monemtenga – Commune de Ziniare « Je m’appelle Adama Diallo. Je suis arrivée dans le village de Monemtenga suite à mon mariage. Chez nous les peulhs, nous avons un lien très fort avec les animaux d’élevage. L’élevage est une de mes passions d’enfance. J’ai eu la chance de faire partie des bénéficiaires du projet « La Voie lactée des femmes de l’Oubritenga« . C’est un projet qui me tient à cœur car il permettra aux femmes d’atteindre une autonomie financière qui renforcera les économies de leur ménage. Au-delà des formations en élevage, nous avons reçu des chèvres et des semences de niébé fourrager : une première pour nous, femmes peulhs dont la communauté n’a pas pour habitude d’en cultiver, contrairement à la communauté mossi. Nous avons récolté notre propre haricot et cette année nous n’allons pas en acheter. Cultiver le niébé est moins compliqué que nous le pensions. Désormais, nous le cultiverons pour ses graines et pour le fourrage qu’il procure à nos animaux. Cela nous mettra, eux et nous, à l’abri de la faim. C’est un bel apprentissage pour moi et ma famille. »

[ Témoignages ] Bénin : des éleveurs et éleveuses améliorent leurs revenus

Béatrice, Archille et Brigitte sont tous bénéficiaires du projet « Filières vertes » au Bénin. Grâce à l’amélioration de leurs pratiques d’élevage et à une meilleure gestion de leur activité, les éleveurs et éleveuses augmentent leur production et dégagent davantage de revenus. Ils peuvent ainsi mieux se nourrir et améliorer leurs conditions de vie. Béatrice AGASSAOU, 45 ans, éléveuse de poules et de porcs « Je m’appelle AGASSAOU Béatrice. Béninoise, je suis éleveuse à Ouémè Dokon, un village situé dans la commune d’Abomey [Département du Zou]. J’ai 45 ans et je suis mère de 6 enfants dont 3 garçons et 3 filles. Je vis avec mon mari et je fais l’élevage de poulets locaux et de porcs. En dehors de l’élevage, je fais aussi un peu de commerce. En effet, je prépare de l’akassa [pâte de maïs accompagnant les viandes et poissons, très consommée en Afrique de l’Ouest] que je livre à d’autres revendeurs en gros. C’était de ça que vivaient mes enfants et moi. Avant le projet, ma principale difficulté était la faible maitrise des techniques d’élevage, surtout la conduite des poussins, ce qui fait que j’avais perdu tous mes poulets. Il ne me restait que 3 poules et 1 coqs en 2021. Je suis membre de la coopérative Yavo de Ouémè qui n’est composé que de femmes éleveuses de poulets. C’est au cours de l’une de nos réunions que la Présidente a effectué une demande de soutien du projet pour les éleveuses de la coopérative. C’est ainsi que j’ai été sélectionnée et appuyée en poulets locaux. En 2022, j’ai bénéficié d’un bâtiment d’élevage de 16m², de 4 mangeoires, de 2 abreuvoirs, d’une poussinière et de déparasitant. J’ai reçu 10 géniteurs dont 9 poules et 1 coq Goliath et j’ai également bénéficié de la première vaccination contre la peste aviaire. J’ai suivi entièrement la formation sur les techniques d’élevage des poulets locaux. Je reçois très régulièrement la visite des animateurs de l’équipe projet. De toutes les formations reçues, l’aspect qui m’a le plus impacté est celui de la conduite des poussins qui est une nouvelle notion que j’ai apprise et que j’ai expérimentée dans mon élevage. Cette nouvelle technique m’a permis de réduire un peu les pertes de poussins due à la divagation et aussi d’accroitre un peu mon effectif. Cela fait déjà six mois que j’ai démarré avec le projet et j’ai effectué une première vente récemment qui s’élève à un montant de 18000 FCFA [environ 27,5€]. Aujourd’hui je suis à un effectif total de 63 poulets dont 15 géniteurs et 48 jeunes. D’ici peu, grâce aux ventes que je pourrais faire, j’envisage d’augmenter l’effectif de mon cheptel, d’investir dans du matériel d’élevage afin de tirer davantage de revenus de mon activité. » Archille ADJOVI, 39 ans, éleveur de moutons « Je m’appelle ADJOVI Archille, âgé de 39 ans, je suis cultivateur et éleveur d’ovins  et de caprins dans le village de Hayakpa [Département de l’Atlantique] au Bénin.  