Des nouvelles des jeunes éleveuses de chèvres du projet Imik S’Imik
4 jeunes éleveuses de chèvres soutenues par leur marraine Fatma 📍 Tamassint, à l’ouest de Ouarzazate au Maroc. La rencontre à Tamassint d’une marraine et de ses 4 filleules est édifiante. Les 4 jeunes femmes sont heureuses d’avoir eu l’opportunité de débuter leur propre élevage et de commencer à tirer des revenus grâce à la vente du lait de leurs chèvres à la fromagerie COROSA. Fatma, une éleveuse appuyée depuis longtemps par ROSA et très investie dans l’association des femmes de Tamassint, les a convaincues et les accompagne dans leurs débuts. Fatma (marraine) et ses éleveuses Ouidad, Ilham, Fatima et Fatima Mis en place dans le cadre du projet Imik S’Imik, ce marrainage est apprécié tant par les jeunes que par la marraine, Fatma. Pour cette dernière, c’est un plaisir de transmettre et de donner une chance aux jeunes femmes de son village : « Elles ont besoin d’aide ! J’ai reçu de l’aide quand j’en avais besoin, et je connais leur situation à chacune. C’est pour cela que je les aide à mon tour ». Fatma a pris le temps de diffuser l’information autour d’elle, d’aller chercher des jeunes qui pouvaient être intéressées par une activité d’élevage, qu’elles soient adhérentes à l’association des femmes ou pas, qu’elles soient mariées ou pas, peu importait. Le critère était leur motivation et leur envie de réussir. Réception des chèvres, portes et mangeoires par les bénéficiaires Pour Ouidad, jeune éleveuse, le projet Imik S’imik est enthousiasmant car il permet une véritable reconnaissance des jeunes. A départ, des personnes du village lui ont dit qu’elle ne réussirait jamais. Mais le marrainage et les formations collectives de ROSA l’ont aidée à ne pas les écouter. Après 10 mois de projet, elle vend du lait chaque semaine à la fromagerie. Ses revenus lui permettent entre autres d’avoir la satisfaction et la fierté de « donner quelque chose de sa propre poche à ses enfants ». Ouidad pense même à ouvrir son propre compte en banque, pour y déposer son argent. La rencontre organisée avec d’autres coopératives lui a montré jusqu’où elles pourraient aller, et elle compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin. Ilham, elle, avait déjà une activité qui lui procurait un revenu, celui de garde d’enfant. Seulement ce qu’elle gagne est bien trop peu et l’activité d’élevage, qui lui prend moins de temps (environ 2 à 3h par jour), lui rapportera bientôt plus que son salaire d’enseignante (500Dhr/mois). Les formations suivies durant le projet lui ont apporté « de la rigueur, [l’ont aidé à] bien organiser son temps », et cela lui a donné envie « de développer cette activité d’élevage ». Son souhait, surtout, est de créer une association dans son village d’origine à côté de Zagora, pour transmettre ce savoir qu’elle a acquis, « car là-bas, il y a plus de pauvreté ». Pour Fatima, les formations à l’entrepreneuriat lui ont montré l’intérêt de créer sa propre entreprise. Elle voit aujourd’hui ce qu’elle a comme capacité, et ce qui lui manque. Et puis pour elle, le moment qu’elle n’oubliera pas, c’est la sortie entre marraines et filleules, car elle n’était allée au restaurant avant. Elle n’avait également jamais suivi de formation : « le premier jour, mon stylo tremblait… ». Formation des éleveuses : parage des onglons (ou entretien des sabots des chèvres) Enfin, la cadette avec tout juste 26 ans, la deuxième Fatima du groupe a vu sa vie changer par ce projet. Elevée par sa mère seule, Fatima sortait très peu, aidait sa mère et n’avait pas de projet à elle. Dans les jardins où elle va pour aider sa mère aux travaux des champs, Fatima entend parler de ce projet d’appui à l’élevage de chèvres, réservé aux jeunes. Elle prend son courage à deux mains et se rend chez Fatma pour candidater et devenir bénéficiaire de ce projet. Quand l’équipe de ROSA vient lui rendre visite, elle et sa mère ont déjà construit l’abris pour accueillir les chèvres afin de montrer leur motivation et montrer que Fatima est capable de s’investir dans ce projet d’élevage. Rapidement, Fatima développe un réseau de quelques clients qui lui achètent directement du lait, en plus de ce qu’elle peut livrer à la coopérative COROSA. La coupe de la luzerne dans les champs La joie et le dynamisme de ces 4 jeunes femmes est à l’image de l’engouement qu’a suscité le projet Imik S’Imik auprès des 25 jeunes femmes bénéficiaires du projet. Leurs troupeaux sont encore petits aujourd’hui, nécessitant encore quelques mises-bas pour stabiliser les productions de lait. Les connaissances techniques sont encore à consolider, notamment grâce au relai des marraines des groupes de femmes leader, animés par ROSA depuis une dizaine d’années. La suite du projet « Imik S’Imik », appelée « L’Envol des femmes », vient de débuter en novembre et permettra de poursuivre l’appui technique de ces jeunes éleveuses, le temps nécessaire à la pérennisation de leur activité économique naissante. Pauline Casalegno, directrice d’Elevages sans frontières Je soutiens ces éleveuses
