Ensemble, renforcer l’élevage et protéger les troupeaux

L’élevage, un pilier pour les familles rurales Au Togo, l’élevage est bien plus qu’une activité économique : c’est une ressource vitale pour l’alimentation et les revenus des familles rurales. Mais les maladies comme la PPR (peste des petits ruminants) peuvent décimer un troupeau en quelques jours, plongeant les éleveurs dans une grande insécurité alimentaire. Pour y faire face, le projet Des éleveurs aux consommateurs, porté par Elevages sans frontières et ses partenaires, renforce les services vétérinaires de proximité. Des services vétérinaires au service de l’élevage Former des Agents Villageois d’Élevage (AVE) et développer la coopération avec des vétérinaires privés : ce maillage rapproche les soins des villages.Mais au-delà des soins, il contribue surtout à sécuriser les troupeaux, protéger les revenus et permettre aux familles d’élever leurs animaux en toute confiance. Témoignages d’éleveurs et d’acteurs engagés « Je suis veuve avec trois enfants : deux garçons en apprentissage et une fille au collège. Avant, je gagnais un peu d’argent en vendant de la bouillie au village, mais c’était épuisant et cela rapportait très peu. Aujourd’hui, grâce à l’élevage, je peux espérer nourrir ma famille correctement et assurer la scolarité de mes enfants. Mon rêve est aussi de construire une maison en tôle pour leur offrir un avenir plus sûr. Ce projet m’apporte une vraie chance de sortir ma famille de la précarité. ». Goni Kayi, éleveuse à Kpedome « Avant ma formation, les animaux mourraient beaucoup dans mon village… Aujourd’hui, je sensibilise les éleveurs sur la vaccination et les soins. Quand un éleveur me dit que son animal est guéri après mon passage, je me sens utile pour ma communauté. » Assiou Essoboziou, AVE à Dovi-copé (Haho) Soin apporté aux chèvres par l’AVE Assiou Séance pratique de castration d’un caprin lors de la formation des AVE avec Issifou – vétérinaire partenaire (à gauche) « Je m’appelle Mohamed ADJANGBAO, j’ai 30 ans. Je suis cultivateur et éleveur. Ma femme Elisabeth est couturière et nous avons deux enfants de 6 et 3 ans. Sans mon élevage et mon activité d’Auxiliaire Vétérinaire d’Élevage, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Grâce à ce projet, je peux aussi contribuer aux études de mes deux petits frères à l’université. Merci pour votre aide et ce qu’elle a apporté à ma famille. » Mohamed Adjangbao, cultivateur et AVE Campagnes de vaccination avec Kolani – Pharmacie vétérinaire (à droite) Séance de vaccination des volailles lors de la formation pratique des AVE Ces témoignages montrent que le renforcement des services vétérinaires ne profite pas seulement à la santé animale. Il soutient aussi directement l’élevage, améliore la sécurité alimentaire et offre aux familles rurales de meilleures perspectives d’avenir. Joseph Kaboré Chargé de mission au Togo 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des éleveurs aux consommateurs » : c’est par ici Lire d’autres articles sur le Togo : Le Togo : un pays rural face aux défis alimentaires Des éleveurs aux consommateurs : un projet qui nourrit l’avenir
Des éleveurs aux consommateurs : un projet qui nourrit l’avenir

Un projet pour répondre aux défis de l’élevage familial Au Togo, en milieu rural, de nombreuses familles élèvent des poules, des lapins ou des chèvres…. Malheureusement, leurs efforts ne suffisent pas : les revenus sont faibles, les animaux manquent de soins et les marchés locaux sont envahis par des viandes importées qui cassent les prix. C’est pour répondre à ces difficultés qu’Elevages sans frontières et ses partenaires ont lancé le projet Des éleveurs aux consommateurs. Son ambition : donner aux éleveurs les moyens de produire davantage, mieux et de vendre à un prix juste. Renforcer les pratiques d’élevage et créer des perspectives Concrètement, le projet accompagne 800 éleveurs et éleveuses, dont 40 % de femmes, pour améliorer leurs pratiques et accroître la productivité des petits élevages. Les familles bénéficient de formations pratiques, d’un suivi personnalisé et d’un appui pour mieux gérer leurs troupeaux. En parallèle, le projet forme des jeunes aux métiers de la transformation et de la commercialisation afin qu’ils puissent trouver un avenir dans leur pays, au lieu d’être contraints de partir chercher des opportunités dans les villes. Vers une alimentation plus saine et des revenus durables L’appui porte aussi sur le renforcement des services vétérinaires de proximité : plus d’animaux en bonne santé signifie non seulement des revenus stables pour les familles, mais aussi une viande locale plus sûre et de meilleure qualité pour les consommateurs.À travers ce projet, c’est toute une dynamique qui s’enclenche : des familles qui se nourrissent mieux, des enfants qui peuvent aller à l’école grâce aux revenus de l’élevage, des jeunes qui croient de nouveau à un futur dans les campagnes, et des consommateurs qui redécouvrent la valeur des produits locaux. Renforcer l’élevage familial au Togo, c’est contribuer directement à la sécurité alimentaire, à la réduction de la pauvreté et à la résilience des familles paysannes. Joseph Kaboré Chargé de mission au Togo 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des éleveurs aux consommateurs » : c’est par ici Lire d’autres articles sur le Togo : Le Togo : un pays rural face aux défis alimentaires Ensemble, protéger la santé des troupeaux