Je suis père de 6 enfants dont le premier est en classe de 6ème, le second en classe de CM1, le troisième en classe de CE1, le quatrième en classe de CP et les autres sont encore petits. Je me suis lancé dans l’élevage de petits ruminants sans m’être formé. J’ai commencé fortuitement avec des ovins : 2 femelles et 1 mâle. Ces animaux ont commencé par se reproduire et je voyais déjà mon troupeau s’accroitre quand une maladie bizarre a tué une bonne partie de mes animaux. Je me suis retrouvé à une dizaine de petits ruminants. Je n’avais pas de bergerie, j’avais juste fabriqué un abri pour les animaux qui étaient non seulement exposés aux intempéries et qui n’étaient pas en sécurité. J’avais de l’ambition mais je manquais de moyens. Grâce au projet, j’ai pu avoir une bergerie digne de ce nom, une formation de qualité, un complexe de mangeoires et d’abreuvoirs et des médicaments pour les animaux. J’ai reçu 5 ovins (dont 1 mâle et 4 femelles) que nous allons rendre après pour installer d’autres personnes dans le besoin [tous les projets soutenus par Elevages sans frontières sont basés sur le principe « Qui reçoit… donne »: pour chaque animal reçu, les familles bénéficiaires s’engagent à faire don d’un animal né de leur élevage à une autre famille vulnérable]. Des vaccinateurs villageois d’animaux ont été formés et nos animaux ont été vaccinés et suivis gratuitement par le Conseiller de l’ONG. Grâce à leurs appuis, je n’ai plus eu de mortalité. Toutes mes femelles sont déjà gestantes et d’ici quelques mois j’aurai les premiers petits. Comme effectif actuel, j’ai 2 mâles 13 femelles et 8 petits, soit au total 23 petits ruminants. Sur les conseils de l’équipe projet, j’ai commencé par valoriser la fumure organique issue des animaux pour amender mon champ sans dépenser pour l’achat d’engrais chimique. Je suis plus que content et je remercie tous les donateurs qui ont pensé à nous. » Brigitte KPOKANDJO, 25 ans, éleveuse de lapins « Je suis Brigitte KPOKANDJO, âgée de 25 ans et mère de 3 enfants (8 ans, 6 ans et 4 ans). J’habite le village d’Adjido dans la commune de Za-Kpota bénéficiaire du projet Filières vertes en 2022. J’ai abandonné l’école en 6e puis je suis tombé enceinte. Je me suis mise en apprentissage en coiffure mais mon diplôme m’a été confisqué par ma patronne car je n’ai pas soldé les frais de formation d’apprentissage. Pour m’en sortir avec déjà 3 enfants à charge, je fais le commerce d’oranges. J’ai été sélectionnée pour bénéficier de lapins. Grâce au projet j’ai reçu un bâtiment d’élevage de 24m2, 15 abreuvoirs, 15 mangeoires, 5 boîtes à nid, un clapier de 10 cages, un flacon d’Alfamec, un sachet d’Anticox, 10 géniteurs, un accompagnement en provende sur les 3 premiers mois, une formation sur l’élevage de lapin et un suivi continu. Après 6 mois d’activité, je suis à un effectif de 42 lapins dont 8 géniteurs. J’ai fait ma première vente de 5 lapins à 14 000fcfa [environ 21€] en ce mois de septembre 2022. Une partie a servi à m’approvisionner en

Focus sur l’autonomisation et la défense des droits des femmes

