Dans le cadre du projet Filières Vertes, nous avons rencontré Christian Dovonou, gérant de La Bonne Viande, une entreprise innovante au Bénin engagée dans la valorisation des filières locales de viande. Depuis 2017, cette boucherie-charcuterie se distingue par un modèle d’affaires inclusif, promouvant la durabilité, l’inclusion socioéconomique des jeunes et des femmes, ainsi que le respect des normes environnementales. Le partenariat avec le projet Filières Vertes a renforcé le rôle clé de La Bonne Viande dans la structuration de la chaîne de valeur bétail-viande, en établissant des relations durables avec de jeunes éleveurs formés par le projet. Grâce à des pratiques innovantes et un débouché fiable pour leurs produits, La Bonne Viande contribue activement à leur autonomisation économique tout en diversifiant son offre de produits carnés. Cet entretien met en lumière leur parcours, les impacts du projet et leurs ambitions pour l’avenir.
1. Présentation de l’entreprise
• Pouvez-vous présenter La Bonne Viande, ses activités principales et sa contribution à la structuration de la filière bétail-viande au Bénin ?
La Bonne Viande est une boucherie-charcuterie spécialisée dans la transformation et la distribution de viandes locales depuis 2017. L’entreprise ambitionne de « révolutionner la consommation et la distribution de viande locale au Bénin » en s’appuyant sur une mission claire : « Produire sain, payer le juste prix et offrir la qualité ».
Elle intègre également des dimensions sociales et environnementales en promouvant les femmes et les jeunes dans la chaîne de valeur. Avec cinq showrooms situés à Abomey-Calavi et Cotonou et un siège à Abomey-Calavi, La Bonne Viande contribue activement à structurer la filière bétail-viande au Bénin.
2. Contexte et motivation d’engagement dans le projet
• Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer dans le projet Filières Vertes et en quoi s’inscrit-il dans la vision de développement de votre entreprise ?
Nous nous sommes engagés car les objectifs du projet rejoignent nos démarches, comme le développement d’alliances productives et de clusters. Le projet, centré sur les jeunes, s’inscrit dans notre mission d’inclusion socioéconomique pour cette population. Il soutient également notre vision qui valorise les produits locaux, en particulier la viande produite selon des normes respectueuses de l’environnement.
3. Formations et renforcement des compétences
• Comment les formations reçues dans le cadre du projet ont-elles renforcé vos compétences et amélioré vos processus de fabrication ?
Nous avons bénéficié d’un mécénat de compétences qui nous a mis en relation avec une boucherie française nommée Le Sage & Fils. Grâce à deux stages de courte durée pour notre Directrice Adjointe, Nadia Akiyo Donovou, nous avons appris à optimiser les rendements, améliorer les circuits de distribution et perfectionner la gestion des stocks.
Ces formations ont permis d’améliorer nos techniques de découpe, réduire le gaspillage, conserver nos produits plus longtemps grâce à la mise sous vide et ajuster le temps entre la production et l’emballage des saucisses. Ces améliorations nous ont également permis de diversifier notre gamme, notamment avec des produits marinés et rôtis.
4. Impact sur le développement de l’entreprise
• Quel impact le projet a-t-il eu sur le développement de votre entreprise, notamment en termes d’offre produit, croissance et collaboration avec les éleveurs locaux
Grâce au projet Filières Vertes, nous avons pu établir une relation commerciale solide avec de jeunes cuniculteurs, assurant un approvisionnement régulier en matières premières de qualité. Nous avons également adopté des techniques innovantes pour réduire la déshydratation de nos produits, améliorant ainsi leur qualité.
Par ailleurs, les actions de communication menées dans le cadre du projet ont considérablement renforcé la visibilité de notre entreprise. Bien qu’il soit difficile d’attribuer précisément notre croissance au projet, nous avons constaté une augmentation de notre chiffre d’affaires de 15 à 20 % au cours des trois dernières années.
• Comment votre collaboration avec les éleveurs locaux a-t-elle évolué et impacté la qualité ou la régularité des produits ?
Depuis le début du projet, nous avons établi une relation d’approvisionnement stable avec les éleveurs de lapins, qui nous fournissent régulièrement des produits de qualité respectant nos critères de taille. Nous prévoyons d’élargir ce réseau pour inclure davantage de producteurs, bien que certains continuent à vendre en dehors du circuit court que nous promouvons, en raison de délais de paiement ou de prix plus attractifs proposés par d’autres acheteurs, notamment pendant les périodes de fête.
5. Contribution à la consommation locale
• Quelles actions avez-vous mises en place pour encourager la consommation locale et quels résultats observez-vous dans votre communauté ?
Nous avons participé à des événements tels que la foire Consommer local et diffusé des spots publicitaires en français et en langues locales grâce au soutien de notre partenaire ACED. Ces actions ont permis de sensibiliser un grand nombre de consommateurs béninois à la qualité et à l’origine locale de nos produits.
Spot radio de la Bonne Viande
Nous avons reçu de nombreux témoignages de clients affirmant avoir renoncé aux produits importés pour privilégier nos saucisses locales dont la qualité supérieure a su les fidéliser.
6. Perspectives d’avenir pour La Bonne Viande
• Quelles initiatives envisagez-vous pour renforcer votre réseau avec les éleveurs locaux et promouvoir davantage les produits locaux ?
Nous souhaitons continuer à innover dans la production et la transformation de viande locale, tout en consolidant notre partenariat avec ESF, ESFB et ACED pour pérenniser les acquis du projet Filières Vertes. En perspective, nous interviendrons également dans le cadre du projet Des Éleveurs aux Consommateurs et envisageons de développer des clusters autour de la production de viande d’agneau. Ces initiatives renforceront notre contribution au développement durable et à l’autonomisation des acteurs locaux.
Interview menée par l’équipe ESFB
Christian Dovonou
L’histoire de La Bonne Viande illustre parfaitement comment un modèle d’affaires inclusif couplé à des partenariats stratégiques, peut transformer une filière locale en véritable moteur de développement durable. Grâce à leur engagement dans le projet Filières Vertes, cette entreprise béninoise continue de promouvoir la qualité des produits locaux tout en soutenant l’autonomisation économique des jeunes éleveurs.
Les partenaires opérationnels
Les partenaires financiers
Vidéo d’ACED réalisée après 18 mois de mise en œuvre du projet