« Parions l’Égalité » avec les Femmes de « la Voie Lactée de l’Oubritenga »

Au Burkina Faso, les éleveurs laitiers doivent faire face à une concurrence déloyale avec l’importation croissante de poudre de lait réengraissée avec de l’huile de palme, organisée par des multinationales européennes qui profitent de ce produit d’importation abondant et bon marché. Deux à trois fois moins cher, cette poudre de lait importée concurrence durement le lait local. La production locale ne couvre pas tous les besoins : 72% pour le Burkina Faso (en 2015). Ce qui est honorable pour le pays par rapport à d’autres pays de la sous-région. Mais la quantité de lait local valorisé demeure encore faible. Les zones de production sont éloignées et la production demeure très saisonnière car l’alimentation des animaux reste difficile en saison sèche. Il est par ailleurs plus facile de conserver et de transformer du lait en poudre que du lait local pour lequel les exigences en termes de maintien de l’hygiène et de la chaine du froid sont indispensables. Pourtant le potentiel est là et l’élevage constitue un levier pour combattre la pauvreté notamment celle des éleveurs burkinabè, et fournir des produits locaux de qualité aux habitants du Burkina Faso. L’élevage fait vivre, génère des revenus et contribue à la sécurité et à la souveraineté alimentaires du pays. Les femmes sont très impliquées dans les activités d’entretien du bétail, de traite, de transformation et de commercialisation du lait ; et ce malgré les inégalités d’accès à des biens, des services ou des sphères de décision occasionnées par la société encore très patriarcales dans laquelle elles évoluent. Par ailleurs, elles sont cantonnées à certaines sphères et une bonne part de leur investissement demeure invisible et soumis à des violences économiques, psychologiques, physiques ou sexuelles. Ces potentiels ont donc du mal à s’exprimer pleinement d’autant plus que le Burkina Faso doit se montrer résilient face à la situation économique (inflation), sécuritaire (terrorisme) et climatique (réchauffement) à laquelle il fait face. En 2015, la Cedeao a lancé une « offensive lait » avec notamment une campagne « Mon lait est local » dans 6 pays dont le Burkina Faso. ESF et ses partenaires APIL et Batik International soutiennent ce plaidoyer et y contribuent à travers les activités des projets « La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga » et « Parions l’Egalité », à savoir : L’amélioration des capacités et des moyens des ménages d’éleveurs pour la production, la collecte, la transformation et la commercialisation du lait local. Le renforcement de l’organisation des femmes et de leurs connaissances en matière de droits. Une sensibilisation des communautés rurales et urbaines à travers la promotion d’une culture d’égalité. Découvrez les avancées de notre action sur ces trois volets : Des animaux, des formations et une unité laitière pour plus de produits laitiers locaux Avril 2023 : 28 vaches laitières ont été octroyées à 28 éleveuses préalablement formées aux itinéraires de production pour un meilleur entretien des animaux sur le plan de l’habitat, de l’alimentation, de la santé et de la conduite. L’unité laitière « La Voie Lactée » a été terminée et équipée et ses trois transformatrices ont été formées par APIL aux techniques d’entretien des locaux et des équipements, à la pasteurisation et à la confection de yahourt et de gapal. Ce sont elles qui réceptionneront et valoriseront le lait trait par les ménages d’éleveurs de la zone d’intervention et apporté par les 15 collecteurs formés (par APIL aussi) dans le cadre du projet. Un réseau de femmes relais pour renforcer les connaissances en matière de droits des femmes Février – Mars 2023 : 12 femmes de 6 villages ont été formées par une experte en droits humains sur les droits spécifiques des femmes, le leadership féminin et le plaidoyer. La formation a été restituée dans les villages avec l’appui de l’experte et d’APIL. Les chefs coutumiers présents lors de la restitution ont reconnu ces droits ainsi que le déploiement et le mandat de ces femmes relais qui seront motrices dans l’émergence et le portage d’un plaidoyer féminin dans les groupes féminins et dans les cadres de concertations villageois, communaux et provinciaux. A travers ces formations, les connaissances et les capacités endogènes sont renforcées : les savoirs des femmes sont augmentés ; des femmes leaders sont confortées dans leurs rôles ; de nouvelles sont identifiées et prennent confiance en elles ; un plaidoyer s’organise pour surmonter les contraintes locales. Du théâtre et du dessin pour sensibiliser les communautés sur les bienfaits d’une égalité de genre Mars – Avril 2023 : la troupe de théâtre Bassy de Ziniaré a élaboré une saynète théâtrale pour informer et sensibiliser sur la nécessité de maintenir de bonnes conditions d’élevage et de préserver les droits des jeunes filles et des femmes comme l’accès à la formation, la participation à la prise de décision, l’accès à la propriété, la protection face au mariage forcé ou précoce. La pièce fait aussi la promotion des bienfaits du lait de chèvre encore faiblement valorisé au Burkina Faso. Elle sera jouée dans les 6 villages d’intervention du projet courant – juin et en 2024 et sera améliorée au fur et à mesure des représentations et des messages que souhaitent véhiculer les éleveuses. A côté de cela, des dessins présentant les violences et les inégalités entre hommes et femmes ont été réalisées par l’artiste Main2DIEU, lors d’une session de formation dédiée à l’égalité de genre et organisée par Batik International. Les 60 dessins ont été valorisés dans le cadre d’une exposition lancée à Ouagadougou et sera itinérante au Burkina FASO et au-delà pour contribuer au développement de cette culture d’égalité. A bientôt pour d’autres nouvelles des projets « Voie Lactée » et « Parions l’Egalité » ! Sylvain Gomez, Responsable projets