Un développement local est-il possible lorsqu’on ignore plus de 50% de la population ? Le constat de la forte discrimination des femmes encore aujourd’hui dans les sociétés et des conséquences négatives sur les dynamiques de développement des territoires est aujourd’hui partagé. Afin de mieux lever les contraintes spécifiques rencontrées par les femmes, ESF et ses partenaires doivent renforcer leurs compétences d’intégration du genre dans les projets. Depuis sa création, Elevages sans frontières a toujours accordé une place importante aux femmes et aux jeunes filles dans ses projets, dans une volonté de travailler avec les populations vulnérables. L’appui à l’autonomie des femmes a récemment fait l’objet d’ateliers d’échanges et de travail, lors des réflexions sur la stratégie d’Elevages sans frontières (plan stratégique en cours de finalisation). C’est également dans cet objectif qu’un partenariat a été tissé avec Batik International, ONG spécialisée dans l’autonomisation des femmes et la défense de leurs droits. Le projet « Parions l’Egalité » offre un cadre d’apprentissage de bonnes pratiques pour ESF et ses partenaires. Prévu sur 3 ans (2022 – 2024), il vise à réduire les 11 violences et les inégalités liées au genre par une amélioration des pratiques des ONG et des activités sur le terrain. En interne, le projet a permis à ESF et d’autres ONG d’échanger sur leurs pratiques, sur les difficultés rencontrées, les leviers du changement et d’analyser leurs positionnements. Ces échanges viennent également nourrir un chantier ouvert cette année pour l’élaboration d’un mécanisme d’alerte et de prévention des fraudes et des harcèlements sexistes et sexuels notamment. Dans le cadre de notre action, le projet « Parions l’Egalité » offre des ressources techniques et financières au projet La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga au Burkina Faso. Le diagnostic de départ a été affiné avec un meilleur repérage des inégalités liées au genre. Des activités visant à les réduire ont par la suite été formulées, comme l’octroi d’un broyeur et de charrettes pour un allègement de la pénibilité de leurs travaux ou la tenue de forums/débats pour une amélioration du dialogue dans les communautés. Les bonnes pratiques initiées par « Parions l’Egalité » sont diffusées dans les projets d’ESF au delà du Burkina Faso : au Nord Togo, au Maroc ou au Bénin, pour un meilleur accompagnement des femmes et une amélioration de nos pratiques. Sylvain Gomez Chargé de projets ESF

Les temps forts d’Elevages sans frontières (juillet 2021 – juin 2022)

OCTOBRE : Lancement du projet « Envol des femmes » Une nouvelle action en appui à l’autonomisation socio-économique des femmes rurales vulnérables de la province de Ouarzazate au Maroc, à travers l’élevage de chèvres et de moutons. OCT-DÉC : Capitalisation « Or Gris des Savanes » Capitalisation des méthodes adoptées sur le projet Or Gris des Savanes Phase 1 (champs école, élevages écoles, entrepreneuriat rural) et réalisation de vidéos. JANVIER : Lancement du projet « Parions l’Egalité » Le projet «Parions l’Egalité» porté par Batik International et mis en œuvre par APIL et ESF vient renforcer le volet du projet « Voie Lactée » dédié à la lutte contre les violences et les inégalités liées au genre. JANVIER : ESF fête ses 20 ans ! Le 26 janvier 2002, ELEVAGES SANS FRONTIERES est annoncée au Journal Officiel. Depuis 20 ans, le défi lancé par le fondateur André Decoster pour aider des familles vulnérables à sortir durablement de la grande pauvreté grâce à l’élevage a mobilisé des milliers de personnes dans 15 pays. AVRIL-MAI : 1ère pierre de l’unité laitière « Voie Lactée » Le village de Nakamtenga accueillera l’unité laitière « Voie Lactée » pour la collecte et la transformation du lait de la zone d’intervention du projet. MAI : Expérimentation de la méthanisation ESF et ENPRO expérimentent la méthanisation comme source d’énergie renouvelable pour des ménages d’agroéleveurs au Togo. MAI-JUIN : ESF lauréat de 2 prix ESF est récompensé du premier Prix par les lycéens du Lycée Jean Cassaigne pour son action au Nord Togo et lauréat du Prix « Medici for equality » pour son projet « Envol des femmes» au Maroc. JUIN : Adhésion à Coordination Sud Une adhésion au mois de juin permettant à l’association d’avoir accès à des ressources utiles à l’action ainsi qu’à des lieux d’échanges de pratiques.