Le Togo : un pays rural face aux défis alimentaires

Un pays rural marqué par la pauvreté Le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest de près de 9 millions d’habitants, est l’un des plus vulnérables de la région. Il se classe 162e sur 191 pays selon l’Indice de Développement Humain et près de 47 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec une précarité encore plus marquée en zone rurale. Cette fragilité se traduit notamment par la malnutrition : près d’un enfant sur quatre souffre d’un retard de croissance. Agriculture et élevage au cœur de l’économie, mais fragilisés 57 % des habitants vivent à la campagne et 80 % dépendent de l’agriculture et de l’élevage. Pourtant, ces familles qui produisent l’essentiel de la nourriture manquent elles-mêmes d’alimentation suffisante et équilibrée. Selon la FAO*, plus de 20 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance lié à la malnutrition chronique. En matière de viande, le pays doit importer près de 45 % de sa consommation, souvent sous forme de produits congelés et de qualité médiocre. Cette concurrence écrase les petits producteurs locaux qui peinent à vendre leurs animaux à un prix juste. À cela s’ajoutent des obstacles structurels : manque d’infrastructures d’abattage, services vétérinaires insuffisants, difficultés d’accès aux financements, et désintérêt des jeunes pour un secteur jugé peu rentable. Le paradoxe togolais : un pays agricole dépendant des importations Cette situation fragilise toute la chaîne alimentaire : les familles paysannes n’arrivent pas à dégager de revenus suffisants pour se nourrir, se soigner et scolariser leurs enfants, tandis que les consommateurs urbains n’ont pas accès à une viande locale de qualité. Le Togo illustre ainsi un paradoxe : un pays agricole, riche en savoir-faire paysan, mais dépendant des importations pour nourrir sa population. Soutenir ses éleveurs est donc vital pour briser ce cercle vicieux de pauvreté et d’insécurité alimentaire. Pourquoi il est urgent d’agir ? Parce que près d’1 enfant togolais sur 4 souffre déjà de malnutrition chronique. Parce que la dépendance aux importations expose la population aux pénuries et flambées des prix dues aux crises internationales. Parce que les jeunes se détournent de l’élevage, faute de perspectives, menaçant la relève des paysans et la vitalité des campagnes. Parce que sans infrastructures, financements et accompagnement technique, les éleveurs ne peuvent pas vivre dignement de leur travail, alors même qu’ils sont au cœur de la sécurité alimentaire. Face à ces constats, Elevages sans frontières mène au Togo le projet Des éleveurs aux consommateurs. Son objectif : soutenir les éleveurs dans l’amélioration de leurs pratiques, renforcer les services vétérinaires et développer une production et une transformation locale capable de répondre aux besoins des familles. *FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Joseph Kaboré Chargé de mission au Togo 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des éleveurs aux consommateurs » : c’est par ici Lire d’autres articles sur le Togo : Des éleveurs aux consommateurs : un projet qui nourrit l’avenir Ensemble, protéger la santé des troupeaux
Des safaris pour sensibiliser les écoliers zambiens à la protection de la nature

En Zambie, le projet Des lions et des vaches a pour ambition d’aider les communautés rurales à mieux comprendre l’importance et le rôle de la faune sauvage au sein de l’écosystème dans lequel elles vivent. Souvent méconnue et vue d’un mauvais œil par la population paysanne de la chefferie Musungwa, la présence d’espèces animales (grands herbivores, félins, etc.) issues du parc national Kafue est parfois sources de conflits et de pertes de bétails et de récoltes pour les habitants. Pour y remédier et apaiser les tensions homme-animal, l’action menée contribue non seulement au développement l’élevage, vital pour les familles, mais vise également à sensibiliser et éduquer les jeunes générations à la protection de l’environnement. Des safaris et des rencontres inoubliables En juin et juillet, quatre écoles de la chefferie Musungwa – Basanga, Iyanda, Makuzu et Ngoma – ont participé à des sorties exceptionnelles. Par groupes de six élèves et un professeur, des enfants de 9 à 16 ans ont pu découvrir pour la première fois la vie sauvage de leur région ont pu observer et développer une autre relation avec la faune sauvage présente dans leurs villages et le parc à proximité : Deux safaris dans le parc, avec l’accueil du Lodge Konkamoya : petit-déjeuner, échanges avec le guide et découverte d’animaux emblématiques. Les élèves d’Iyanda ont observé des éléphants et des antilopes, tandis que ceux de Makuzu ont eu la chance d’apercevoir une lionne au repos, un moment qu’ils attendaient avec impatience. Deux visites à l’orphelinat des éléphanteaux, géré par Game Rangers International. Les enfants ont découvert les coulisses du soin aux jeunes pachydermes : préparation des rations, nourrissage et échanges avec les équipes. Inspirer les jeunes à protéger leur environnement Pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils entraient dans le parc et approchaient ces espèces sauvages de si près. Ces sorties, moments inoubliables et conviviaux pour les enfants et adolescents, sont aussi un moyen pour sensibiliser et éveiller à la sauvegarde et la protection de la faune sauvage. Ces activités s’inscrivent dans un programme plus large d’éducation à l’environnement, mis en place par notre partenaire Melindika depuis 2021. À travers des leçons régulières dans les écoles et sorties d’observation dans le Parc, la jeunesse et plus généralement la population de la chefferie Musungwa deviennent actrices de la conservation et contribuent à une cohabitation plus harmonieuse avec la faune sauvage. Thibault Queguiner Responsable projet en Zambie 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des Lions et des Vaches » : c’est par ici
Basanga forme ses éleveurs pour protéger les troupeaux et la faune sauvage

En juillet 2025, le village de Basanga a accueilli la première session d’un nouveau parcours de formation dédié à la protection des troupeaux de bovins dans le cadre du projet Des lions et des vaches, mis en œuvre par Melindika et Elevages sans frontières. Après plusieurs années d’expérimentations concluantes, les mesures les plus efficaces pour limiter les pertes de bétail ont été rassemblées dans un parcours de formation visant : à apporter de nouvelles connaissances sur les bonnes pratiques à adopter pour conduire et sécuriser son troupeaux au pâturage ; à transmettre des alternatives techniques pour améliorer la construction de ses enclos pour protéger le bétail la nuit, ou bien encore à l’introduire des chiens de troupeau dans la gestion et la protection des bovins et des caprins contre les attaques de prédateurs sauvage (Hyènes, lions). Sensibiliser les éleveurs et renforcer l’entraide La semaine a commencé par une sensibilisation à la protection de la faune sauvage. Les échanges ont été particulièrement riches : beaucoup d’éleveurs ignoraient par exemple que certains prédateurs, comme le lion, ne vivent plus qu’à l’état sauvage dans certains pays d’Afrique. Les jours suivants ont confirmé l’appropriation de ces connaissances, les participants se relayant même pour partager les informations avec ceux qui avaient manqué une session. Vers une nouvelle vision de l’élevage La dernière journée a été marquée par l’intervention d’un agent du ministère de l’Élevage, venu introduire la notion d’entrepreneuriat en élevage. Dans une région où l’élevage reste souvent perçu comme une activité de subsistance, cette présentation a permis d’ouvrir la réflexion sur la rentabilité et les besoins d’investissements, en valorisant par exemple des actions concrètes comme la construction d’enclos ou l’acquisition d’un chien de troupeau. Les premiers résultats se font déjà sentir : une éleveuse formée a déjà adopté un chiot qu’elle compte éduquer selon les recommandations reçues. Elle bénéficiera, comme les autres éleveurs engagés, d’un suivi technique assuré par Boyd, chargé de suivi des conflits Homme-Faune sauvage. Un pas de plus vers une meilleure cohabitation Les prochaines sessions de formation sont prévues en octobre dans d’autres villages de la zone d’intervention. Ces actions contribuent à l’objectif global du projet : renforcer la sécurité alimentaire des familles tout en réduisant les conflits entre l’élevage et la faune sauvage, pour un avenir plus équilibré entre les hommes et les animaux. Thibault Queguiner Responsable projet en Zambie 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des Lions et des Vaches » : c’est par ici
Nawal et Soukaina, éleveuses de chèvres du désert

A quelques kilomètres de Ouarzazate, Belghizi est un village isolé. Dans cette oasis, vivent Nawal et Soukaina, deux femmes qui, à la vingtaine, cultivent des rêves d’élevage. C’est un paysage quasi lunaire. Pas un arbre, pas une fleur. Quelques touffes d’herbes, ici et là. Des rochers, à perte de vue. De la poussière, qui s’envole au passage des voitures. La piste naît à quelques pas d’un pont franchissant un oued presque asséché, après avoir laissé la porte de Ouarzazate quelques kilomètres auparavant. La route contourne les reliefs de l’Atlas, plonge dans les prémices du désert du Sahara. Au milieu de cette palette minérale, une pointe de vert apparaît au détour d’un virage. Elle s’étend près du lit du fleuve, qu’on devine plus qu’on ne voit, et grandit à mesure que l’on s’en approche. Un