Témoignage de Kampatine Toulimba
Je m’appelle Kampatine Toulimba, j’ai 35 ans. J’habite dans la préfecture de Tône, canton de Kantindi et dans le village de Kantindi centre. Je suis marié et responsable d’une famille de huit enfants. Je suis président et membre d’un Champ Ecole Agriculteur (CEA) et éleveur engraisseur de pintades dans le cadre du projet « Or gris des Savanes« . Je me suis lancé dans cette activité d’élevage de pintades qui intègre des activités agro-écologiques parce qu’ici le sol devient de plus en plus pauvre à cause de l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides et nous ne récoltons plus comme le temps de nos grands-parents. A cause des effets du changement climatique, et vu que nous sommes nombreux, nous nous sommes dit qu’il serait bénéfique de planter assez les arbres pour faire venir la pluie et mieux cultiver. Avant la connaissance des pratiques agro-écologiques nous avons trop souffert de l’érosion et de la médiocrité des récoltes sur nos parcelles »
Les grandes activités que nous avons menées dans notre CEA avec l’appui des ONG OREPSA et Elevages sans frontières consistent en la mise en place des ouvrages anti-érosifs (les diguettes enherbées ont rendu certaines parties des CEA qui préalablement étaient inexploitables, cultivables aujourd’hui) et le reboisement dans notre CEA de 180 plants. Pour le moment, les arbres plantés sont jeunes et leurs racines ne permettent pas encore la stabilisation du sol. Il en est de même pour les feuillages de ces jeunes arbres qui ne peuvent pas encore assurer la protection et concourir au compostage. Mais ça viendra avec le temps. C’est pourquoi nous entretenons et protégeons ces jeunes plants afin d’en bénéficier d’ici deux ans de leurs bienfaits.
OREPSA et ESF nous ont appuyés par subvention en semences certifiées et nous ont formés sur les itinéraires techniques de production des cultures vivrières qui entrent dans l’alimentation de la pintade (maïs, soja, sorgho), sur les techniques améliorées de compostage. Ceci tout en nous équipant en matériels de travail sur les diguettes et la mise en place des cordons pierreux. Pendant et après ces appuis, nous avons acquis des connaissances pour protéger nos champs contre le ruissellement qui dénude les sols en emportant la couche arable. Les parties érodées des CEA connaissent une stabilisation des terres arables et de la matière organique bloqués par les diguettes.
Actuellement, nous produisons le compost en nous servant des fientes des volailles, déjections des ruminants ou encore les résidus des récoltes que nous épandons dans nos champs respectifs en réplication de ce que nous avons appris et appliqué en groupe dans notre Champs école agriculteur. Cela nous permet d’augmenter sensiblement nos rendements en réduisant l’apport des engrais chimiques. Il y a une nette différence des rendements des CEA et d’autres parcelles où les techniques agro-écologiques ne sont pas appliquées. Nos produits du champ école (soja, sorgho, maïs) sont utilisés dans la composition de la provende (mélange d’aliments destiné au bétail), et à la longue, notre élevage bénéficiera de l’ombrage des arbres plantés en saison sèche. Bref, nos activités du champ école se déroulent bien. Je travaille avec les autres membres même si certains hésitent encore sur les avantages/acquis de ce que nous apprenons dans le CEA. Il faudra de la patience.
A l’avenir, nous solliciterons OREPSA et ESF pour qu’ils puissent renforcer le suivi des activités auprès de tous les autres membres, voire tout le village, en les appuyant dans le reboisement, la mise en place des ouvrages anti-érosifs et la fabrication du compost en vue d’améliorer notre production agricole.
Enfin, au nom de tous les membres de notre CEA et en mon nom propre, nous remercions les bailleurs de fonds qui ont financé le projet « Or Gris des Savanes » et aussi ceux qui nous appui dans nos activités de CEA et d’élevage de pintades. J’encourage aussi la population de mon village à venir voir et appliquer les techniques que nous apprenons dans notre CEA en vue d’accroitre nos rendements agricoles et contribuer à la lutte contre les irrégularités de pluies.
Projet financé par : nos donateurs, l’Agence Française du Développement, la fondation Michelham, le CFSI et la fondation Anber.