Au Togo, la dynamique démographique et économique accentue la pression sur les systèmes alimentaires. La population a doublé en vingt ans et l’urbanisation rapide stimule la demande en aliments, notamment en produits carnés. Pour la satisfaire, l’Etat mise sur les importations de viandes congelées ou d’animaux sur pied qui freinent l’essor des filières locales. En reliant les maillons de la production à la consommation, notre projet Des éleveurs aux consommateurs transforme les défis en opportunités.
Chiffes clés TOGO
- 8,7 millions d’habitants
- 54 % des ménages sont ruraux
- Taux de pauvreté en zones
rurales : 55,1 % - Taux de chômage des jeunes (15-34 ans) : environ 12%
Des lourdes difficultés à surmonter
Les éleveurs·euses manquent de moyens de production (géniteurs, aliments, infrastructures) et d’accès aux services essentiels (santé animale, alimentation, formation et conseils techniques). Les circuits de commercialisation opaques laissent peu de marge de négociation. En aval, les collecteurs, bouchers et transformateurs manquent d’infrastructures et de compétences pour garantir l’hygiène, la qualité et la diversité des produits.
À ces contraintes structurelles s’ajoutent des enjeux sociaux et environnementaux. Découragés par la faible rentabilité du secteur, les jeunes se détournent de l’élevage, ce qui compromet le renouvellement des forces productives et maintient un chômage élevé. Quant aux femmes, l’accès restreint à la terre, au crédit et à la formation limite fortement leur participation et leur reconnaissance au sein des filières animales, alors qu’elles jouent un rôle central dans l’agriculture familiale. Enfin, les effets du changement climatique fragilisent les cultures, ce qui rend l’élevage plus stratégique pour la sécurité alimentaire et la résilience des ménages.
Un projet essentiel pour l’avenir de tous
Lancé en octobre 2024, notre projet répond à des enjeux majeurs : augmenter l’offre en produits carnés locaux, sains et abordables et réduire ainsi la dépendance aux importations ; créer des emplois pour la jeunesse et favoriser la reconnaissance et l’égalité des chances pour les femmes ; préserver l’environnement grâce à des pratiques respectueuses et durables.
Nous devons continuer à déployer un appui de proximité pour 800 éleveurs·euses (dont 40 % de femmes) avec des formations sur la commercialisation et l’entrepreneuriat. 15 éleveurs modèles, qui assureront un rôle d’animateur au sein d’ »élevages écoles » dédiés à la vulgarisation et l’échange de pratiques, pourront recevoir des appuis matériels.
Pour les jeunes, nous développerons des parcours de formation sur l’élevage à vocation commerciale et préparons un concours pour promouvoir la jeunesse et l’entrepreneuriat. Les 15 premiers candidats retenus seront financés et accompagnés pour mettre en œuvre leurs initiatives de micro entreprises en élevage.
Les infrastructures des entreprises locales de transformation et de distribution innovantes, comme Vianor et BoBar Distribution, doivent être améliorées. L’équipement des espaces d’abattage et de production en boucherie-charcuterie garantira la mise en marché de produits de qualité à destination des consommateurs.
Les acteurs du monde de la santé humaine, animale et environnemental vont mettre en place des plateformes préfectorales ONE HEALTH et un nouveau centre de compostage destiné à la production d’engrais verts et à la valorisation des déchets des marchés à bétails sera construit.
Enfin, dans le cadre de campagnes de plaidoyer, des moyens de sensibilisation de masse (spots radios, affichage, émissions-débat) seront mis en œuvre pour valoriser l’importance de consommer des produits carnés locaux.
Á terme, cette approche intégrée des filières animales, structurées et inclusives, améliorera les conditions de vie des familles rurales et urbaines, favorisera une meilleure répartition de la valeur ajoutée et créera des emplois tout en soutenant l’égalité des chances. Alternatives durables aux importations, ces filières contribueront à renforcer la souveraineté alimentaire et la résilience des populations paysannes face aux crises.
Thibault QUEGUINER
Chargé de Programmes
👉 Pour en savoir plus sur le projet « Des éleveurs aux consommateurs » :
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