Des nouvelles des éleveuses de la Voie Lactée de l’Oubritenga au Burkina Faso
« Des nouvelles des éleveuses de la Voie Lactée de l’Oubritenga au Burkina Faso » Il y a quelques mois nous vous avions emmenés dans le village de Nakamtenga sur la commune de Ziniare, au cœur de la zone d’intervention du projet « La Voie Lactée des femmes de l’Oubritenga » qui vise une amélioration de l’entrepreneuriat féminin et de l’autonomisation des femmes. Adama Diallo, présidente du groupement féminin « Potan », avait été notre guide. Elles et ses consœurs avaient échangé avec nous sur les contraintes rencontrées par les femmes dans le développement de leurs activités d’élevage. Début octobre 2021, nous sommes repartis à la rencontre de ces femmes pour une visite des 22 ménages des agroéleveurs de Nakamtenga engagés dans le projet : 12 dans le quartier Peulh Nonemtenga et 10 dans le quartier Mossi. L’environnement a bien changé depuis avril. L’hivernage, saison des pluies des zones sahéliennes, a tout fait verdir et pousser. Nous traversons des champs d’arachides, de mil, de maïs et de sorgho. Les motos patinent dans la boue par endroits. Difficile parfois de trouver la bonne piste pour accéder aux concessions très éloignées les unes des autres. La place nue et poussiéreuse où nous avions fait notre rencontre en avril, à l’ombre d’un pauvre arbre, est maintenant noyée dans un océan de végétation. Malgré ce dédale vert, Iliasse Tiemtoré, le nouveau chargé de projet APIL exprime son inquiétude : « Tu as vu l’état de certaines parcelles… C’est pas terrible : ça pourrait menacer la sécurité alimentaire. » Le bilan des récoltes qui commence juste parlera et nous dira si la saison pluvieuse a été bonne ou mauvaise. Les villages sont déserts : tout le monde est aux champs. La pluie qui est tombée ce petit matin est propice aux travaux champêtres. Djeneba Bandé qui nous avait montré les briques qu’elle avait rassemblées pour la construction de son étable, s’est faite « piéger » par l’hivernage. « Le champ collectif des hommes est maintenant en cultures. Il était prévu que je fasse construire mon étable là-bas. Le mil a poussé. Je ne peux plus installer mon bâtiment d’élevage maintenant. Dans la coutume, on ne peut pas couper les cultures comme ça. Je dois attendre après la récolte. Mais mon mari devra m’aider : toutes mes briques ont été gâtées par la pluie. » Est-ce la vraie explication ? Djeneba a-t-elle du faire face à une urgence familiale qui l’a incitée à utiliser l’appui projet ? Tout ne se dit pas parfois. Adama notre guide de la dernière fois nous a rejoint et nous explique : « Sur les 12 femmes du quartier Nonemtenga qui ont été appuyées dans le village, elles sont deux à ne pas avoir pu construire leur étable. Nous avons toutes été appuyées par nos maris pour compléter la subvention donnée par le projet (60 000 FCFA = 92 €) et destinée à l’achat de matériaux. En ce qui me concerne, mon ménage a dû rajouter 200 000 FCFA (305 €) pour finir la construction recommandée par le projet (14 m², 10 feuilles de tôle, 9 poteaux, 3 chevrons, 1 chape en béton et des murs ou murets) ». Son étable est une des plus jolies et des plus avancées. Non loin de là, le hangar qui, en avril, supportait des résidus de culture et abritait 2 béliers et un taurillon a été démonté. Abraham Kalaga et Awa Sawadogo, les animateurs d’APIL mobilisés sur le projet, sont satisfaits. Le message est passé : « Lors des réunions et des formations nous avions insisté sur le fait que si la femme est bien, tout le ménage sera bien. Le soutien des maris a payé ». Adama surenchérit : « Et vous nous avez bien accompagnées. Je peux dire que le suivi était fait à 150 %. A chaque fois ils étaient là : pour sensibiliser, pour expliquer, pour remettre l’argent, pour choisir le lieu d’implantation de l’étable, pour voir le rassemblement des matériaux et des matériels et pour suivre les constructions. » Plus