Paroles de : Abdoulaye ADAM, un partenaire engagé
« Je suis Abdoulaye ADAM, Directeur d’ENPRO*, ONG togolaise qui défend depuis 1999 des valeurs à la fois sociales et environnementales. Nous collaborons avec Elevages sans frontières depuis 2021 en particulier sur le projet « Du champ à l’assiette ». Nous nous mobilisons pour lutter contre l’appauvrissement des sols et la dégradation de l’environnement tout en fournissant des emplois aux hommes et femmes à travers le développement d’une activité économique durable. En promouvant des pratiques agroécologiques, nous agissons pour la préservation de l’écosystème par la production du compost pour restaurer et emblaver des sols dégradés par les intrants chimiques et par la valorisation des sachets plastiques pour empêcher leur incorporation aux sols. Chez ENPRO, nous prônons le compostage familial ou individuel auprès des agriculteurs et éleveurs. Plus largement, notre objectif est de vulgariser cette pratique sur tout le territoire national par la mise en place de sites de compostage dans chacune de nos régions. ENPRO souhaite également mettre en place un centre de formation en promouvant l’agroécologie. » *Écosystème Naturel Propre (ENPRO) Nous avons tous pour ambition, comme le dit notre slogan, de laisser « Une belle terre pour nos enfants.» Abdoulaye ADAM, Directeur d’ENPRO
Zoom sur une réussite : hygiène et contrôles à toutes les étapes
Au Maroc, dans la région d’Ouarzazate, la coopérative laitière COROSA, implantée avec l’aide d’Elevages sans frontières, a pour priorité la santé humaine en fournissant des produits laitiers de qualité et sains, respectant les normes de sécurité sanitaire. Cette attention débute dès la traite, chez les éleveuses. Puis, dans chaque village, une femme leader est responsable de la collecte du lait et s’assure de la bonne qualité du produit : elle lave, désinfecte les citernes et teste le lait de chaque femme (test organoleptique et de l’acidité). Elle doit respecter les bonnes pratiques d’hygiène et accompagne les femmes pour s’assurer de l’état sanitaire des chèvres (mammite, utilisation de traitements, etc.). Afin de garder un produit frais, le lait est prélevé de 5h30 à 8h par le collecteur et testé à la réception. Cette recherche de qualité et d’hygiène s’effectue donc à chaque étape, de la collecte à la transformation. La collecte de lait à Tazroute Le contrôle qualité chez COROSA La transformation du lait en fromage Ce processus s’est renforcé depuis l’obtention de l’agrément sanitaire en 2016. Ainsi, l’Office National de Sécurité Sanitaire et Alimentaire (ONSSA) effectue un contrôle pluriannuel à la fromagerie pour s’assurer du respect des conditions d’hygiène et des consignes indiquées. Un ensemble de fiches de qualité est rempli au quotidien, pour chaque étape du processus, depuis la collecte jusqu’à la livraison et le nettoyage. Des analyses annuelles sont faites pour le lait, l’eau et tous types de produits. L’entretien, la maintenance et l’étalonnage du matériel se font également chaque année. Le personnel doit aussi avoir des attestations sanitaires qui assurent sa sécurité et préviennent des maladies infectieuses. L’ensemble de ces fiches et normes est ensuite contrôlé par le service de l’ONSSA. Les retours positifs de l’ONSSA et des consommateurs sont une belle reconnaissance pour les éleveuses, pour Corosa et ses partenaires. Aline Migault Chargée de mission
Flash Actu : Pourquoi un nouveau centre de soutien à l’élevage en Zambie ?
En décembre dernier, un centre communautaire de soutien à l’élevage a ouvert ses portes dans la Province Centrale de Zambie. Il se situe au sein de la chefferie Musungwa, à Basanga, village principal des communautés bénéficiant du projet. Il appartient à SOLEWE, société à responsabilité limitée zambienne créée en mars 2021 par Melindika. Cette association partenaire a pour objectifs de soutenir l’autonomie des familles rurales, améliorer leurs conditions de vie et gérer durablement les ressources naturelles locales. Mais à quoi va servir ce centre ? Il permettra de rassembler et consolider les services vétérinaires dispensés au sein de la chefferie, de renforcer l’implication des acteurs locaux dans la gestion collective de la santé animale et des ressources naturelles et enfin, d’agir contre les attaques de lions à la frontière du Parc National de Kafue. Il est géré par 5 Assistants en Santé Animale (ASA) formés par Melindika, chacun issu d’un village différent. La vente de médicaments, des conseils et des actes vétérinaires y sont proposés. Une pharmacie vétérinaire centralisée est implantée avec un réfrigérateur contenant les vaccins. Il dispose par ailleurs d’un espace de stockage, de formation et de regroupement pour les éleveurs ainsi que d’un atelier de construction de harnais pour les ânes. Afin de bénéficier des avantages du centre, les éleveurs devront être organisés en coopérative. Cela leur permet de devenir de véritables acteurs du développement de l’élevage local. Ils auront droit gratuitement à une inspection annuelle de leur ferme ainsi qu’à une visite annuelle d’un ASA leur permettant d’obtenir un registre d’élevage. Ils suivront deux formations gratuites par an sur la santé animale et pourront participer aux programmes de recherche vétérinaire réalisés par des volontaires de Melindika. Des prix réduits sur les campagnes de vaccination leur seront proposés. Enfin, les coûts engendrés par le déplacement d’un ASA lors d’une consultation ne sera pas à régler, ils seront pris en charge grâce à leur cotisation. Bien entendu, tous ces services restent accessibles aux éleveurs ne souhaitant pas s’organiser en coopérative, moyennant finance. Une ère nouvelle s’ouvre pour l’élevage traditionnel de la chefferie Musungwa ! Laura Guido, Chargée du projet « Des Lions et des Vaches »
Au coeur du terrain : « Une seule santé », comment agir concrètement ?