Le mécénat de compétences au service de notre action

Elevages sans frontières soutient le partage d’expériences et le renforcement des initiatives économiques et entrepreneuriales au sein des filières animales dans ses pays d’intervention. Nous nous employons, depuis plusieurs années, à développer des partenariats avec des entreprises françaises du secteur de l’agroalimentaire et œuvrant dans d’autres domaines d’activités. Notre ambition : susciter et instaurer progressivement du « mécénat de compétences » entre acteurs économiques du nord et du sud investis ou non dans les mêmes secteurs d’activités. Qu’est-ce que le mécénat de compétences ? Cela consiste pour une entreprise à mettre à disposition ses collaborateurs sur leur temps de travail au service d’actions d’intérêt général. Pour Elevages sans frontières, il peut être multiforme et se concrétiser par exemple par : de la prestation de services où l’entreprise partenaire réalise à ses frais une mission bien déterminée sur l’un de nos projets ; ou bien par la mobilisation de salariés qui s’engagent bénévolement dans l’appui à la réalisation des activités d’un projet. Quelles retombées pour Elevages sans frontières et son action ? Cette forme de mécénat représente plusieurs atouts pour l’association, en particulier l’accès à de nouvelles compétences grâce à l’implication de collaborateurs. Cela permet à nos salariés et à ceux de nos partenaires au sud, via une expérience humaine enrichissante, de perfectionner leurs savoir-faire et d’acquérir de nouveaux outils de travail. C’est aussi un moyen qui contribue à élargir notre réseau en rencontrant de potentiels futurs bénévoles et de nouveaux sympathisants investis dans notre action. Quelle valeur ajoutée pour l’entreprise partenaire et ses salariés ? Pour l’entreprise, cela permet de travailler sur la cohésion sociale entre les collaborateurs qui vont s’engager pour une cause et sur les valeurs portées par l’entreprise. Ainsi, cet engagement sociétal des salariés permet à l’entreprise de les fédérer autour d’une action de solidarité internationale et d’assoir sa responsabilité sociale. Pour les salariés qui s’engagent, en physique ou à distance, sur des missions concrètes sur les projets d’ESF, c’est un moyen de s’enrichir sur le plan personnel, de donner du sens à son investissement professionnel, de faire de nouvelles rencontres et de découvrir l’association et ses projets. C’est aussi une source d’évolution et de remotivation dans leur travail et un premier pas vers l’engagement bénévole. Le mécénat de compétences au cœur de notre action au sud, cas du projet « Filières vertes » au Bénin Notre appui au développement des filières animales intègre, dans le projet « Filières vertes », des activités visant à contribuer à l’essor de la chaine de valeur viande locale. L’objectif premier du projet étant de renforcer la mise sur le marché de produits carnés issus d’une agriculture familiale, en quantité et qualité suffisantes pour une augmentation de leur consommation dans le pays et une rémunération plus juste des éleveurs.euses. Pour y contribuer, nous facilitons la mise en relation de collectifs d’éleveurs.euses avec l’entreprise béninoise La Bonne Viande autour d’un partenariat commercial. Les éleveurs.euses investis dans l’élevage de lapins sont appuyés par Eleveurs sans frontières Bénin (ESFB) dans l’amélioration de leur production et l’organisation de la commercialisation de leurs animaux. La Bonne Viande s’engage, quant elle, à acheter leurs animaux et à les former aux critères de qualité requis pour leur mise en marché. Afin de contribuer à la professionnalisation de nos équipes dans la mise en œuvre de ce projet, mais également aux ressources humaines de l’entreprise La bonne viande, nous avons depuis 2021 initié une collaboration de mécénat de compétences avec l’entreprise Lesage & Fils, spécialiste de la transformation et de la distribution des produits carnés dans le nord de la France. Grâce à l’implication du Directeur des achats et production, François Lesage, l’entreprise s’investit dorénavant à nos côtés et met au service de notre action son expérience et ses expertises techniques. Autour de ce partenariat, nos partenaires et salariés échangent à distance avec les collaborateurs de l’entreprise sur les problématiques techniques qu’ils rencontrent dans le développement de leurs activités et identifient ensemble des solutions viables pour contribuer à la structuration des différents maillons des filières animales. Dans ce cadre, nous avons récemment organisé la venue en France de Nadia Akiyo, Co-fondatrice et Directrice Adjointe de La Bonne Viande, pour une immersion de 3 jours au sein de l’entreprise Lesage & Fils. Au programme : découverte de l’entreprise,  visites des infrastructures et différentes chaines de production, formations techniques sur les métiers de la boucherie et traiteur, ainsi que des échanges d’expériences et partages de savoir-faire avec les salariés. Découvrez l’intérêt et les bénéfices d’un tel partenariat : https://youtu.be/qemISPLVMHM Thibault Queguiner Chargé de projets ESF