loin, nous tombons sur Salamata Bandé. Elle est parmi les animaux revenus du pâturage et se prépare à la traite. Sur les 16 vaches que compte le troupeau, seules 4 sont suitées [1] et donnent donc du lait. Un des veaux ne se sent pas bien : il ne tient pas sur ses pattes. Le vétérinaire a été appelé (« Meilleure santé ! » comme on dit ici). Salamata nous montre son étable autour duquel des petits ruminants s’ébattent. Elle pointe du doigt le tas de 350 briques en banco [2] que la pluie a gâtées et avec lesquelles elle comptait construire son bâtiment d’élevage. « Le maçon a tardé à venir. A 35 FCFA la brique, j’ai perdu 12 250 FCFA ; sans compter le transport : 10 000 FCFA ! ». Son mari Saïdou Bandé [3] l’a aidée et a racheté des briques, mais « en dur » cette fois-ci [4]. L’appui de Saïdou est louable et semble sincère mais il faudra veiller à ce que l’investissement réalisé ne justifie pas un contrôle exclusif de l’atelier d’élevage de sa part. Adama tente de rassurer : « Nos maris ne vont pas nous enlever ceci. Ils ne peuvent pas. » Elle complète les explications : « Les peulhs ne savent pas comment faire les briques. On doit les acheter et faire appel aux maçons. Ils ne sont pas toujours disponibles et avec la préparation de la fête nationale du 11 décembre qui va se dérouler à Ziniaré cette année, beaucoup sont mobilisés sur le chantier de la cité [5]. D’ailleurs j’aimerais que mon enfant s’initie à la maçonnerie ». Un marché est à prendre. Adama, femme leader précurseur avec toujours un temps d’avance sur ses consœurs, sa communauté, son temps… Pendant ce temps, Salamata a commencé la traite d’une vache peulhe noire. Son veau est attaché un peu plus loin et observe ce partage du lait imposé par l’Homme. Le lait fuse dans la calebasse. La traite
L’année de la pandémie est marquée par un pic de la faim dans le monde
L’année de la pandémie est marquée par un pic de la faim dans le monde Comme les Nations Unies l’ont fait savoir récemment, la faim dans le monde s’est aggravée de manière dramatique durant l’année 2020 – une grande partie de la hausse est liée aux conséquences du Covid-19 et aux changements climatiques. Il est estimé que 811 millions de personnes soit environ un dixième de la population mondiale – était en situation de sous-alimentation en 2020. Et c’est l’Afrique qui a connu la plus forte poussée de la faim, avec une prévalence de la sous-alimentation estimée à 21 % de la population. Cette crise sanitaire révèle la fragilité profonde des systèmes alimentaires locaux : les petits producteurs peinent à vivre dignement de leur travail, dépendent des chaînes d’approvisionnement et des marchés locaux, sont trop peu soutenus face aux crises sanitaires et climatiques et font face à la concurrence des importations et au manque de filières pour valoriser leur production. Ce qui peut être fait La transformation des systèmes alimentaires est essentielle pour atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et permettre à tous d’avoir accès à une alimentation saine. Une des voies à suivre est de renforcer la résilience des plus vulnérables face à l’adversité économique – en mettant par exemple en place des programmes d’aide en espèces ou en nature pour réduire les conséquences de la pandémie ou l’instabilité des prix des denrées alimentaires. Ce que fait Elevages sans frontières sur le terrain Les équipes d’Elevages sans frontières contribuent à l’organisation d’un système alimentaire durablement plus juste par l’implantation d’activités d’élevage familial productives et respectueuses de l’environnement, par l’appui de pratiques agroécologiques, par le développement de circuits courts et la promotion de la production locale. Au Togo, les agroéleveurs s’initient à la production de compost en valorisant la fumure animale de leurs élevages. Dorénavant, la disponibilité d’engrais vert produit sur leurs exploitations agricoles permet progressivement de réduire la dépendance aux intrants chimiques et de reconstituer la fertilité de sols. En savoir plus sur le projet « du Champ à l’Assiette » Au Bénin, pour une consolidation du « Produire Local – Consommer Local », nous mettons en place un modèle innovant et écoresponsable de circuit-court de viandes locales, basé sur un partenariat entre des éleveurs et une entreprise privée. En savoir plus sur le projet « Filières vertes » Au Burkina Faso, nous améliorons la production laitière et la résilience des systèmes d’élevage dans le but de renforcer