LE SAVIEZ-VOUS ? 75 % des maladies infectieuses humaines émergentes ont une origine animale. _Organisation mondiale de la santé animale Ces maladies, transmises des animaux à l’homme sont appelées zoonoses : il en existe plus de 200 types connus (OMS). Cette transmission peut se faire lors d’un contact direct entre un animal et un être humain, en consommant des aliments contaminés (viande, lait, etc.), ou encore par la présence d’un environnement contaminé (eau, sol, air). Selon l’organisation mondiale de la santé animale, l’approche « une seule santé¹ » résume un concept connu depuis plus d’un siècle, à savoir que la santé humaine, la santé animale et la santé végétale sont interdépendantes et liées à celle des écosystèmes dans lesquels elles existent. Dans un contexte où de nouvelles maladies humaines apparaissant chaque année dans le monde sont en partie d’origine animale, Elevages sans frontières a décidé depuis plusieurs années d’agir pour l’intégration de l’approche « une seule santé » dans son action. Pour les pays dits « à faible et moyen revenus » où nous intervenons, l’élevage contribue à la subsistance et à l’alimentation des populations rurales vulnérables. Il est donc crucial de protéger et de sécuriser leur avenir en protégeant leurs animaux et les écosystèmes où ils vivent afin de préserver la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire sur ces territoires. Comment Elevages sans frontières et ses partenaires intègrent cette approche sur le terrain ? En contribuant au développement d’élevages sains et viables Les maladies animales peuvent impacter la santé et les maladies humaines, celle des animaux domestiques et sauvages. Selon les études récentes², plus de la moitié des agents pathogènes causant des maladies humaines sont d’origine animale et contribuent au développement de maladies infectieuses. De plus, les principaux facteurs causant de lourdes pertes dans les élevages et menaçant les revenus des éleveur·euse.s soutenus par nos projets sont dus aux maladies animales et à l’absence de services vétérinaires. En s’alliant à des acteurs experts de la santé animale et des services vétérinaires privés et publics pour sensibiliser et former les éleveur·euses·s aux bonnes pratiques, nous agissons pour la bonne santé des animaux et l’amélioration des conditions d’élevage. Au Togo dans la région des Savanes, la santé et le bien être animal des élevages de pintades sont garantis par l’apport de savoir-faire, de moyens matériels et la mise en place de services vétérinaires de proximité. L’objectif est d’améliorer au quotidien la conduite des animaux et les infrastructures d’élevage et ainsi de diminuer les maladies animales impactant la productivité des activités économiques des éleveur·euses. En contribuant au développement d’élevages sains et viables La perte de biodiversité et l’intensification des activités humaines font partie des causes de l’émergence de nouvelles maladies : l’élevage industriel, la consommation de viande de brousse ou la déforestation non contrôlée augmentent les risques d’apparition et de diffusion de zoonoses. Pour lutter contre ces dérives et pratiques dévastatrices, nous soutenons le développement de systèmes agricoles intégrés et mobilisons des moyens techniques et financiers pour accompagner la transition agroécologique dans les exploitations agricoles accompagnées. En Haïti, les jeunes éleveur·euse·s de la commune de Belladère apprennent, via les rencontres des « écoles paysannes », à améliorer la santé de leurs sols en produisant des engrais verts à la place des intrants chimiques, à associer cultures fourragères et cultures vivrières et à développer plus de complémentarités culture-élevage. Un ensemble de pratiques et connaissances qui leur permet d’augmenter la production en lait de leurs vaches, les revenus issus de leur élevage et les détournent de la production de charbon de bois néfaste pour leur environnement. En encourageant la valorisation et la commercialisation de produits animaux de qualité Plus de 70 %³ de protéines animales supplémentaires seront nécessaires pour nourrir le monde d’ici à 2050. Leur consommation en milieu rural et urbain est trop faible dans les pays où nous intervenons, particulièrement pour les femmes et les enfants. Pour subvenir aux besoins nutritionnels et alimentaires de leur population, ces pays sont de plus en plus dépendants d’importations en produits animaux de piètre qualité issus d’activités agroindustrielles fortement carbonées. Les acteurs des filières animales quant à eux peinent à développer leur offre de produits. Le manque de moyens techniques et financiers et l’absence de services de contrôle limitent leurs capacités à développer une transformation et un conditionnement assurant la sécurité, l’hygiène et la salubrité des produits. En contribuant à la diversification de l’offre locale de produits animaux en circuits courts et à l’amélioration des conditions de transformation, ESF favorise l’accès à des produits sains et de qualité pour tous. Au Burkina Faso à Ziniaré, les femmes de l’Oubritenga sont impliquées dans la collecte et la transformation du lait grâce à une laiterie en création. Pour garantir la sécurité sanitaire et la qualité alimentaire des produits laitiers commercialisés, éleveuses, collecteurs et transformateurs sont sensibilisés et formés à la maîtrise des conditions d’hygiène et des bonnes pratiques de transformation. Ainsi par l’échange de savoirs et de savoir-faire promus par et auprès de l’ensemble des acteurs des chaines de valeur de l’élevage, ESF entend soutenir et diffuser une communauté de pratiques saines, responsables et respectueuses de la santé unique. Thibault Queguiner, Responsable projets ¹ et ² OMSA, Une seule santé – site web, 2023³ FAO, 2011. L’élevage dans le monde en 2011 – Contributionde l’élevage à la sécurité alimentaire