filet d’eau s’écoule pourtant, et la végétation y puise la ressource dont elle a besoin pour s’épanouir. Quelques gigantesques feuilles de palmiers s’imposent à proximité de maisons, qui commencent à se dessiner. Une touche de rose enjolive le paysage, les lauriers sont en fleurs. L’oasis de Belghizi. Nawal et Soukaina y sont nées. Elles y vivent encore, entourées de leurs familles. Elles y élèvent leurs premières chèvres et crayonnent leurs premiers rêves. Route qui mène au village de Belghizi Village de Belghizi, Région de Ouarazate, Maroc Elever ou éduquer A 22 ans, ceux de Nawal « ne sont pas encore fixés », nous dit-elle en balançant entre l’enseignement et l’élevage de chèvres. Ou peut-être les deux, après tout, le temps est encore devant elle. Chaque matin, elle se rend à Ouarzazate avec son frère pour apprendre le coran « par cœur », précise-t-elle, et pouvoir l’enseigner ensuite à son tour. Pendant ce temps, sa mère s’occupe du troupeau et du champ. Puis Nawal prend le relais et sa mère tisse des tapis l’après-midi. Elle nettoie l’enclos, nourrit, abreuve et soigne les cinq chèvres. Bientôt, elle bénéficiera de ses deux chèvres grâce à l’association Rosa, comme sa mère avant elle. La coopérative Corosa est bien trop loin pour que le lait y soit transformé alors il est consommé au village. « Les travaux publics sont venus prendre des mesures, les femmes espèrent que la route va être faite, ce serait une chance », envisage la jeune femme qui dit « souffrir de l’isolement » « Nous n’avons pas accès à tous les fruits et légumes, il n’y a pas d’épicerie, regrette-t-elle. Les livreurs vont dans les villages mais pas jusqu’ici. » Et puis, elle s’ « énerve sur le réseau téléphonique », avoue-t-elle, les yeux rivés sur son portable. Il est difficile d’avoir un travail pour les femmes au village, poursuit-elle. Les hommes partent en ville, comme son père qui travaille à Rabat. Quand l’argent manque, une chèvre est vendue pour payer le crédit d’épicerie. Nawal avec une des chèvres de la famille Nawal et Soukaina dans leur village Troc Dans le village, on pratique l’échange entre les familles. Il y a celles qui se consacrent au maraichage « car on n’a pas accès au souk ». L’oasis permet aux navets, oignons, fèves, aromates, persil, coriandre, tomates, piment, dattes, aubergines ou encore fèves de pousser. Il y a celles qui élèvent des animaux et fournissent lait et viande, comme la famille de Nawal. La femme est impatiente de recevoir ses chèvres. Elle a rejoint la coopérative de femmes du village. Elle a même été sélectionnée par tirage au sort pour entrer au conseil d’administration, s’étonne-t-elle. « J’hésitais car j’avais peur des responsabilité, je suis encore jeune », confie-t-elle. Alors elle a refusé. Mais aujourd’hui, elle voit les activités faites avec son groupe et la façon de travailler et regrette sa décision. En quelques mois, Nawal a assisté à trois formations proposées par l’association Rosa : estime de soi, modèle de coopératives et hygiène et habitudes de l’élevage. « Une chance », répète-t-elle. Sortir de sa routine, d’abord, sortir de son village, ensuite, rencontrer d’autres femmes, s’ouvrir sur de nouvelles thématiques : les arguments ne manquent pas. « Les activités sont inoubliables, riches et bénéfiques pour les femmes et pour l’avenir du village », s’enthousiasme la future éleveuse. Pâturage Parmi ses voisines, il y a Soukaina. A 27 ans, elle vit avec ses parents, l’un de ses frères et sa sœur. Elle a quitté l’école à 11 ans « après avoir eu son diplôme », souligne-t-elle. Sa famille ne pouvait pas assumer les charges pour qu’elle aille au collège et elle souffrait beaucoup en classe. « L’enseignant venait à pied de Ouarzazate et n’était pas là tous les jours », se souvient-elle. En janvier 2025, elle a bénéficié par Rosa de deux chèvres alpines qui ont depuis mis bas. Son enclos se situe dans les hauteurs du village. A quelques pas, se trouve un large enclos où les animaux de toute la famille pâturent. Près de 160 têtes, compte-t-elle en additionnant les chèvres alpines et leurs cousines locales. Soukaina les nourrit, coupe la luzerne au champ, nettoie l’enclos. Elle ne trait pas encore ses chèvres puisque l’une est pleine et l’autre nourrit son petit. Soukaina avec une de ses chèvres Soukaina dans l’enclos des chèvres « Le camion ne vient pas collecter jusque Belghizi », remarque-t-elle alors elle fera comme sa sœur : elle confiera le lait qu’elle n’aura pas consommé à son frère pour qu’il l’échange. Estime de soi Sa journée est ponctuée par les prières dont les horaires sont affichés au mur, et les tâches domestiques. Lessive, cuisine, ménage. Soukaina aussi a été formée par l’association Rosa. « Avec l’estime de soi, on regarde la répartition des tâches au sein du foyer pour ne pas se sentir invisibilisée, résume-t-elle. J’ai adoré participer à l’atelier. Je me sentais bien après avoir rencontré les autres femmes. » Soukaina dans sa vie quotidienne Soukaina et sa soeur Car elle aussi souffre de l’isolement. Du manque de transport, de réseau, d’épicerie, d’accès aux soins. Aujourd’hui, elle est fière de sortir et rencontrer d’autres gens. Elle est fière aussi de s’impliquer dans la coopérative. Elle encourage les femmes à suivre ce chemin. Pour l’avenir, elle rêve d’un enclos assez large avec y accueillir de nombreux animaux dont elle pourrait traire le lait ou