la résilience des éleveuses burkinabè. Notre appui passe par l’expérimentation de l’élevage caprin laitier conduit par les femmes, le développement d’un circuit court, juste et équitable pour une offre de produits laitiers de qualité et la promotion des produits locaux auprès des consommateurs. En savoir plus sur le projet « La voie lactée des femmes de l’Oubritenga » Au Maroc, afin d’améliorer autonomie sociale et économique des femmes, nous renforçons leurs compétences techniques et entrepreneuriales. Nous appuyons les initiatives collectives des éleveuses. En savoir plus sur le projet « Envol des femmes » Ensemble, engageons-nous avec détermination et pragmatisme pour une alimentation locale suffisante pour tous, en quantité et en qualité. La sécurité alimentaire de millions de personnes – dont beaucoup d’enfants – est en jeu. Il faut agir maintenant pour espérer atteindre l’objectif «Faim zéro» pour 2030 des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Je fais un don
Bilan et résultats du projet « Eleveur, un métier d’avenir » – Bénin
A quelques jours de la fin du projet béninois « Eleveur un métier d’avenir », nous souhaitions vous faire le bilan des activités mises en place et partager le témoignage d’une bénéficiaire dite « éleveuse talent » qui vient illustrer l’impact économique et social de cette activité sur son quotidien. Rappel des objectifs du projet Le projet vise à participer au renforcement d’une économie locale qui contribue à la réduction de la pauvreté par l’accès à des emplois décents. Le projet poursuit 3 objectifs principaux : – Permettre la (ré)insertion des jeunes en grande précarité sociale et économique par l’élevage. – Favoriser les pratiques agricoles durables et solidaires – Appuyer les éleveurs.ses pour mettre en place des circuits courts de commercialisation durables de leurs produits, basés sur les systèmes alimentaires territorialisés soutenus. Les résultats à date Le projet a démarré en septembre 2019 pour prendre fin en septembre 2021. 1er résultat : Les élevages permettent la (ré)insertion de 36 jeunes très vulnérables en grande précarité sociale et économique. – Installation et équipement d’un élevage de lapins pour chaque bénéficiaire (bâtiments, matériels, formations, aliments de démarrage, cages, mangeoires, abreuvoirs, boites à nid, etc.) – Formation et organisation des 36 jeunes en deux coopératives solidaires – Appui à la commercialisation (dotation de matériels de ventes groupées, atelier d’appui à la commercialisation, mise en lien commercial, organisation de ventes groupées, installation d’un poste de vente de lapin) – Elaboration de 15 plans d’affaire et mise en relation avec les services financiers décentralisés pour 15 potentiels entrepreneurs. 2ème résultat : les éleveurs vulnérables développent des élevages améliorés durables grâce à la complémentarité cultures-élevages et à la solidarité entre éleveurs talents et éleveurs vulnérables. – Identification, formation et installation de 128 nouvelles familles – Distribution de 1 050 poulets, 40 lapins, 35 caprins et 110 ovins selon le « Qui reçoit… donne » (microcrédit animal) – Formation et équipement de 6 Vaccinateurs Villageois d’Animaux formés et équipés + une campagne de vaccination de 1 737 poulets, 1 280 petits ruminants et 831 lapins. 3ème résultat : les acteurs des filières poulet, lapin et petits ruminants mettent en place des circuits courts de commercialisation durables basés sur les systèmes alimentaires territorialisés soutenus. – Identification et formation de 14 nouveaux Talents – Formation de 25 anciens Talents sur l’entrepreneuriat et l’élaboration de plan d’affaire – Accompagnement spécifique de 89 Talents pour le développement de leurs activités – Instauration et dynamisation d’un comité de commercialisation Les bénéfices environnementaux Le projet a choisi d’accompagner l’élevage des animaux en enclos et encourage les initiatives respectueuses de l’environnement à savoir la valorisation des fientes des animaux comme fumure organique pour les cultures et la promotion des champs fourragers pour l’alimentation des petits ruminants. Ainsi les déchets d’une activité sont valorisés pour en renforcer une autre. Témoignage d’Aimée KAKPO, Éleveuse Talent Je m’appelle Aimée, je suis éleveuse et revendeuse de riz. J’ai 37 ans et je suis mère au foyer, mariée à BESSAN Antoine âgé de 39 ans avec qui j’ai fondé une famille. Nous avons 8 enfants dont l’ainée a déjà son baccalauréat. Ma deuxième