Zambie : émergence d’une filière laitière à Itezhi-Tezhi

En Zambie, seulement 15% de la production laitière s’insère dans le circuit commercial formel. L’essentiel du lait, les 85% restants, est auto-consommé frais, fermenté ou vendu localement au sein des communautés. Ce constat est le même dans la chefferie de Musungwa : les éleveurs éprouvent des difficultés à vendre leur lait et la consommation familiale et locale ne parvient pas à absorber le potentiel de production laitière, particulièrement en saison des pluies. La commercialisation du lait reste malgré tout une priorité pour les éleveurs. Les opportunités de développement de cette filière lait locale semblent nombreuses : cheptels en grand nombre sous-valorisation du potentiel de production des vaches laitières présence de cadres de concertation locaux, d’organisations d’éleveurs et d’interprofessions dynamisme du secteur de la transformation à l’échelle nationale présence et consommation de produits laitiers au sein des communautés et dans la ville d’Itezhi-Tezhi située à 30 km des villages augmentation des débouchés du fait de la croissance démographique et de l’urbanisation Une filière lait local à construire Les éleveurs de la chefferie Musungwa rencontrent de nombreux freins au développement du marché du lait local malgré un potentiel laitier relativement élevé : Frein de production : saisonnalité de la production laitière – faible en saison sèche (de mai à novembre) et élevée en saison des pluies (de décembre à avril) mortalité des troupeaux liée aux attaques de lions, maladies infectieuses et mauvaise gestion du pâturage conduisant à une mauvaise alimentation Frein de collecte : voies de communication inondées en saison des pluies troupeaux reculés en saison sèche Frein de transformation : peu d’intérêt des acteurs majeurs de la transformation pour la zone car très enclavée marché local à faible potentiel A la demande des bénéficiaires, un projet de développement et soutien de la filière lait bovin local a été mis à l’étude. L’implantation d’une micro-laiterie peut-elle être faisable et viable à Itezhi-Tezhi ? Depuis août 2022, une étude de faisabilité technique, économique et financière de la création et la mise en exploitation d’une unité de transformation du lait local à Itezhi-Tezhi a débuté. Ce travail d’analyse doit permettre de confirmer le potentiel laitier. Il doit aussi préciser les conditions de faisabilité et de viabilité d’une mini-laiterie. Cette étude contribuera à la structuration d’une chaine de valeur lait local durable. Cela permettra aux éleveurs de valoriser leur production et d’améliorer leurs revenus. Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivants : Dimensionner et structurer le système de collecte en fonction des zones de production et disponibilité saisonnière du lait Définir les processus de fabrication, technologiques et les équipements nécessaires à la collecte, transformation du lait et au conditionnement des produits laitiers Proposer un « modèle socio-économique » viable et rémunérateur pour les éleveurs, et préciser la forme juridique adaptée à l’exploitation et gestion de l’unité de production Déterminer les coûts relatifs à la collecte, production, commercialisation des produits et à la gestion de l’activité, les résultats prévisionnels d’exploitation, ainsi que le plan de financement du projet d’installation de la laiterie Fixer les stratégies de marketing et commercialisation à adopter pour une distribution et positionnement des produits sur le marché régional et national Quel est le potentiel laitier dans cette zone ? Le potentiel de production de lait a été déterminé en soumettant des questionnaires aux éleveurs de 6 villages bénéficiaires. Il a alors été défini qu’environ 700L/jour pouvaient être collectés en saison sèche et 2000L/jour en saison des pluies. Ce potentiel laitier a été établi en considérant les éleveurs qui étaient prêts à s’organiser en coopérative afin de faire partie du projet. C’est un potentiel de démarrage qui évoluera au fil des années. Les routes et moyens de collecte ont été étudiés afin d’optimiser au maximum cette étape primordiale. L’inondation des plaines en saison des pluies rend l’accès aux villages difficile. Sachant que le lait cru doit avoir un temps de transport de 2h maximum avant d’être réfrigéré, l’option la plus probable est d’implanter un centre de collecte dans le village principal, à Basanga. Les éleveurs viendront y déposer leur lait quotidiennement. Ce dernier sera réfrigéré dans des tanks à lait. Un camion collecteur passera tous les deux jours en saison sèche et quotidiennement en saison des pluies pour collecter le lait. Le temps de transport est doublé en saison des pluies, un grand détour doit être fait afin d’atteindre Basanga. Néanmoins, il reste à finaliser l’étude de faisabilité pour déterminer le dimensionnement de la laiterie à implanter à Itezhi-Tezhi. Les volumes de lait à collecter seront déterminés par le marché et la demande des consommateurs en produits laitiers. Laura Guido Chargée de mission

Haïti : les écoles paysannes, un dispositif d’éducation informel prometteur pour les jeunes

