Au cœur du terrain – Le marrainage redonne espoir aux jeunes femmes rurales

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Au Maroc comme au Burkina Faso, le manque de formation est un facteur aggravant la marginalité et la pauvreté des jeunes femmes rurales. Elles ont peu accès aux moyens de production et à la connaissance alors qu’elles assurent la plus grande part de la production de subsistance. Le marrainage favorise la transmission de savoirs, de savoir-faire et la solidarité entre femmes.

Au Maroc, 3 femmes sur 4 âgées de 15 à 24 ans sont sans éducation, ni formation, ni emploi *. Au sud-est du pays dans la région du Drâa-Tafilalet, pour le projet Envol des femmes, ESF met en place avec son partenaire ROSA un programme de marrainage porté par des éleveuses expérimentées qui accompagnent des jeunes femmes débutantes en élevage.

Ces jeunes femmes font face à de lourds obstacles. D’une part, elles sont peu représentées dans les groupements villageois alors qu’elles participent souvent aux soins des animaux. Elles manquent d’espace d’expression et n’ont ni accès aux ressources financières ni l’autorisation d’entreprendre des activités rémunératrices de manière indépendante. D’autre part, certaines femmes plus âgées se montrent réticentes à l’idée d’impliquer davantage les plus jeunes dans les groupements ou les élevages.

Le programme de marrainage vise à renforcer les compétences techniques des jeunes, favoriser leur intégration dans les activités économiques et sociales locales et améliorer le dialogue entre les générations. Pour chaque marrainage, 3 à 4 filleules sont associées à une marraine, sélectionnée par leurs soins selon son expérience en élevage, sa capacité d’écoute, sa pédagogie et sa disponibilité. La marraine s’engage alors à offrir un accompagnement à travers des visites régulières pour évaluer les progrès des filleules, identifier leurs besoins spécifiques et apporter des conseils personnalisés.

Les jeunes femmes plus novices expriment très vite une plus grande confiance dans leur capacité à gérer leur élevage, comme le partage Habiba Hidi, éleveuse filleule. L’expérience de marrainage est également valorisante pour les femmes plus âgées qui transmettent leurs savoirs et renforcent leur rôle au sein du village.

“Nous échangeons souvent avec les autres éleveuses et les marraines du village. Cette année par exemple, une de mes chèvres en début de gestation mangeait peu, j’ai donc demandé conseil à ma marraine. Elle m’a suggéré un remède traditionnel pour stimuler l’appétit. Depuis, ma chèvre va mieux et moi aussi. Mon élevage est si important pour ma famille !”
Habiba Hidi
Eleveuse

Compte tenu de l’impact encourageant au Maroc, ESF initie son partenaire APIL au Burkina Faso à l’approche marrainage en l’adaptant aux spécificités socio-culturelles locales. L’organisation sociale burkinabé est très patriarcale et les femmes sont victimes de discriminations pour le partage et le contrôle des ressources et des responsabilités.

Mené depuis 3 ans, le projet d’élevage laitier « La Voie Lactée de l’Oubritenga » a permis à 150 femmes d’acquérir des compétences clés en élevage, en organisation collective et pour la vente du lait de leurs animaux. En 2025, ESF souhaite soutenir 75 nouvelles bénéficiaires dont la situation de vulnérabilité a été aggravée par le déplacement de leurs familles qui ont fui des conflits armés au nord du pays**. 

L’approche a les mêmes objectifs et repose sur le même principe de mentorat qu’au Maroc. Les marraines ont d’abord été sélectionnées et formées à leur rôle d’accompagnantes. Les éleveuses filleules ont choisi leur marraine en fonction de leur proximité et affinités. A présent, les marraines conseillent les filleules apprenantes lors de réunions et visitent leur élevage également appuyé dans le cadre du projet.

Grâce au marrainage, les savoirs et les savoir-faire sont préservés et transmis, les femmes gagnent en estime de soi et en confiance, sont plus solidaires et renforcent leur place dans la société. Demain, les filleules formées auront la possibilité de devenir les marraines de nouvelles éleveuses dans le besoin. 

* l’Observatoire National du Développement Humain et de l’UNICEF (2022)
** Depuis 2014, le Burkina Faso connait une crise sécuritaire sur son territoire.

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