fille est en formation d’auxiliaire d e pharmacie, mon troisième en apprentissage de vitrier et les autres sont encore au cours primaire, sauf la benjamine qui n’a pas encore commencé les classes. Nous résidons dans le village Vêha dans la Commune de Lokossa. Je suis membre de la coopérative « GBENONDOU » de Vêha qui a bénéficié des appuis d’ESFB en 2019. Notre organisation a été fidèle en matière de remboursement de QRD. Au début du projet, ESFB m’a doté d’un bâtiment d’élevage, j’ai reçu également des mangeoires et abreuvoirs et 10 poulets. J’ai participé aux formations sur l’élevage. Avec les suivis appui conseils au domicile, j’ai acquis les techniques d’élevage qui m’ont permis de rapidement réussir mon entreprise. Mon mari travaille avec moi dans l’élevage et nous avons ensemble réussit le projet. Grâce à nos résultats, j’ai été primée par ESFB en 2020 et 2021 comme meilleure éleveuse « Talent ». J’ai reçu des compléments de matériaux qui m’ont permis d’agrandir le poulailler. J’ai pu agrandir l’ancien poulailler sur une superficie d’environ 80m² que j’ai divisé en trois. Cela m’a permis de loger les géniteurs à part, les jeunes à part et les poussins à part. Aujourd’hui, dans mon élevage, j’ai un effectif de 6 coqs, 36 poules et 216 jeunes poulets. J’ai également étendu mes activités aux petits ruminants et aux porcs. A ce jour j’ai 11 caprins et 17 porcs. Grâce à l’élevage, les scolarités de mes enfants sont payées ; mon mari et moi avons acquis des parcelles de terre pour un montant de 990.000 FCFA dont 200.000 FCFA sont venus de l’élevage. Nous voulons nous lancer dans la production de poules pondeuses en commandant 100 sujets d’un montant de 65.000 FCFA issu des ventes. Tout ce qui nous reste à faire est de ramener l’eau à la maison vu la distance que nous parcourons pour nous approvisionner. Je remercie sincèrement ESFB et ESF pour cet accompagnement qui a permis de consolider une famille qui s’épanouit bien et se porte mieux dans le village. Eleveur, un métier d’avenir Permettre l’insertion socio-économique des jeunes et familles vulnérables béninoises grâce à l’élevage. JE DÉCOUVRE Projet Rien n’aurait été possible sans le soutien de nos donateurs et partenaires. Merci d’agir à nos côtés.
Regard sur la période de soudure
La plupart des pays où Elevages sans frontières intervient sont marqués par des risques alimentaires qui se cristallisent souvent au court de ce qu’on appelle la « période de soudure ». On nomme ainsi la jonction entre deux récoltes, de durée très variable, précédant les premières récoltes et où les réserves de la récolte précédente sont épuisées. Les greniers sont vides et il faut pourtant aller au champ cultiver et faire face aux besoins de chacun. La réponse à cette période difficile passe notamment par une organisation de stocks de céréales ou d’animaux et une adaptation à cette période de soudure qui va varier en fonction des territoires (climat, fertilité des sols, etc.), mais aussi en fonction des communautés voire des familles (combien de bouches à nourrir, qui travaille, etc.). La durée de la période de soudure dépend donc fortement de la vulnérabilité sociale et économique des populations. Anticiper et prévenir ce moment parfois très difficile nécessite de prévoir et gérer les stocks durant 2, 3, parfois 6 mois, en fonction des personnes à nourrir, des autres sources économiques possibles et de la durée hypothétique à tenir avant les récoltes suivantes. Assurer l’alimentation de sa famille et une source de revenus monétaires nécessitent aussi une capacité de production durant la période culturale, en quantité et en qualité suffisante. Concernant les animaux, l’enjeu est d’assurer l’abreuvement et l’alimentation. Traditionnellement, les populations rurales mettent en place des stratégies d’adaptation et n’ont bien sûr pas attendu les appuis extérieurs pour chercher et trouver des solutions. Toutefois les changements climatiques, les crises sanitaires et sécuritaires bouleversent brutalement ces pratiques. Dans un contexte de crises et de risques plus élevés de catastrophes naturelles, sociales et sécuritaires, les populations peinent parfois dans ce contexte à trouver des adaptations. C’est face à cette vulnérabilité accrue qu’il est important et urgent d’agir, afin de travailler à la réduction des risques et aux moyens durables d’y faire face. Le chemin est long et parfois ardu, mais la capacité d’innovation et de résilience des populations est importante.