En Haïti, 65% de la population est rurale et pratique l’élevage familial traditionnel dont l’élevage bovin (environ 700 000 familles). Pourtant le pays est en pénurie de lait, 2ème poste budgétaire d’importation de produits alimentaires après le riz. En effet, la filière laitière haïtienne fait face à de multiples difficultés : le lait est un produit très périssable et doit être transformé pour être conservé plus longtemps alors que le manque de capital et d’infrastructures est important. Les périodes de surproduction et de rareté alternent sur un marché dominé par le lait en poudre importé. A cela s’ajoute les crises socio-économiques (multiplication des gangs partout dans le pays, kidnapping, rareté du carburant, etc.). Le pays vit dans une insécurité alimentaire sans pareil. Cette situation frappe tous les secteurs d’activité en commençant par l’agriculture et l’élevage. Ce dernier rencontre des difficultés pour son développement à cause du manque de soutien technique ; de la faible disponibilité en fourrages, en intrants et infrastructures d’abreuvement ; d’un manque d’accès aux soins vétérinaires, aux crédits et aux connaissances. Ce qui limite grandement la productivité des systèmes d’élevages bovins-laitiers. L’accès au marché des produits laitiers est tout aussi difficile et ce dans un contexte où les produits importés font une forte concurrence aux produits locaux. Or, les activités d’élevage, notamment la production de lait, si elles sont bien conduites peuvent constituer une alternative financière intéressante à certaines activités dégradantes de l’environnement. Pour répondre à ces problématiques, le CEHPAPE(1) en partenariat avec ESF et l’AJDL(2) mettent en œuvre le projet Le Lait de Collines de Lascahobas cofinancé par l’AFD(3). Ce projet vise à améliorer la sécurité alimentaire et les conditions de vie de la jeunesse rurale haïtienne par le développement d’une filière lait local durable. Au cours de ce projet de 3 ans (Octobre 2020-Septembre 2023), les bénéficiaires du projet pourront accéder à une activité économique rémunératrice en lien avec les différents maillons de la filière lait local. Pour y parvenir, le projet LDCL met en œuvre notamment depuis 2 ans une approche de conseil novatrice : « les Ecoles Paysannes ». Qu’est-ce que les Écoles Paysannes (EP) ? Ces sont des rencontres qui facilitent l’échange de savoir-faire entre pairs et l’apport de connaissances sur la gestion et conduite d’élevage bovins-laitiers. Un groupe « école paysanne » est constitué d’une trentaine de personnes. Les participants sont les 400 bénéficiaires du projet issus des différentes localités où le projet intervient. Chaque rencontre entre agro-éleveurs est préparée avec les animateurs EP et l’équipe technique du projet sur une journée. Ce sont les animateurs qui convoquent leurs participants pour une rencontre de 2 à 3 heures pour échanger et acquérir des savoir-faire théoriques et pratiques sur la conduite et la gestion d’un atelier d’élevage bovin laitier. Quels sont les objectifs des Écoles Paysannes ? L’école paysanne comme dispositif d’éducation informelle pour jeunes et adultes a pour principal objectif de : Renforcer les connaissances et les capacités de prise de décision des familles d’agro-éleveurs dans le développement de leurs activités d’élevage Motiver les familles pour qu’elles transmettent leurs connaissances Améliorer les capacités d’organisation des familles d’agro-éleveurs par la formation, l’accès à l’information et aux connaissances des acteurs sur leur territoire Promouvoir une approche d’équité de genre et transgénérationnelle. Quelles sont les modules de formation dispensés ? Les techniciens de l’équipe projet dispensent plusieurs modules de formation pratiques sur la conduite d’élevage bovin-laitier sur les aspects suivants : La préparation de rations alimentaires La gestion des chaleurs et la monte, les mise-bas, le cycle de lactation et des mises bas La traite et l’hygiène La commercialisation du lait La gestion économique. Ce dispositif s’appuie sur la conduite d’expérimentations collectives pour la validation et l’introduction de nouvelles pratiques : L’établissement d’une parcelle fourragère La fenaison et la préparation du fourrage L’établissement de clôtures et haies vives comme banque de fourrage et protéines La production de compost enrichi de fumure animale, la lombriculture, l’ensilage. En plus de ces aspects, l’accent est mis sur l’intégration de l’élevage aux autres cultures de la ferme (agroécologie) et aux contributions de l’élevage à l’amélioration de la nutrition et de la sécurité alimentaire des familles. La présence des Écoles Paysannes dans les localités du projet participe à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes agro-éleveurs. Grâce à elles, ils gèrent mieux leur cheptel bovin et arrivent à dégager davantage de revenus de leur activité. Témoignage d’un animateur en École Paysanne Pollas kesner « Je suis Pollas kesner, l’un des 13 animateurs du groupe Ecole Paysanne qui travaille dans la localité de Loparonne. Mon rôle est d’animer des formations afin d’aider les agro-éleveurs à mieux gérer leurs activités. Le projet Le Lait des Collines de Lascahobas est une opportunité offerte par les trois partenaires (CEHHPAPE, ESF & AJDL). A nous, agro-éleveurs, de saisir cette belle opportunité. J’anime toutes les rencontres sous la supervision de l’équipe technique du projet. Selon moi, le projet apporte beaucoup. Avant, personne n’avait l’habitude de cultiver des fourrages pour les animaux et de recevoir des formations sur des thématiques aussi professionnalisantes. Grâce au projet, nous avons une réserve de fourrages suffisante pour alimenter les animaux et chaque participant est maintenant en mesure de préparer des foins. Je souhaite aujourd’hui que mon groupe deviennent un groupe d’entrepreneurs importants dans la commune en matière de production de fourrages, du compost, de lait pour approvisionner la laiterie et pourquoi pas de bovins laitiers de race pure. Les petites exploitations familiales sont aujourd’hui le moteur de la production animale si l’État dispose de techniciens pour les encadrer. Les agro-éleveurs du pays et spécialement ceux de Belladère devraient être davantage soutenus afin que la filière puisse continuer à se structurer et à se développer ». Thibault Queguiner, Responsable projets (1) AJDL : Action Jeunes pour le Développement Local(2) CEHPAPE : Centre Haïtien pour la Promotion de l’Agriculture et la Protection de l’Environnement(3) AFD : Agence Française de Développement