Reportage – Une journée (presque) ordinaire chez Kbira

A quelques kilomètres de Ouarzazate, Kbira Ouchen est l’une des éleveuses qui a reçu deux chèvres en 2021 par l’association Rosa. Depuis, la Marocaine a gagné en indépendance financière, en qualité de vie et en confiance en elle. Ce matin-là, le ciel est voilé sur Ouarzazate. Quelques gouttes de pluie rafraichissent l’air printanier, le soleil se cache encore. « Il fait beau », assure Zahra, Responsable environnement et communication à Rosa, sur la route d’Aghane. Le village est à une quinzaine de minutes de la “porte du désert du Sahara”. Il est à peine sept heures du matin mais Kbira Ouchen, 47 ans, compte déjà quelques heures de travail derrière elle. « Qu’est-ce que je fais dans ma journée ? Disons plutôt ce que je ne fais pas », s’amuse-t-elle. Levée à l’aube pour la prière, elle assiste sa mère, qui vit chez elle, pour ses ablutions. Au village, les femmes se relaient pour allumer le feu du four traditionnel et maintenir la braise à tour de rôle. Ce matin, c’est une voisine qui veille sur la flamme. Kbira a préparé sa pâte à pain et la pétrit avant d’en former une galette qu’elle enfourne. En quelques minutes à peine, le pain est cuit, prêt à être trempé dans l’huile d’olive pour le petit-déjeuner de la famille. Puis, elle retrouve ses chèvres dans l’enclos jouxtant sa maison. Kbira pétrit la pâte à pain Kbira prépare le petit déjeuner pour sa famille « Comme mes petits » Depuis 2021, l’éleveuse fait partie des femmes accompagnées par l’association Rosa, soutenue par Elevages sans frontières. « J’ai reçu deux chèvres, se souvient-elle, une pleine et une suitée. » Le troupeau s’est depuis agrandi et en cette matinée d’avril, sept chèvres et cinq chevreaux se précipitent vers Kbira lorsqu’elle ouvre la porte. Les bêtes sont un peu intimidées par les autres visiteuses et se réfugient vers la tête reconnue. En ce moment, quatre sont traites, les autres nourrissent leurs petits et n’ont donc que peu de lait. Kbira désinfecte les pis puis extrait le lait manuellement. Le seau est versé à travers un chinois pour filtrer les impuretés et le bidon réservé au frigidaire en attendant la collecte, un jour sur deux. Kbira ouvre la porte aux chevreaux qui retrouvent leurs mères. L’un d’eux a les faveurs de l’éleveuse. « C’est mon préféré… Il me suit chez moi », confie-t-elle, en le câlinant. Elle saisit son balai, nettoie l’enclos, « un jour sur deux », puis s’approche de l’une des chèvres. Depuis quelque temps, son comportement l’inquiète, Kbira ne la trouve pas en forme. Dans son village, elle est référente Fresa, pour femme relais environnement et santé animale. Elles sont deux à Aghane. Mise bas, parage des onglons, elles sont capables de donner les premiers soins aux animaux. Mais lorsque leur expertise ne suffit pas, elles appellent le vétérinaire. Sur cette zone, un vétérinaire et trois techniciens chapeautent les élevages. Kbira remplit l’auge d’un mélange de céréales puis complète le réservoir d’eau. « J’attends un peu avant de donner les dattes écrasées », poursuit-elle. Quelques caresses par-ci, quelques regards par-là, l’éleveuse veille sur son troupeau. « Ces chèvres sont comme mes petits, confirme-t-elle. Je dois partager mon temps entre mes cinq enfants et elles ! », plaisante-t-elle. Kbira nourrit ses chèvres Kbira trait sa chèvre A quelques ruelles de là, vit Layla. Kbira lui apporte le fruit de sa traite les jours de collecte. Ce sera un litre ce matin. Avec ce que fourniront les autres éleveuses du village, 4,5 litres ont été réceptionnés par Layla qui contrôle la qualité du lait. Elle le fait passer dans un tissu et le teste visuellement. Un moteur se fait entendre. C’est le livreur qui va de village en village pour alimenter les bidons. Une douzaine de villages comptent des élevages bénéficiaires de Rosa, près de deux heures sont nécessaires pour effectuer le circuit. « Parfois davantage en période de haute lactation », souligne Zahra. Le camion prend ensuite la direction de la coopérative Corosa où le lait sera transformé en fromages et yaourts puis vendu sur les marchés, supermarchés et dans l’hôtellerie. Pendant ce temps, c’est l’heure d’aller au champ pour Kbira. Elle y passe près de deux heures accroupie, coupe la luzerne pour ses chèvres avec une faucille. Elle la fait sécher et la stocke pour l’hiver prochain. « Chaque femme a sa parcelle de luzerne, explique l’éleveuse. On récolte à tour de rôle. L’hiver, on ajoute du fumier pour aider à pousser. On arrose deux fois par mois environ avec l’eau du oued (rivière, ndlr) et des sources d’eau pour éviter la