Zoom sur un métier pour les jeunes
Des lapins et des pintades offrent des perspectives d’avenir aux jeunes. Dans les pays où Elevages sans frontières intervient, les populations sont souvent très jeunes avec un âge médian de moins de 20 ans. La formation et l’insertion professionnelle sont donc des enjeux cruciaux pour éviter les risques de marginalisation, de précarité et de chômage des jeunes. Au Sud Bénin, des jeunes en situation de grande vulnérabilité, due à des accidents de vie, des décrochages scolaires, une absence d’accompagnement de leurs familles ou un manque de moyens matériels et financiers, ont été formés aux techniques d’élevage de lapins, animal très prolifique dont la viande est très demandée. Grâce à leur élevage de lapins, Firmin, 19 ans, a commencé son apprentissage en menuiserie et Judicaël, 20 ans, a pu s’inscrire à une formation en couture à Allada. Christine, 17ans, veut quant à elle réussir et prospérer dans son activité d’élevage, pour construire une maison pour sa famille mais aussi rendre fier son entourage. Au Nord Togo, une quarantaine de jeunes se sont formés à l’élevage de pintades au sein des Maisons Familiales de Formation Rurale*. Ils sont aussi accompagnés dans la mise en place de leurs élevages : grâce au financement de son projet par la COOPEC-SIFA**, Lare, 30 ans, a construit et équipé un poulailler. Son élevage compte 500 volailles et il a déjà gagné 2 287 € depuis le lancement de son activité en juin 2020. Sans ces appuis, il aurait cherché du travail en ville, privant les campagnes d’activités porteuses d’avenir. L’élevage lui a permis de rester dans son village et il compte aujourd’hui s’investir définitivement dans cette activité.
Au cœur des bienfaits de l’élevage familial pour faire face aux crises
L’élevage, un élément clé de la sécurisation alimentaire et filet de protection En temps de crise, l’élevage est facteur de résilience pour les populations en contribuant de différentes façons à leur subsistance quotidienne. L’élevage est tout d’abord un élément de sécurisation alimentaire par ses apports nutritifs en protéines animales (viande, lait, œufs) qui permettent tout au long de l’année de diversifier l’alimentation des ménages paysans. Par exemple, les produits laitiers sont une source de calcium indispensable au développement des plus jeunes et complètent des régimes basés essentiellement sur des céréales. Lors des périodes de soudure, où les réserves alimentaires s’épuisent et les nouvelles récoltes sont à venir, la vente d’animaux et de produits animaux apporte des ressources monétaires utilisées pour l’achat de nourriture. L’élevage est aussi une épargne à court et moyen terme, mobilisable rapidement pour des dépenses courantes (frais de scolarité, achat d’aliments) ou imprévues (maladies, accidents) et souvent vue comme plus sûre qu’un compte bancaire. La pandémie de Covid-19 a montré que l’élevage est une béquille pour de nombreux ménages ruraux accompagnés. Ceux-ci ont pu vendre une partie de leurs animaux pour pallier la fermeture des marchés et le ralentissement des échanges économiques sur leurs territoires. Par ces différentes contributions, l’élevage permet aux paysans d’atténuer et de prévenir les risques alimentaires et économiques. Pendant le confinement sanitaire, les éleveuses ont aidé des familles à se nourrir avec leur lait de chèvre. L’élevage, un levier d’insertion socio-économique des publics marginalisés Pour les catégories de populations les plus défavorisées comme les femmes, les jeunes, migrants et réfugiés, les périodes de crises structurelles ou conjoncturelles renforcent les inégalités sociales existantes. Ces populations ont très peu accès à des ressources pour produire, que ce soit des animaux, des terres, etc. Quand elles y ont accès, la question de la propriété et du contrôle des cheptels et des parcelles est primordiale pour pérenniser l’activité économique et faire que ses retombées bénéficient bien à celles et ceux qui travaillent. ESF intègre de manière transversale cette problématique dans son action en ciblant ces publics fragiles comme prioritaires et en adaptant les actions à leurs problèmes spécifiques. Les projets s’appuient sur le principe du « microcrédit en animaux », qui permet la responsabilisation des éleveuses et éleveurs sans les confronter à des microcrédits monétaires. Le risque du