[Témoignage] Des produits laitiers haïtiens appréciés des locaux

Le projet Le lait des collines de Lascahobas vise à améliorer les conditions de vie de la jeunesse haïtienne par le développement d’une filière lait locale, durable et inclusive, notamment par la mise en place et le développement d’une micro-laiterie. Cette micro-laiterie a pour vocation la collecte auprès des éleveurs bovins soutenus par le projet et la transformation du lait pour une mise en marché en circuit court de bouteilles de lait pasteurisé et aromatisé sous la marque Lèt Agogo. Historiquement les produits laitiers de la marque Lèt Agogo étaient vendus à la capitale et dans d’autres régions. Depuis 2017, une micro laiterie a été implantée dans la zone de Belladère (Région du Centre Ouest d’Haïti). Badin, fidèle consommatrice des produits Let Agogo, nous livre son témoignage : « Je m’appelle Badin, originaire de Pernal, dans la commune de Belladère. Je suis âgée de 24 ans. J’ai commencé à consommer les produits Lèt Agogo en 2013 car j’étais dans la Capitale à l’époque et la maison où j’étais hébergée était très proche d’une laiterie. Régulièrement, j’allais à la laiterie pour acheter les produits let Agogo, notamment le yaourt. J’aime tellement ces produits. Quand je suis rentrée chez mes parents à Belladère, j’étais heureuse d’apprendre qu’il y avait une laiterie juste à côté de chez eux à Miraud. Les produits let Agogo sont très appréciés ici, ils sont considérés comme des produits de bonne qualité. Quand j’achète un produit Lèt Agogo, j’apporte des vitamines et minéraux à mon corps. De plus, j’encourage les acteurs de la filière et je contribue à l’économie de ma localité en valorisant les produits du terroir au lieu des produits importés. Je trouve que les produits Lèt Agogo sont délicieux et peuvent concurrencer n’importe quels autres produits laitiers importés. En tant que fille d’agro éleveur, je me dois d’encourager la filière bovine. C’est grâce à leur activité d’élevage que mes parents ont réussi à me payer toute ma scolarité. Je leur dois bien ça ! La laiterie de Miraud est l’unique microentreprise de transformation de la commune. J’invite tout le monde à la soutenir. D’autant plus qu’elle est porteuse de débouchés économiques pour les éleveurs, les boutiques/commerçants et pour les jeunes de la commune. J’espère qu’un jour l’entreprise produira également du yaourt, du fromage pour mettre sur le marché afin de diminuer les importations de produits laitiers ». C’est en soutenant le développement de l’élevage familial et la valorisation d’une production laitière locale à Belladère qu’Elevages sans frontières et ses partenaires contribuent à l’essor d’une micro filière lait local. Ainsi, les acteurs de cette petite chaîne de valeur, éleveurs.euses, collecteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs participent à l’économie du territoire et à l’augmentation d’une offre de produits laitiers sains et de qualité, et cela tout en diversifiant les retombées économiques de leurs activités. Thibault Queguiner, Responsable projets

[Témoignages] Des revenus à venir grâce à la vente du lait en Zambie

Boyd et Ducan ont été sélectionnés pour faire partie des futurs bénéficiaires du projet « Des Lions et des Vaches » en Zambie. Ce projet consiste à notamment mettre en place un système de collecte de lait viable et adapté aux conditions du bassin de production permettant aux agropasteurs de vendre leur lait et donc de générer des revenus. Boyd Mukuni, éleveur bovin, village de Basanga « Je m’appelle Boyd Mukuni, j’ai 47 ans et 9 enfants. Je viens du village de Basanga dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis de l’agriculture. J’ai beaucoup d’animaux : des chèvres, des poules, des vaches. Je cultive aussi différentes sortes de cultures : du maïs, du tournesol, des arachides. Grâce à la construction de la mini-laiterie, il va enfin y avoir quelqu’un pour acheter mon lait. Cela signifie que j’aurai une nouvelle source de revenus et que je pourrai survivre ! Mon activité sera plus forte car j’aurais plus d’argent. C’est vraiment un beau projet cette mini-laiterie. Je pourrai également m’assurer que mes animaux soient bien soignés. Grâce au projet, je vais pouvoir apprendre de nouvelles choses : comment garder et protéger mes animaux par exemple. Il faut que l’on soit très sérieux vis-à-vis de ce projet et que l’on travaille ensemble, en tant que communauté. » Duncan Shing’andu, éleveur bovin, village de Basanga « Je m’appelle Duncan Shing’andu, j’ai 44 ans et 6 enfants. Je viens du village de Basanga dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je cultive, j’élève des animaux et je travaille à la clinique de Basanga en tant qu’agent en médecine générale. Trouver de bonnes semences pour nos cultures est très difficile. Tout est très cher ! Je manque aussi de main d’œuvre pour mon activité d’élevage et pour le désherbage. La partie la plus compliquée consiste à nourrir correctement nos animaux pendant la saison sèche. A cette période, il n’y a plus d’herbe ni d’eau. Aujourd’hui, j’ai du lait mais personne pour me l’acheter. Grâce au projet, je pourrai enfin vendre mon lait pour couvrir mes frais et avoir une nouvelle source de revenus. En faisant partie de ce projet, cela me motivera à vraiment bien m’occuper de mes vaches. J’essaierai de mieux les nourrir afin d’avoir du lait de bonne qualité. J’espère que ce projet sera productif. S’il est correctement accepté et bien implémenté, il aidera les communautés ainsi que ma famille. J’acquerrai beaucoup de connaissances et ce sera une très grande opportunité de vendre du lait. Je pourrai subvenir aux besoins de ma famille. »

Maroc : le lancement du marrainage a débuté !