Consommer local : levier d’émancipation et de développement

Dans les pays d’intervention – Bénin, Togo, Burkina Faso, Maroc, Haïti entre autres – avec le boom démographique, la croissance économique et l’urbanisation croissante, la consommation de produits laitiers et carnés est en forte augmentation. Cependant, la production locale ne répond pas à toute cette demande : la production de lait local ne couvre que la moitié de la consommation en Afrique de l’Ouest, voire un tiers au Sénégal. En Haïti, le lait constitue le 2ème poste budgétaire d’importation de produits alimentaires après le riz. Les produits importés comme la viande, le lait en poudre et le riz sont majoritairement consommés et souvent perçus comme plus attractifs sur le plan de la qualité, du prix et de la facilité d’utilisation. Or, cette prédominance des importations issues de l’agro‐industrie a des impacts néfastes dans plusieurs domaines : Pour l’économie locale : les importations concurrencent les produits des petits paysans qui peinent à vivre de leur travail, faute de moyens pour produire et vendre en quantité et en qualité. Rappelons qu’en Afrique de l’Ouest, 90% de la production agricole est issue de petites exploitations. Pour la santé : les produits transformés contiennent souvent des additifs – sel, sucre, conservateurs – et sont de moindre qualité nutritive, comme la volaille congelée traitée à la javel ou le lait en poudre enrichi avec de l’huile de palme. Pour l’environnement : les modes de production, le conditionnement, le transport et les emballages des produits importés laissent une lourde empreinte par leur dégagement de CO2 et leurs déchets. Pourtant, dans ces pays avec un secteur agricole représentant jusqu’aux 2/3 de la population active et dotés d’une grande biodiversité non cultivée et cultivée, la croissance de la demande pourrait offrir de larges débouchés aux petits producteurs afin qu’ils puissent enfin répondre aux besoins essentiels de leur famille : alimentation, soins, scolarisation, habitat. L’appui à la production et à la consommation locale est la clé du développement. Elevages sans frontières s’inscrit pleinement dans cette vision en contribuant à l’organisation de systèmes alimentaires plus justes, par l’implantation de microentreprises d’élevage familial productives et respectueuses de l’environnement, par l’organisation de circuits courts et la promotion du « consommer local ». Voici quelques initiatives menées en collaboration avec Elevages sans frontières LET’AGOGO (Haïti) : un lait produit, transformé et consommé sur le même territoire Grâce à l’appui d’Elevages sans frontières, la micro-laiterie Let’Agogo a été réhabilitée en 2017. C’est l’unique micro-entreprise de transformation sur la commune de Belladère. Cette micro-laiterie a pour vocation la collecte auprès des éleveurs bovins et la transformation du lait pour une mise en marché en circuit court de bouteilles de lait pasteurisé. RIZ BERCEAU (Togo) : un riz local, produit de terroir issu d’une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement Le projet « Du Champ à l’Assiette » promu par Elevages sans frontières a permis la création d’une unité de transformation du riz : une entreprise mutualisée entre 17 coopératives qui permet la commercialisation du riz en circuit court, une meilleure redistribution de la valeur ajoutée et in fine l’amélioration des revenus des producteurs et productrices. Selon la technologie agroécologique SRI, ce riz de la marque « Berceau » est produit grâce à l’utilisation du compost au détriment des engrais chimiques. Ce principe favorise l’exploitation durable et harmonieuse du sol-eau-lumière permettant à la plante d’exprimer son potentiel de production. COROSA (Maroc) : le fromage de chèvre, levier d’émancipation pour les femmes marocaines dans le développement de leurs activités d’élevage La coopérative COROSA est une fromagerie montée grâce au