surendettement est ainsi évité pour les populations les plus fragiles. Pour les populations précarisées, les petits élevages mis en place sont des facteurs d’intégration sociale grâce aux fonctions sociales et culturelles que remplit l’élevage (dons d’animaux pour les fêtes culturelles et religieuses notamment). Une fois l’activité constituée et maitrisée, cela représente pour ces individus isolés une source d’aliments non négligeable et de nouveaux revenus leur permettant de sortir de la situation de pauvreté dans laquelle ils se trouvaient. Les petits élevages sont un moyen d’enrayer la spirale de la pauvreté. L’élevage tend à réduire les risques face aux aléas climatiques Les paysans les plus vulnérables dans les pays en développement où agit l’association paient le lourd tribut du dérèglement climatique. Les variabilités climatiques, telles que les irrégularités de la pluviométrie, les sécheresses prolongées et les inondations fragilisent leurs moyens d’existence. Pour les agroéleveurs accompagnés, les stratégies d’adaptation développées permettent une diversification des productions végétales et animales pour répartir les risques et gagner en autonomie financière. L’intégration culture-élevage contribue à construire une transition vers des systèmes agricoles et des pratiques agroécologiques durables. L’utilisation du fumier composté dans la fertilisation des sols de culture ou pâturage permet le stockage du carbone et un gain de rendements des cultures vivrières et de vente. L’accompagnement technique d’ESF permet de vulgariser des pratiques innovantes pour s’adapter à ces nouvelles conditions et sécuriser les activités de petit élevage : le stockage de fourrage et l’introduction de culture fourragère pour l’alimentation animale. Enfin, en soutenant l’organisation des filières sur les territoires, ESF contribue à plus de valorisation des produits animaux et au développement de filières courtes, moins carbonées et plus rémunératrices pour les éleveuses et éleveurs. Les élevages familiaux contribuent au maintien de la fertilité des sols, à la biodiversité et à l’amélioration des cultures. Utilisation des déjections des animaux pour une meilleur fertilité des sols.
Témoignage de Moïse Albert, Gérant de la micro-laiterie ‘Let’Agogo’ – Haïti
Je suis Moïse ALBERT, de nationalité Haïtienne, célibataire, domicilié à Belladère. Je suis diplômé en informatique bureautique et comptabilité en République dominicaine, puis j’ai obtenu une licence en Sciences Comptables (promotion 2011-2015). J’ai travaillé en tant qu’Officier à Micro Crédit National SA en 2013, puis comme Agent de suivi au programme National de cantines scolaires de 2014 à 2018. Actuellement, je travaille comme Responsable de la laiterie de Belladère. Je suis aussi le Coordonnateur de l’Organisation des Jeunes Progressiste pour le Développement de Regadère. La laiterie de Belladère se situe à Mireau, première section Renthe Mathé. Elle est l’unique micro-entreprise de transformation dans l’arrondissement et de la commune. Le peu de financements et d’autres difficultés structurelles freinent la micro-laiterie dans son bon fonctionnement. Actuellement, elle produit uniquement du lait stérilisé car nous ne disposons pas de chaine de froid pour la production de yaourt et de fromage. Même pour la fabrication du lait stérilisé, nous faisons face à des problèmes d’approvisionnement. En effet, le lieu où se trouve la micro-laiterie est éloigné de certaines zones de production de lait. Les producteurs laitiers manquent encore d’organisation dans la vente collective de leur lait, ce qui entraine un coût de production de lait stérilisé très élevé car la collecte du lait est insuffisamment organisée. Le projet « Lait des Collines de Lascahobas » prévoit de nous apporter des appuis techniques et financiers pour viabiliser l’activité économique de laiterie. Au démarrage du projet, la laiterie était fermée en raison d’une insuffisance de lait en période sèche. Avec l’appui du projet, la laiterie a repris ponctuellement son activité de transformation et les problèmes liées à l’insuffisance d’intrants et d’équipements sont en partie résolus avec les dotations en contenants, capsules, l’achat d’intrants pour la production du lait stérilisé et la matière première. Actuellement, nous avons identifié huit grandes zones de collecte sur toute la commune. Toutefois, pour