Dans le cadre du projet Envol des femmes, la mise en place d’une activité de marrainage est réalisée. Suite à une première initiative concluante avec le précédent projet Imik S’Imik, le marrainage a été reconduit pour l’ensemble des 102 éleveuses et filleules. Elles seront suivies par 34 marraines. Le marrainage, c’est quoi ? Des femmes expérimentées, appelées marraines, accompagnent donc de jeunes éleveuses, appelées filleules, dans la gestion globale de leur élevage, au côté de l’équipe projet. Pourquoi mettre en place le marrainage ? Il a été constaté dans les villages un manque d’implication des jeunes femmes dans les groupements villageois. Il a été également observé une difficulté de la part des femmes âgées notamment, à accepter l’engagement des plus jeunes dans les groupements et dans l’activité d’élevage. De même, il y a un manque de convictions de la part de l’entourage dans les capacités des jeunes femmes. Enfin, ces dernières ressentent également la peur de l’échec. Face cet ensemble de faits, l’équipe Rosa-ESF a cherché à impliquer les anciennes éleveuses et leur entourage afin d’intégrer plus facilement les jeunes femmes. L’objectif du marrainage C’est de permettre aux femmes nouvellement éleveuses d’être accompagnées non seulement par l’équipe ROSA, mais aussi, par des éleveuses anciennement bénéficiaires, expérimentées et désireuses de partager leurs connaissances apprises. C’est également de permettre une meilleure intégration de ces femmes dans leurs villages. Enfin, la mise en place du marrainage permet la transmission des bonnes pratiques aux autres éleveuses, à la suite du projet, afin qu’elle soit accompagnée par une éleveuse référente et expérimentée en élevage. Faire appel à une femme âgée expérimentée est déjà souvent utilisée dans les villages. L’équipe souhaite donc mettre en avant cette activité et encadrer ce processus pour : mieux accompagner les éleveuses dans leur montée en compétences favoriser le dialogue intergénérationnel favoriser l’intégration des jeunes dans la sphère publique du village  permettre davantage de reconnaissance dans les communautés des anciennes éleveuses bénéficiaires. Comment le marrainage s’organise ? Pour aider au bon suivi de proximité des marraines, le choix a été fait de former des groupes à raison d’une marraine pour 3 ou 4 filleules maximum. Des critères ont été définis pour s’assurer du bon fonctionnement et du soutien apporté au sein des groupes, tels que la proximité entre filleules et marraines et la bonne relation initiale. L’expérience acquise dans leur élevage, le souhait de transmettre à des plus jeunes et le maintien des bonnes pratiques enseignées par l’équipe ROSA sur le long terme sont également des critères pris en compte. Pour mettre en place ces groupes marraines-filleules, l’équipe se base sur ses connaissances des villages et des anciennes éleveuses bénéficiaires ainsi que des observations lors des visites terrain. Depuis fin janvier 2023, l’équipe met en place ces groupes marraines-filleules au sein des villages . Et sur le terrain alors ? 1ère étape : les nouvelles et anciennes bénéficiaires se réunissent pour expliquer leur activité et demander aux femmes comment elles font en cas de difficulté dans leurs élevages. Les personnes auxquelles elles font appel sont identifiées. De même les anciennes bénéficiaires présélectionnées et participant à cette réunion sont interrogées sur leurs pratiques et l’intérêt d’encadrer les plus jeunes. 2ème étape : les jeunes éleveuses de chaque groupe se réunissent chez leur marraine pour visiter son élevage. L’occasion de réexpliquer le fonctionnement du groupe. 3ème étape : l’équipe de Rosa suit les visites dans les villages et s’assure du bon accompagnement des marraines et du bon déroulé du groupe. 4ème étape : une réunion annuelle entre l’équipe et les groupes de chaque village est organisée pour s’assurer du bon fonctionnement général et rappeler les enjeux de la collaboration. Je remercie l’association Rosa de m’avoir donné l’opportunité de transmettre l’expérience que j’ai acquise à d’autres éleveuses grâce à leur encadrement et leurs formations. Fadma Hamidi Aline Migault Chargée de mission