soutien d’Elevages sans frontières et de l’association marocaine ROSA. COROSA assure la collecte quotidienne de lait dans les différents villages du projet « Envol des femmes » dans la région de Ouarzazate. Le lait est transformé en yaourt et fromage et est revendu à Ouarzazate principalement. Les revenus réguliers issus de la vente du lait permettent aux éleveuses de chèvres de couvrir les besoins quotidiens et d’améliorer leurs conditions de vie. LA BONNE VIANDE (Bénin) : un partenariat avec un transformateur privé garantissant un débouché rémunérateur aux éleveurs.euses. La Bonne Viande, partenaire du projet « Filières Vertes », travaille à la professionnalisation de la boucherie charcuterie au Bénin. L’entreprise familiale a pour vocation de promouvoir le « consommer local » en connectant les acteurs du secteur de l’élevage avec les consommateurs urbains de Cotonou par une mise en marché de gamme variée de produits viande de qualité en circuits courts. En prêtant ses services au projet, l’entreprise contribue à : Offrir un réseau de distribution de boucheries de proximité et un service de livraison rapide Améliorer le pouvoir d’achat des petits producteurs en les aidant à optimiser leurs techniques de production et en achetant leur produit à un prix équitable Promouvoir la participation des femmes et des jeunes à la chaîne de valeur afin d’améliorer leur situation socioéconomique. LA BOBAR (Togo) : la première boutique Bar Restaurant 100% produits du terroir L’ONG togolaise OADEL, en collaboration avec Elevages sans frontières, a ouvert la Boutique-bar-restaurant BoBaR de promotion et vente des produits du terroir. Alors qu’aucun lieu n’existait à part les supermarchés, qui offraient des gammes réduites de produits locaux transformés et conditionnés, la BoBaR propose en un seul lieu plus de 300 produits locaux à acheter à la boutique, à boire au bar et à manger au restaurant. Ces initiatives peuvent encore grandir et être diffusées pour ainsi contribuer à une plus grande accessibilité et disponibilité des produits alimentaires locaux transformés et conditionnés pour un plus grand nombre de consommateurs. Ensemble, engageons-nous avec détermination et pragmatisme pour une alimentation locale suffisante pour tous, en quantité et en qualité. Je fais un don

Des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal

A l’occasion de la journée mondiale des animaux, Elevages sans frontières souhaite partager sa contribution à l’amélioration des pratiques d’élevage et au bien-être animal à travers son action auprès de familles paysannes. C’est quoi le bien-être animal ? D’après l’Organisation mondiale de la santé animale, les 5 libertés fondamentales pour assurer le bien-être des animaux dans les élevages sont les suivantes : Liberté 1 : absence de faim, de soif et de malnutrition Liberté 2 : absence de peur et de détresse Liberté 3 : absence de stress physique et/ou thermique Liberté 4 : absence de douleurs, de lésions et de maladies Liberté 5 : liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce Le bien-être animal ne profiterait qu’aux animaux ? Non, il est prouvé que les souffrances animales et celles de ceux qui les élèvent sont intimement liées. Les relations avec les animaux aident à l’éducation des femmes et des hommes et favorise le développement de qualités humaines comme l’affection, l’empathie et le sens des responsabilités. Le bien-être animal au cœur des projets d’Elevages sans frontières Sur le terrain, nos équipes, nos partenaires et collaborateurs veillent à ce que le bien-être animal soit un axe transversal aux pratiques d’élevage promues et que les 5 libertés fondamentales soient respectées : – Liberté 1 : Absence de faim, de soif et de malnutrition Comme pour l’Homme, l’alimentation est le premier médicament de l’animal : des animaux bien nourris, ce sont des animaux apaisés qui disposent de forces physiques pour résister aux maladies. Ce sont aussi des animaux qui se développent mieux et qui répondent mieux aux besoins alimentaires des humains. Dans le cadre de nos projets, les éleveuses et les éleveurs se forment à des techniques de nourrissage en veillant à l’équilibre des rations afin de ne pas créer un stress alimentaire occasionné par des quantités insuffisantes ou des carences nutritives. Pour parvenir à une alimentation animale de qualité, tout en préservant l’alimentation de la famille, il faut savoir et pouvoir cultiver en qualité et quantités suffisantes. Les agroéleveurs.euses accompagnés améliorent