sécheresse. » Avec ses trois sources de montagne, Aghane est un village bien loti pour la région. Kbira apporte le lait fraîchement trait à Layla Kbira cultive la luzerne dans son champ Huile et miel Kbira rentre réveiller ses enfants qui émergent de leur nuit de sommeil. Ils s’installent sur les banquettes encadrant la table basse du salon et trempent le pain tout juste cuit au feu de bois dans l’huile ou le miel. La benjamine de Kbira se prépare pour l’école. Elle s’y rend à pied, ce n’est pas loin, précise la mère de famille qui indique de la tête la direction. La fille aînée est infirmière et travaille dans l’une des cliniques de Ouarzazate. Une fierté pour sa mère qui cite aussi son fils aîné, garde royal à Rabat. Les trois autres enfants sont encore scolarisés. Kbira vit seule avec ses cadets une bonne partie de l’année. Son mari, soudeur, travaille à Casablanca et revient deux fois l’an. Lorsqu’ils se sont mariés, la jeune femme vivait avec sa belle-famille mais, à 23 dans la maison, elle a préféré revenir dans son village natal. Fille d’éleveurs, elle tissait pour la coopérative du village et comptait quelques brebis, volailles et lapins. Jusqu’à ce qu’elle soit sélectionnée pour intégrer le projet de Rosa, grâce à sa motivation et l’accès à un champ. Comme toutes les éleveuses suivies par l’association, Kbira possède un cahier de gestion, qu’elle complète au fil de l’année. Elle y note les naissances, opère le suivi des mâles pour les
Quand les hyènes s’en prennent aux chèvres : enquête sur un conflit oublié en Zambie

Dans la chefferie de Musungwa, à la frontière du parc national de Kafue, les éleveurs font face à un fléau silencieux : les attaques de hyènes sur les troupeaux de chèvres. Un phénomène en forte hausse, encore peu étudié, mais aux conséquences dramatiques pour les familles. La nuit tombe sur les villages de Basanga, Iyanda ou Ibula. Dans ces zones rurales situées à l’ouest de la Zambie, à deux pas du parc national de Kafue, les chèvres rentrent dans leurs enclos. Mais ces dernières années, ce rituel quotidien ne suffit plus à les protéger. Les hyènes, autrefois peu nombreuses, rôdent désormais jusque dans les kraals, ces enclos traditionnels faits de troncs ou de branches. Et elles attaquent. Entre juillet et septembre 2023, plus de 200 chèvres ont été tuées par ces prédateurs nocturnes dans la chefferie de Musungwa. Un désastre pour les éleveurs, qui ne disposent souvent que de quelques animaux pour nourrir leur famille, subvenir à leurs besoins et garantir un minimum de sécurité économique. « Les attaques surviennent la nuit, parfois même à l’intérieur des kraals. On retrouve les carcasses au matin. Il n’y a pas de compensation, pas d’aide. Et surtout, on ne sait pas comment s’en protéger » Un éleveur rencontré par Melindika. Un problème connu sur le terrain, mais peu étudié Alors que les attaques de lions sur le bétail font régulièrement la une des médias ou mobilisent les ONG de conservation, celles des hyènes passent inaperçues. Pourtant, les hyènes tachetées représentent une menace réelle, notamment pour les chèvres, qui sont plus vulnérables que les bovins. Une analyse bibliographique menée par Melindika montre qu’en Zambie, très peu d’études ont été réalisées sur le sujet. Les recherches existantes se concentrent majoritairement sur les lions ou sur les grands carnivores et négligent les petits ruminants comme les chèvres. Une étude de terrain inédite Face à cette absence de données, Melindika, partenaire d’Elevages sans frontières, a lancé une enquête de terrain dans 7 villages de la chefferie Musungwa, pour mieux comprendre la réalité des attaques, les pratiques d’élevage caprin et les perceptions des éleveurs et des acteurs de la conservation. 👉 Télécharger l’étude complète (PDF) réalisé par Melindika Cliquez ici Pendant deux mois, 37 éleveurs et éleveuses ont été interviewés, ainsi que plusieurs membres d’organisations locales. Les résultats montrent que : Les attaques surviennent presque exclusivement de nuit ; Les hyènes réussissent à pénétrer même les enclos solides ; Les mesures de protection existantes, adaptées aux bovins, ne sont pas efficaces pour les chèvres ; Les éleveurs se sentent isolés et impuissants face à ces pertes répétées. Le chien dressé de Melindika faisant plusieurs rondes autour de l’enclos à chèvres de shandavu la nuit Enclos pour chèvre renforcé avec du grillage sur leShandavu Camp (camp de Melindika) Des populations vulnérables et un contexte complexe La région est habitée par deux groupes ethniques, les Ila, traditionnellement pasteurs, et les Tonga, agriculteurs sédentaires. Tous deux vivent au contact direct de la faune sauvage, dans une zone de transition entre parc national, zone de gestion de la faune (GMA) et zone ouverte où l’installation humaine est autorisée. Le parc de Kafue, géré en partie par l’organisation African Parks, attire de nombreuses initiatives de conservation. Mais les populations déplacées lors de la création du parc et du lac