[Témoignage] Fadma, une confiance et une estime de soi retrouvées

En novembre 2022, l’association ROSA a organisé une rencontre de sensibilisation au projet Envol des Femmes dans la région de Ouarzazate. L’occasion pour l’association de sélectionner les futures bénéficiaires du projet, plus précisément du micro-crédit animal, aussi appelé « Qui reçoit… donne ». Les bénéficiaires sont sélectionnés selon des critères bien précis : être jeune (moins de 35 ans) être membre de l’association locale être membre d’une famille à ressources économiques moyennes/basses être motivée à gérer un projet d’élevage être prête à construire une bergerie avec les moyens locaux disposer d’un terrain agricole pour cultiver la luzerne et le fourrage (locataire ou propriétaire) avoir de l’eau à proximité s’engager à assister aux formations et réunions dans le village et ailleurs. Lors de la rencontre, l’association Rosa, partenaire d’ESF, a rencontré Fadma. Elle remplissait tous les critères de sélection hormis celui de l’âge. Malgré cela, elle a été choisie car elle présentait un fort intérêt pour le projet et que son mari n’avait pas de revenus stables. Une femme en pleine mutation Au départ, Fadma n’avait pas d’élevage et souhaitait avoir des animaux pour développer sa propre activité et gagner des revenus. Elle avait une vie sociale restreinte et ne sortait que très peu de son village hormis avec son mari ou son fils aîné. Grâce au projet, elle a reçu une première formation sur l’abreuvement, l’alimentation et l’hygiène en décembre. Elle a ensuite reçu 2 chèvres. Depuis elle gère bien son activité et elle gagne en confiance. Sa vie sociale s’étoffe notamment grâce au contact des autres femmes du projet. Elle semble plus épanouie. Fadma témoigne… Ce témoignage recueilli en janvier s’est déroulé durant la seconde formation sur le thème « mise bas et soins donnés à la mère et aux petits à la naissance ». « Je m’appelle Fadma Boullatar, j’ai 42ans. J’ai 4 enfants, 2 filles et 2 garçons. Je suis mariée. Mon mari a un travail occasionnel. En ce moment, il travaille dans le café d’une station-service. Grâce au projet et depuis peu, je vends le lait de mes chèvres à la coopérative COROSA (coopérative laitière créée par l’association ROSA pour valoriser le lait de chèvres en produits transformés) pour avoir d’autres revenus et pouvoir faire face aux imprévus. Mes frères m’aident aussi. A côté, je continue aussi la rénovation de ma maison. Mes 2 filles utilisent un transport scolaire pour aller à l’école. Il est parfois difficile de payer ces dépenses et d’avoir encore de l’argent en fin de mois. Je me sens à l’aise pour travailler dans mon élevage, je le fais de bon cœur. Et je continue à travailler aux champs pour ma famille, je cultive désormais de l’aliment pour mes animaux. La vente de lait me permet d’acheter de la nourriture supplémentaire pour mes animaux. Grâce à cela, j’arrive à ne pas avoir trop de charges avec mon élevage. La seule contrainte au départ était la construction de ma chèvrerie car je n’avais personne pour m’aider à la construire ni le matériel nécessaire, mais maintenant c’est bon, j’ai réussi ! Grâce au projet, je bénéficie de nombreuses choses. J’ai accès à différentes formations sur les bonnes pratiques d’élevage : comment nettoyer l’abri, comment aider les animaux durant la mise bas, etc. J’ai pu améliorer ma confiance en moi aussi. Les rencontres avec les autres femmes me permettent d’oublier mes problèmes. Maintenant je suis contente, je me sens soulagée d’un poids. Ces rencontres me permettent de sortir, je me sens capable d’effectuer mes démarches, notamment administratives, toute seule. Avant, j’étais toujours à l’intérieur de ma maison, je ne passais que de la maison aux champs et des champs à la maison. Je ne savais pas comment était le monde à l’extérieur. Mais maintenant, je rencontre les autres bénéficiaires du projet qui sont devenues des amies. On sort ensemble. L’arrivée de ce projet a changé de nombreuses choses pour moi. Dans le futur, je m’imagine avec un grand enclos, devenir comme les anciennes bénéficiaires aujourd’hui expérimentées, arrivant à bien vendre avec leurs élevages et répondre aux propres besoins en viande de leur famille. Je souhaite aussi finir la rénovation de ma maison et assurer un futur à mes enfants, grâce aux revenus de mon élevage. Je remercie Rosa et tous ceux qui ont participé à ce projet. » Bravo Fadma ! Aline Migault Chargée de mission