leurs pratiques sur leur ferme familiale en renforçant la complémentarité entre les élevages et les cultures. Ceci passe par les cultures fourragères, les associations de culture, la fertilisation organique (par valorisation des déjections animales) et/ou la fabrication de formules alimentaires à base des ressources locales. Concernant la prévention du stress hydrique, l’implantation des élevages se fait en fonction des points d’accès à l’eau pour les éleveurs. Regard d’un éleveur du Nord Togo : pour une alimentation équilibrée « J’ai appris à améliorer et à valoriser certaines de mes cultures (et leurs résidus). A présent, je fabrique moi-même mes propres formules alimentaires pour nourrir mes pintades en veillant à ce qu’elles aient tous les apports énergétiques, protéiniques, minéraux et vitaminiques nécessaires. Des animaux qui mangent bien, ce sont des animaux en bonne santé, qui se sentent bien et qui produisent bien. » – Liberté 2 : Absence de peur et de détresse Afin de ne pas générer du stress, source de maladie ou de comportement agressif, des actions sont menées pour avoir des gestes rassurants et des habitats adaptés. Les formations dispensées proposent des pratiques ou des aménagements pour diminuer la peur ou la détresse animale occasionnées par des chiens errants, des mauvaises manipulations ou la peur nocturne des animaux. La première préconisation est la mise en place de conditions d’élevage apaisantes, l’aménagement d’un lieu sécurisé pour les jeunes (poussinière, éleveuse) ou la séparation par sexe ou par âge pour préserver la tranquillité des femelles ou des plus jeunes. Les éleveuses.eurs sont également formés à l’instauration d’un  lieu et d’un temps de traite rassurants pour l’animal (lieu fixe, sans personne aversive pour l’animal). En revanche, un gros travail reste à faire sur les conditions de transport des animaux, dans des pays où les transports se font dans des conditions parfois sommaires, même pour les êtres humains. Retour d’un animateur de projet au Sud du Togo : sensibilisation à la peur et à la détresse animale « Dans le module de formation imagé que je déroule pour les éleveurs, la question de la peur, du stress et de la détresse animale est évoquée. J’ai des images qui sensibilisent à l’importance d’avoir un site d’élevage calme et paisible. Concernant l’abattage des animaux, l’état sanitaire à l’abattage des animaux est strictement contrôlé et l’abattage clandestin strictement interdit. La maltraitance des animaux peut être punie par la loi. Les consommateurs togolais commencent à être sensibles à cette question et à faire le lien entre santé animale et santé humaine et celui entre santé animale et qualité de la viande. » – Liberté 3 : Absence de stress physique et/ou thermique Soleil de plomb, saison chaude, saison des pluies, vents violents, forte variation de température entre le jour et la nuit : le climat et la météo ne sont pas toujours cléments et ne viennent pas aider au maintien du bien-être des animaux. Le stress physique et thermique nuit à la santé des animaux et à la réussite des activités d’élevage. Aussi, les projets menés par ESF comprennent toujours un volet « Amélioration du site d’élevage » avec notamment la construction de bâtiments d’élevage permettant aux animaux de se mettre à l’abri. Les cours entourant ces bâtiments sont parfois agrémentées d’arbres pour favoriser l’ombrage. Ces bâtiments sont équipés de mangeoires et d’abreuvoirs qui limitent la compétition et les conflits entre animaux pour accéder à la ressource alimentaire ou à l’eau. Ils sont souvent accompagnés d’une aire de circulation qui permet aux animaux d’avoir accès à l’extérieur. Ces aménagements permettent aussi de protéger l’intégrité des animaux en évitant la prédation par des animaux sauvages, les vols ou la divagation responsable d’accidents comme les chocs avec les véhicules. En offrant un espace de tranquillité sécurisé, les éleveuses.eurs garantissent le bien-être de leurs animaux et la productivité de leurs élevages. Regard d’un éleveur du Nord Togo : le chauffage, un facteur primordial pour la survie des pintadeaux « Lorsque vient la période des pintadeaux, je délaisse le lit conjugal pour dormir non loin de mon élevage et veiller au bon

Alexia : un stage au Maroc décisif pour sa vie professionnelle