Itezhi-Tezhi, dans les années 1970, vivent aujourd’hui dans des conditions précaires, en première ligne des conflits avec la faune sauvage, sans toujours bénéficier des retombées économiques ou du soutien espéré. Exemple d’enclos présents sur la zone d’étude Exemple d’enclos présents sur la zone d’étude Des populations vulnérables et un contexte complexe L’étude de Melindika vise désormais à proposer des solutions concrètes pour améliorer la protection des troupeaux caprins : adaptation des kraals, sensibilisation des éleveurs, collaboration renforcée avec les autorités locales. Un premier pas vers une meilleure cohabitation entre élevage et faune sauvage. Elevages sans frontières soutient pleinement cette démarche car elle reflète notre conviction : la lutte contre la pauvreté rurale passe aussi par une meilleure prise en compte des réalités locales, y compris les plus silencieuses. Le saviez-vous ? La Zambie abrite 19 parcs nationaux couvrant 30 % du territoire. La Province Sud, où se trouve la chefferie de Musungwa, concentre à elle seule 38 % de l’élevage caprin du pays. La hyène tachetée (Crocuta crocuta) est l’un des carnivores les moins étudiés dans la région malgré son impact croissant. Thibault Queguiner Responsable projet en Zambie 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des Lions et des Vaches » : c’est par ici
Élevage de pintades : des dynamiques porteuses dans les Savanes togolaises

Depuis 2018, Elevages sans frontières et son partenaire local ESFT (Elevages et Solidarité des Familles au Togo) agissent dans le nord du Togo avec le projet Or Gris des Savanes, en proposant et expérimentant des alternatives techniques viables pour redynamiser les élevages de pintades. Aujourd’hui, ce projet entre dans une nouvelle phase, avec un accompagnement approfondi des familles d’éleveurs et éleveuses dans la région des Savanes. L’objectif : renforcer l’autonomie des familles vulnérables, soutenir l’entrepreneuriat local et faire émerger une véritable filière pintade dans cette région enclavée du nord du Togo. Dans les villages, les dynamiques se mettent en place : remises de pintades, caisses d’épargne, petits commerces d’intrants, projets portés par des femmes ou des jeunes. Petit à petit, les familles s’organisent pour améliorer leurs conditions de vie. Des éleveuses engagées, malgré des conditions précaires À Galangashie, dans la préfecture de Oti, Alimatou, mère de cinq enfants, a reçu cinq pintades début 2025 : « Au début, je n’avais même pas d’enclos, j’ai gardé les pintades dans un coin de ma maison. Avec l’aide d’une autre femme de la coopérative, j’ai pu construire un petit abri. J’ai perdu deux pintades, mais les autres ont pondu. Je vends les œufs et je garde une partie pour nourrir mes enfants. » Alimatou Eleveuse Comme Alimatou, 100 femmes issues de coopératives ont reçu des pintades adultes en début d’année. Même quand les conditions sont difficiles, les éleveuses trouvent des solutions grâce à l’entraide et aux formations reçues dans le cadre des élevages écoles. Certaines vont encore plus loin. À la suite d’un concours « genre » organisé par le projet, au profit des 120 femmes associées vulnérables, 20 femmes parmi les plus talentueuses ont été soutenues. Elles ont reçu un kit d’élevage composé d’animaux (pintades et poulets), d’intrants et d’équipements pour renforcer leur activité d’élevage de volailles. Toutes n’ont pas réussi à stabiliser leur cheptel, mais les suivis réguliers des vétérinaires et des animateurs du projet ont permis d’identifier les besoins et de proposer des solutions. Une des 20 femmes talentueuses sélectionnées Jeunes pintades chez une éleveuse de Sissiek Coopération, épargne et structuration locale Le projet soutient également l’installation de jeunes entrepreneurs dans les villages, à travers l’ouverture de petits dépôts de matériel d’élevage. À Korbongou, Naki ouest et Nano, trois jeunes ont démarré une activité de vente d’intrants : mangeoires, abreuvoirs, aliments, et même des couveuses artisanales fabriquées localement. Autre levier essentiel : l’épargne collective. Dans plusieurs villages, des groupes de femmes se réunissent chaque semaine pour constituer une caisse commune. Ces Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC) permettent d’obtenir de petits prêts pour démarrer une activité ou faire face à une dépense imprévue.Dans trois villages, ces groupes sont désormais bien rodés : après une première année réussie, ils ont redémarré un second cycle d’épargne. À Galangashie, le sérieux des membres a même attiré de nouvelles personnes désireuses de rejoindre le groupe. Boutique du jeune gérant de Nano Réunion d’épargne de l’AVEC de Galangashie La structuration de la filière est également en marche. À la suite d’une rencontre en février, un cadre de concertation a été mis en place entre les acteurs de la santé animale de la région : vétérinaires, agents locaux, associations d’éleveurs… Une première dans les Savanes ! Enfin, même si des ajustements sont nécessaires – comme pour le kiosque de transformation de pintades, actuellement en pause – la dynamique est bien lancée. Le projet s’étend déjà : une nouvelle zone, le canton de Barkoissi, est en train d’être intégrée. De nouveaux éleveurs et éleveuses vont à leur tour bénéficier d’un accompagnement personnalisé, pour que la pintade devienne bien plus qu’un élevage : un tremplin vers une vie plus stable et plus digne. Joseph Kaboré Chargé de mission développement économique et entreprenariat 👉 Pour en savoir plus sur le projet « Or Gris des Savanes » : c’est par ici