Bénin : de nouveaux bénéficiaires identifiés pour 2023

Ce mardi 13 décembre 2022, la commune de Z-Kapota au Sud du Bénin accueillait les équipes d’ESFB afin de valider le choix des nouveaux éleveurs bénéficiaires du projet Filières Vertes pour l’année 2023. La réunion s’est déroulée toute la matinée en présence du chef du village et d’une cinquantaine d’adhérents de 2 coopératives agricoles locales. Ce moment a une importance toute particulière car elle permet à de nouveaux éleveurs vulnérables de bénéficier de l’appui des équipes d’ESFB pour professionnaliser leur activité d’élevage et ainsi dégager de meilleurs revenus pour subvenir aux besoins de leur famille. Chaque année, environ 40 nouveaux éleveurs peuvent devenir bénéficiaires du projet Filières vertes. Une cinquantaine d’éleveurs des 2 coopératives agricoles de volailles réunit dans la commune de Za-Kpota pour la validation du choix des 5 nouveaux bénéficiaires du projet Filières Vertes pour l’année 2023 Ce matin-là, 37 éleveurs avait fait la demande quelques mois plus tôt pour devenir des nouveaux bénéficiaires du projet. Au final, 5 d’entre eux ont été retenus sur des critères bien précis. Pour devenir bénéficiaire du projet, il faut effectivement répondre à un certain nombre de critères qui doivent permettre d’une part, de garantir aux foyers les plus vulnérables de sortir de la pauvreté mais aussi de s’assurer que ces familles seront en mesure d’assumer un élevage et ses contraintes sur le long terme. L’après-midi, l’équipe d’ESFB s’est rendue dans le village de Ouémé pour valider le choix de nouveaux éleveurs bénéficiaires au sein d’une coopérative de poulet gérée et administrée exclusivement par des femmes. Cette fois-ci, ce sont 3 éleveuses qui ont été choisies parmi les 7 qui avaient fait une demande de suivi. Éleveuses de la coopérative de volailles située dans le village de Ouémé dans l’attente de la remise du choix des nouvelles bénéficiaires pour l’année 2023 Parmi les critères de choix, il y en a 5 essentiels : L’âge : 75% des éleveurs doivent avoir entre 18 et 35 ans. L’objectif étant de participer à la dynamisation des campagnes en limitant l’exode rural et en encourageant les jeunes à s’installer dans des métiers d’élevage. Le genre : 65% des bénéficiaires sont des éleveuses. En effet, au Bénin, comme dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, ce sont les femmes qui assurent les tâches agricoles et cela permet d’améliorer leur autonomie financière. Le concept de « ménage » : l’objectif étant de pouvoir sortir un maximum de familles de la précarité, seule une personne du foyer peut bénéficier du projet La motivation : au préalable, un entretien de motivation est réalisé par l’un des conseillers terrain de l’ONG ESFB afin de déterminer le niveau de viabilité et de pérennité que pourra avoir le projet sur le futur bénéficiaire. Le but étant qu’in fine, l’éleveur améliore son revenu et gagne en autonomie financière de manière durable. Les critères zootechniques : l’élevage et le domicile de l’éleveur doivent être proches géographiquement afin de limiter les phénomènes de divagation des animaux mais aussi afin de permettre une surveillance régulière. L’éleveur doit également garantir qu’il dispose d’un espace minimum pour assurer le bien-être des animaux. Une fois le choix des nouveaux éleveurs bénéficiaires validé auprès des coopératives, il reste une toute dernière étape qui attestera officiellement leur suivi et leur accompagnement au sein du projet Filières Vertes. À savoir, la participation à leur toute première formation sur la conduite d’un élevage. Cette formation est primordiale car elle atteste de la motivation de l’éleveur ainsi que de sa capacité à assurer le suivi d’un élevage et des nouveaux animaux qui lui sont donnés. Passée cette étape, ESFB fournira des animaux selon le principe du « Qui reçoit… donne » et accompagnera le nouvel éleveur dans la structuration de son bâtiment d’élevage (mise en place d’abreuvoirs, mangeoires, …). Il est important de préciser que ces formations sont accessibles à tous, y compris aux éleveurs qui ne bénéficient pas du projet Filières Vertes. L’idée étant de diffuser le plus largement possible l’expertise en conduite d’élevage. Houénagnon Tomoussossi Houénagnon a 38 ans, elle fait partie des nouvelles bénéficiaires sur la commune de Za-Kpota. Maman de 5 enfants âgés de 2 à 18 ans, elle est veuve depuis 2 ans et a débuté l’élevage de poulets début 2022 afin de subvenir aux besoins de ses enfants et de leur assurer une scolarisation. Aujourd’hui, seulement 2 d’entre eux vont à l’école. Son but étant de pouvoir tous les envoyer à l’école grâce à son métier d’éleveuse. Actuellement elle possède 3 poulets et 1 coq mais sa motivation en étant suivie par ESFB est de « gagner en technicité, moderniser son élevage avec des enclos afin d’éviter la divagation et la perte d’animaux ». Son objectif d’ici 3 ans serait d’avoir 30 poulets qui lui permettraient d’assurer un revenu minimum pour faire vivre sa famille. Francisca Sakato Francisca a 36 ans, elle est mariée et maman de 4 enfants âgés de 3 à 12 ans qui vont tous à l’école. Son mari est chauffeur de taxi et elle a décidé en 2021 de démarrer un élevage de poulet et de s’en occuper entièrement seule. En parallèle de son activité d’élevage, elle fait des ménages et vend des condiments sur les marchés. Elle s’est portée volontaire pour bénéficier de l’appui d’ESFB car elle souhaite améliorer ses revenus, être rentable et vivre exclusivement de son métier d’éleveuse pour ne pas avoir à s’absenter de son domicile et s’éloigner trop longtemps de sa famille. Aujourd’hui, elle possède 6 poules et 1 coq et souhaite au cours de l’année 2023 passer à 8 poules, 2 coqs et faire naître une quinzaine de poussins. Sarah Charvet Chargé de projets

[Témoignages] En Zambie, la bonne santé des animaux et des hommes est un enjeu majeur !

Melick et Malambo sont bénéficiaires du projet « Des Lions et des Vaches » en Zambie. Ils ont tous les deux bénéficié du projet communautaire vétérinaire mené par notre partenaire Melindika. Ce projet consiste à mettre en place des services vétérinaires à l’attention des éleveurs des communautés. Des ateliers et campagnes de sensibilisations sont organisés pour garantir la santé des élevages et des hommes. Les assistants en santé animale formés par Melindika sont présents dans la majorité des villages soutenus par le projet pour assurer les soins de base et vaccinations, vendre des produits vétérinaires et former les éleveurs en santé animale. En améliorant la santé des troupeaux, le projet contribue à la sécurisation des moyens d’existence essentiels à la survie des populations de la chefferie Musungwa. @Mélindika Malambo Hamane, assistant en santé animal et éléveur bovin, village d’Ibula Je m’appelle Malambo Hamane, j’ai 35 ans et 2 enfants de 8 et 5 ans. Je viens du village d’Ibula situé dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis de l’agriculture. Depuis plusieurs années maintenant, je suis aussi Assistant en Santé Animale auprès de SOLEWE, pour mon village. L’élevage n’est vraiment pas facile. Le principal challenge concerne les médicaments. Si les animaux ne sont pas bien traités comme, par exemple, un mauvais dosage ou alors un médicament pas adapté, cela conduit à une baisse voire à un échec de production. Rien n’est facile. Le pâturage est aussi très difficile car je n’ai pas de main d’œuvre pour emmener mon troupeau pâturer dans les plaines. Cela rend le pâturage très limité. Et si mes vaches ne mangent pas comme il faut, alors cela a un impact sur la productivité de mon troupeau. Si j’avais plus d’argent, j’achèterai une bonne clôture afin de protéger mes animaux et de pouvoir délimiter l’aire de pâturage. Avoir une bonne clôture est en réalité plus important que d’avoir de la main d’œuvre pour moi. En étant Assistant en Santé Animale, j’ai appris à diagnostiquer, à vacciner, à injecter, à vermifuger. J’ai aussi appris les différentes maladies qui existent et comment les combattre. Mon activité est plus forte à présent car mes animaux sont en bonne santé. Je suis capable de les soigner quand ils en ont besoin. Et un animal en bonne santé est signe que l’élevage se développe bien et que mon activité évolue. La clé de l’agriculture et de l’élevage plus particulièrement, est d’avoir des animaux en bonne santé. Grâce au projet, mon quotidien s’est amélioré et mes revenus ont augmenté. Les fermiers de mon village bénéficient de mon assistance technique vétérinaire. Je les forme, je leur facilite l’accès aux médicaments, ceci afin qu’un maximum d’éleveurs puisse avoir des animaux en bonne santé. @Mélindika Melick Kapoyo, éleveur bovin, village d’Ibula Je m’appelle Melick Kapoyo, j’ai 44 ans et 11 enfants. Je viens du village d’Ibula situé dans la chefferie de Musungwa en Zambie. Je vis principalement de l’agriculture, j’ai des animaux et des cultures. Je fais aussi de la poterie afin d’avoir d’autres revenus. Mon plus gros challenge est de soigner mes animaux car les médicaments coûtent cher et je n’ai pas énormément d’argent. J’ai 150 vaches à soigner, ça fait beaucoup ! Grâce au projet, j’ai accès à des campagnes de vaccination ainsi qu’à des soins pour protéger contre les tiques. Globalement, je traite mes animaux tout seul. Mais quand c’est trop difficile, j’appelle Malambo, l’Assistant en Santé Animale d’Ibula afin qu’il puisse m’aider. C’est auprès de lui que je me fournis en médicaments. Lui sait me conseiller. Et j’ai appris beaucoup de choses depuis que je fais partie de ce programme. Je peux dire que, grâce au projet, mes animaux sont sains et en bonne santé. Je peux produire plus et élever plus d’animaux.

