Au coeur du terrain : « Une seule santé », comment agir concrètement ?

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LE SAVIEZ-VOUS ?

75 % des maladies infectieuses humaines émergentes ont une origine animale.

_Organisation mondiale de la santé animale

Ces maladies, transmises des animaux à l’homme sont appelées zoonoses : il en existe plus de 200 types connus (OMS). Cette transmission peut se faire lors d’un contact direct entre un animal et un être humain, en consommant des aliments contaminés (viande, lait, etc.), ou encore par la présence d’un environnement contaminé (eau, sol, air).

Selon l’organisation mondiale de la santé animale, l’approche « une seule santé¹ » résume un concept connu depuis plus d’un siècle, à savoir que la santé humaine, la santé animale et la santé végétale sont interdépendantes et liées à celle des écosystèmes dans lesquels elles existent.

Dans un contexte où de nouvelles maladies humaines apparaissant chaque année dans le monde sont en partie d’origine animale, Elevages sans frontières a décidé depuis plusieurs années d’agir pour l’intégration de l’approche « une seule santé » dans son action. Pour les pays dits « à faible et moyen revenus » où nous intervenons, l’élevage contribue à la subsistance et à l’alimentation des populations rurales vulnérables. Il est donc crucial de protéger et de sécuriser leur avenir en protégeant leurs animaux et les écosystèmes où ils vivent afin de préserver la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire sur ces territoires.

Comment Elevages sans frontières et ses partenaires intègrent cette approche sur le terrain ?

En contribuant au développement d’élevages sains et viables

Les maladies animales peuvent impacter la santé et les maladies humaines, celle des animaux domestiques et sauvages. Selon les études récentes², plus de la moitié des agents pathogènes causant des maladies humaines sont d’origine animale et contribuent au développement de maladies infectieuses. De plus, les principaux facteurs causant de lourdes pertes dans les élevages et menaçant les revenus des éleveur·euse.s soutenus par nos projets sont dus aux maladies animales et à l’absence de services vétérinaires. En s’alliant à des acteurs experts de la santé animale et des services vétérinaires privés et publics pour sensibiliser et former les éleveur·euses·s aux bonnes pratiques, nous agissons pour la bonne santé des animaux et l’amélioration des conditions d’élevage.

Au Togo dans la région des Savanes, la santé et le bien être animal des élevages de pintades sont garantis par l’apport de savoir-faire, de moyens matériels et la mise en place de services vétérinaires de proximité. L’objectif est d’améliorer au quotidien la conduite des animaux et les infrastructures d’élevage et ainsi de diminuer les maladies animales impactant la productivité des activités économiques des éleveur·euses.

En contribuant au développement d’élevages sains et viables

La perte de biodiversité et l’intensification des activités humaines font partie des causes de l’émergence de nouvelles maladies : l’élevage industriel, la consommation de viande de brousse ou la déforestation non contrôlée augmentent les risques d’apparition et de diffusion de zoonoses. Pour lutter contre ces dérives et pratiques dévastatrices, nous soutenons le développement de systèmes agricoles intégrés et mobilisons des moyens techniques et financiers pour accompagner la transition agroécologique dans les exploitations agricoles accompagnées.

En Haïti, les jeunes éleveur·euse·s de la commune de Belladère apprennent, via les rencontres des « écoles paysannes », à améliorer la santé de leurs sols en produisant des engrais verts à la place des intrants chimiques, à associer cultures fourragères et cultures vivrières et à développer plus de complémentarités culture-élevage. Un ensemble de pratiques et connaissances qui leur permet d’augmenter la production en lait de leurs vaches, les revenus issus de leur élevage et les détournent de la production de charbon de bois néfaste pour leur environnement.

En encourageant la valorisation et la commercialisation de produits animaux de qualité

Plus de 70 %³ de protéines animales supplémentaires seront nécessaires pour nourrir le monde d’ici à 2050. Leur consommation en milieu rural et urbain est trop faible dans les pays où nous intervenons, particulièrement pour les femmes et les enfants. Pour subvenir aux besoins nutritionnels et alimentaires de leur population, ces pays sont de plus en plus dépendants d’importations en produits animaux de piètre qualité issus d’activités agroindustrielles fortement carbonées. Les acteurs des filières animales quant à eux peinent à développer leur offre de produits. Le manque de moyens techniques et financiers et l’absence de services de contrôle limitent leurs capacités à développer une transformation et un conditionnement assurant la sécurité, l’hygiène et la salubrité des produits. En contribuant à la diversification de l’offre locale de produits animaux en circuits courts et à l’amélioration des conditions de transformation, ESF favorise l’accès à des produits sains et de qualité pour tous.

Au Burkina Faso à Ziniaré, les femmes de l’Oubritenga sont impliquées dans la collecte et la transformation du lait grâce à une laiterie en création. Pour garantir la sécurité sanitaire et la qualité alimentaire des produits laitiers commercialisés, éleveuses, collecteurs et transformateurs sont sensibilisés et formés à la maîtrise des conditions d’hygiène et des bonnes pratiques de transformation.

Ainsi par l’échange de savoirs et de savoir-faire promus par et auprès de l’ensemble des acteurs des chaines de valeur de l’élevage, ESF entend soutenir et diffuser une communauté de pratiques saines, responsables et respectueuses de la santé unique.

Thibault Queguiner,
Responsable projets

¹ et ² OMSA, Une seule santé – site web, 2023
³ FAO, 2011. L’élevage dans le monde en 2011 – Contribution
de l’élevage à la sécurité alimentaire

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