mettre ces éleveurs en confiance afin qu’ils fassent la traite régulière de leurs animaux pour alimenter la laiterie en lait, nous sommes en train de les soutenir pour monter une organisation d’éleveurs producteurs de lait dans la commune. Le Coach en entreprise qui suit la laiterie, nous appui dans l’organisation des éleveurs dans la collecte du lait. Pour la collecte, nous passons dans les zones de production tous les matins avec une moto tricycle et les éleveurs apportent le lait au collecteur. Ce dernier effectue des tests de qualité comme : le test de densité, d’alcool, d’iode et un test sensoriel avant de prendre le lait et de payer le producteur soit sur place ou chaque semaine. Arrivé à la laiterie, le lait subit encore des tests de qualité, puis un filtrage avant la pasteurisation (90°C). Après la pasteurisation on laisse la température du lait diminuer jusqu’à 75°C pour passer au remplissage des bouteilles, suivi du capsulage des bouteilles stérilisées.Généralement, on laisse le lait en observation pendant cinq (5) à huit (8) jours avant de les commercialiser. Aucune bouteille de lait stérilisé n’est autorisée à quitter la laiterie sans étiquette. Cette dernière, qui joue un rôle important dans la chaine d’approvisionnement du lait, constitue un outil essentiel pour transmettre au consommateur des informations sur le produit. L’existence de la laiterie est porteuse de débouchés économiques pour les éleveurs dans la mesure où ces derniers font tous les jours la traite des vaches et continuent de vendre leur lait à la laiterie. Normalement, un éleveur qui possède seulement une vache qui peut donner un gallon de lait par jour pourrait générer en moyenne 2 euros. Actuellement, on a une dizaine de boutiques qui achètent le lait et le revendent. De plus, avec une plus grande production de lait, la laiterie augmentera son staff. Ainsi, il y a des débouchés pour les éleveurs, pour les boutiques/commerçants et pour les jeunes de la commune. Le lait des collines de Lascahobas Améliorer les conditions de vie de la jeunesse rurale haïtienne par le développement d’une filière lait local JE DÉCOUVRE Projet
La cuniculture, un tremplin pour les jeunes filles en situation de vulnérabilité
Un nouveau projet innovant au Bénin Le 23 Juin 2021 s’est tenu dans les locaux de la maire de la commune de ZA-KPOTA dans le département du Zou au Bénin, le lancement d’un projet innovant des sociétés civiles et coalition d’acteurs intitulé : La cuniculture, un tremplin de réussite pour les jeunes filles en situation de vulnérabilité dans la commune de ZA-KPOTA. C’est un projet qui vise, à travers l’élevage et la commercialisation du lapin, l’insertion socio-professionnelle de 30 jeunes filles qui sont pour la plupart des filles mères âgées de 15 à 22 ans sans aucun soutien de leurs familles. Ce projet est financé par Elevages sans frontières et l’ambassade de France au Bénin et est réalisé par Eleveurs Sans Frontières Bénin (ESFB), notre partenaire au Bénin. https://elevagessansfrontieres.org/wp-content/uploads/2021/06/WhatsApp-Video-2021-06-28-at-14.21.24.mp4
Silence, ça tourne à Ouarzazate
Film de capitalisation sur la projet « Or blanc du Haut-Atlas » Nous avons récemment réalisé un guide de capitalisation sur notre action au Maroc, car après 15 ans d’action, il était de temps de mettre tout ça par écrit. Cela a permis de produire un guide papier ou numérique, qui explique notre intervention, à Elevages sans frontières et ROSA, pourquoi et comment on a appuyé des femmes en zone rurale autour de Ouarzazate, dans le cadre du projet « Or blanc du Haut Atlas ». Il manquait à ce guide un écho plus subjectif et qualitatif du « terrain », comme on dit. Prendre le temps de filmer d’écouter les femmes qui sont appuyées et accompagnées, prendre le temps également d’écouter et filmer l’équipe de ROSA, notre partenaire local. Un film est donc en cours de tournage, avec l’objectif et l’ambition de compléter le guide, plus technique. Ce film a comme objectif non pas de décliner le guide en image, mais bien de le compléter, de montrer les impacts du projet sur la vie et la trajectoire des femmes éleveuses. On revient vers vous bientôt avec le résultat en images ! Date du tournage : du 19 au 30 juin Lieu : Ouarzazate, Tammasint, Tifoultoute Découvrez le guide de capitalisation sur notre action au Maroc Consultez