[ Témoignages ] Burkina Faso : quand l’élevage améliore les conditions de vie d’une veuve et de ses enfants

Barkoundouba, commune de Ziniare, région du Plateau Central, Burkina Faso Une précarité accentuée par un statut de femme, veuve, avec enfants à charge « En 2007, Guidi perd son mari qui lui a laissé à sa charge 6 enfants : 3 filles et 3 garçons. De l’héritage de son défunt mari, elle n’a rien perçu. Elle vivait au dépend de sa belle-famille avec qui les mésententes se sont multipliées et elle s’est vue obligée de s’installer seule avec ses enfants. Nourrir sa famille, scolariser ses enfants, deviennent ainsi un dilemme pour cette mère célibataire. Malgré les rares soutiens ponctuels de son entourage, il lui fallait plus pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle savait s’occuper des vaches comme son mari a pris soin de lui apprendre de son vivant. Et elle a tenté… Guidi s’est donc lancée dans l’élevage. Sensible aux difficultés traversées par la veuve, une bonne âme a volé à son secours en lui octroyant un prêt, avec lequel Guidi a acheté une vache laitière. Elle a pu gagner un peu d’argent avec la vente du lait. Non sans effort : en l’absence de moyen de déplacement, elle marchait plus de dix kilomètres jusqu’au marché de Ziniaré pour vendre son lait. Guidi a pu rembourser ce premier prêt avec ses économies mais aussi avec la vente de l’animal… Elle entame par la suite des démarches pour obtenir un nouveau prêt et une nouvelle vache. Face à sa situation sociale et au regard de sa détermination, elle a été sélectionnée par le projet « la Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga« . Elle témoigne sur les changements apportés par le projet dans sa vie et sa famille, accompagnée d’une de ses filles, Rasmata, nouvelle bachelière orientée en linguistique à l’Université de Koudougou. » Un renforcement des capacités bénéfique : la parole à la bénéficiaire « Je suis Guidi BARRY et j’ai la cinquantaine. Grâce au projet, ma vie a changé et je garde l’espoir que demain sera meilleur. Le projet m’a permis de voir l’élevage différemment. Un élevage avec plus d’expérience peut faire de toi une femme épanouie. A présent, je connais les différentes races de vaches et de chèvres et ainsi je peux orienter mon élevage. Mes capacités ont été renforcées sur l’alimentation des animaux. Je sais que pour obtenir un lait de qualité il me faut bien nourrir mes animaux, respecter des règles d’hygiènes et faire suivre la santé de mes animaux par un vétérinaire. Il faut être rigoureuse dans ses pratiques pour avoir de l’argent. Avec les formations en marketing que j’ai reçues, je vais à la recherche de clients. En juillet, j’ai reçu du niébé fourrager que j’ai semé. C’est la première fois que je fais cette culture. J’ai aussi reçu un bouc et deux chèvres. Ces animaux représentent beaucoup pour moi ; c’est pourquoi je leur apporte les plus grands soins. » « Une maman plus forte c’est rassurant et motivant » : témoignage de la fille de la bénéficiaire « Je suis Rasmata BARRY, fille de Guidi BARRY. Depuis que mon père n’est plus, c’est maman qui est notre papa. Elle a toujours fait de son mieux pour nous mettre quelque chose sous la dent tous les jours. Depuis qu’elle participe au projet, Maman est plus engagée dans ses activités d’élevage. Auparavant elle ne faisait pas recours aux services vétérinaires. J’ai été très heureuse de la voir revenir à la maison avec un bouc et deux chèvres. Elle est aux petits soins avec ses animaux. C’est avec l’élevage que notre mère subvient à nos besoins. Ma mère représente tout pour moi et j’ai conscience que je dois la rendre fier et la remercier de tout son soutien. »