Un projet qui redonne espoir – Témoignage d’Iliasse, chargé de projet au Burkina Faso

Au Burkina Faso, Elevages sans frontières agit en partenariat avec l’ONG Action pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL) pour renforcer l’autonomie des familles rurales grâce à l’élevage laitier. Dans un contexte marqué par la dégradation des ressources naturelles et les déplacements de populations, le projet La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga accompagne les femmes éleveuses – qu’elles soient hôtes ou déplacées – dans la relance de leurs activités et le renforcement de leurs compétences. TIEMTORE Iliasse, ingénieur d’élevage et chargé de projet chez APIL, partage ici son expérience du terrain. Témoignage de Iliasse TIEMTORE, chargé de projet à l’ONG APIL (Burkina Faso) Je suis TIEMTORE Iliasse, chargé de projet à l’ONG APIL, une ONG nationale d’utilité publique au Burkina Faso, engagée pour la sécurité alimentaire durable, l’agroécologie, la gouvernance locale, la promotion du genre et la gestion des risques à base communautaire. Elle intervient dans plusieurs régions : Kadiogo, Oubritenga, Koulpélogo, Namentenga, Gourma et Ganzourgou. Un engagement pour la sécurité alimentaire des familles rurales Dans son action pour la sécurité alimentaire, APIL vise à diversifier et accroître la production agro-sylvo-pastorale, améliorer les pratiques commerciales et faciliter l’accès aux marchés pour les femmes et les jeunes. En tant que chargé de projet, je planifie les activités et les sorties terrain avec mes collègues animatrices. Le projet La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga est arrivé à un moment crucial pour soulager les femmes éleveuses, en particulier dans les zones rurales. Depuis son lancement, plus de 250 femmes et leurs familles ont été accompagnées pour relancer leur activité d’élevage laitier bovin et caprin, dans un contexte difficile marqué par la dégradation des ressources naturelles, les déplacements de populations et le manque d’intrants. Salimata DICKO, éleveuse de chèvres à Lelexé Famille de Salimata et des membres du village Former, accompagner, équiper L’objectif est de renforcer la résilience des communautés rurales par un élevage durable, en misant sur l’amélioration génétique, la nutrition animale, la santé vétérinaire de proximité et surtout la formation continue des éleveurs et éleveuses. Parmi les temps forts : des sessions sur l’aménagement des sites d’élevage, la santé animale, l’alimentation, la reproduction, l’hygiène de la traite, ou encore la production fourragère (maralfalfa, niébé fourrager). Ces formations permettent aux éleveuses de mieux gérer leur exploitation familiale. Nous réalisons aussi des visites à domicile pour adapter l’accompagnement aux réalités des familles. Chez nous, on dit : « Pour aider une personne, il faut d’abord la former avant de lui remettre le matériel nécessaire. » C’est pourquoi, après les formations, les bénéficiaires reçoivent du matériel : matériaux de construction (tôles, ciment, fenêtres…), équipements d’élevage (mangeoires, abreuvoirs) et caprins. Eleveuse de vaches à Monomtenga Son bâtiment d’élevage Une transformation personnelle et collective Ce projet m’a personnellement transformé. « Voir une femme me dire qu’elle sait désormais rationner l’alimentation de ses bovins, ou qu’elle peut gérer seule ses animaux, ce sont des victoires discrètes mais profondes. » Malgré les difficultés, notamment la saison sèche ou le manque d’eau, l’engagement des communautés reste fort. Ce projet n’a pas seulement soutenu l’élevage : il a renforcé la dignité, l’autonomie et la cohésion sociale. Pour moi, ce projet touche du doigt la réalité des femmes éleveuses, hôtes ou déplacées. Il fait revivre et il donne espoir. Cliente devant la laiterie du projet Un enfant mageant le yaourt de la laiterie Le témoignage d’Iliasse reflète l’impact concret du projet La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga : au-delà de l’élevage, il s’agit de transmettre un savoir-faire, de renforcer l’autonomie des femmes et de faire renaître l’espoir dans les villages. Avec l’appui d’Elevages sans frontières et de ses partenaires, des solutions durables et porteuses de dignité se mettent en place, au plus près des communautés. Iliasse TIEMTORE Chargé de projet chez APIL 👉 Pour en savoir plus sur le projet « La Voie Lactée des Femmes de l’Oubritenga » : c’est par ici