Alexia Pignol est étudiante en 3ème année à l’École d’Agronomie de Montpellier en cursus ingénieur « Système agricole et agroalimentaire des pays du Sud ». Dans le cadre de sa formation, elle a effectué un stage ouvrier de 6 semaines dans notre zone d’intervention au Maroc, sur le projet ‘Envol des femmes‘. Nous avons eu plaisir à recueillir ses impressions à la fin de son stage. Bonjour Alexia, tu reviens d’un stage au Maroc, sur le projet Envol des femmes : pourquoi ce stage et pourquoi chez ESF ? Bonjour ! Oui en effet, je viens de passer à peu près deux mois immergés dans la région de Ouarzazate. D’après moi, le point de départ de ce projet est mon goût pour le voyage. J’avais à cœur de faire mon stage ouvrier à l’étranger pour découvrir un système de culture différent de celui exercé en France. Originaire du sud de la France, région de terroir viticole et arboricole, je n’avais jamais vraiment pratiqué une culture d’élevage. Déterminée dans mes choix, j’ai rapidement découvert l’association Elevages sans frontières et ses missions solidaires au Maroc. Sous le charme de ce projet associant mon intérêt pour l’associatif et l’agriculture des pays du Sud, j’ai décidé de me lancer. Avec ce stage, ESF m’a permis d’aller beaucoup plus loin qu’un simple stage ouvrier, j’ai également pu découvrir le fonctionnement associatif d’une mission à l’internationale. Quelles ont été tes principales activités durant ce stage ? Mon stage s’est déroulé en deux temps. Au cours des deux premières semaines, je me suis concentrée sur le travail de transformation du lait en fromage au sein de la coopérative COROSA. J’ai participé à la préparation des fromages frais et des tommes ; de la fabrication au conditionnement. Par la suite, je me suis focalisée sur le travail agricole des femmes éleveuses. J’accompagnais tous les matins Fatma, une éleveuse membre de l’association ROSA, dans les champs afin de faucher la luzerne. Nous finissions la matinée en nourrissant les animaux avec la luzerne récoltée plus tôt puis nous nettoyions la chèvrerie afin de récolter le fumier.  Nous faisions deux traites par jour, la première en fin de matinée et la seconde en début de soirée. Durant cette période, j’ai également eu la chance de rencontrer plusieurs adhérentes afin de recueillir leurs témoignages sur leurs expériences personnelles au sein de l’association ROSA, leurs responsabilités, leurs ressentis, etc. Ces témoignages m’ont permis de mieux appréhender l’organisation sociale de l’association. Ce projet a comme objectif principal de contribuer à l’émancipation des femmes ; as-tu peu percevoir l’impact du travail de ROSA et ESF sur le terrain ? Oui, tout à fait. Sur place on remarque clairement que les femmes adhérentes au projet parviennent à s’émanciper du rôle qui leur est attribué par la société marocaine. Ce travail leur permet d’avoir un projet à elles, indépendamment de l’activité de leurs maris et elles en sont très fières. Ce projet permet aux femmes de devenir des actrices de la société et de prouver qu’elles ont du potentiel. D’après moi, la construction d’un projet mène à un sentiment de liberté et d’autosatisfaction que ces femmes ont trop peu de fois eut l’occasion d’avoir. Concrètement, le projet leur permet d’avoir un salaire pour acheter ce dont elles ont envie sans l’intermédiaire de leurs maris. Cette dimension financière est une émancipation au quotidien. Pour finir, ce qui m’a surtout marqué chez les quelques femmes que j’ai pu rencontrer, c’est l’énorme soutien qu’elles reçoivent de leurs maris. J’ai remarqué qu’il y avait une réelle entraide positive sans aucun sentiment de jalousie ou de frustration. Et pour terminer, quel est le souvenir le plus marquant, pour ta vie personnelle et professionnelle ? Globalement, ces deux mois à Ouarzazate ont été marquants et décisifs pour ma vie professionnelle. Tout au long de cette expérience, j’ai été confrontée à l’inconnu en étant obligé de m’adapter à un environnement qui n’était pas le mien. Ce voyage a été complexe mais surtout enrichissant et intéressant. Cette expérience m’a fait prendre du recul sur les idées d’interculturalité et d’acceptation de l’autre. Chaque souvenir, chaque petit évènement de vie était chargé en émotions et en enseignements. Du mariage traditionnel à la danse traditionnel ahwach aux simples repas en famille en passant par le travail au champ avec Fathma, Siham et Kawtar, chaque moment était unique. C’est une expérience qui restera ancrée dans ma façon de penser et de voir le monde. Un grand merci à Alexia pour son retour d’expérience et pour son implication durant ce stage. Nous lui souhaitons une bonne continuation et encore de belles expériences à vivre !