L’histoire d’Amira, transformatrice et vendeuse de lait au Burkina Faso

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Au Burkina Faso, le projet Voie lactée offre aux communautés rurales un chemin vers un avenir plus prospère. C’est dans ce cadre que nous rencontrons Amira Kaboré, jeune transformatrice et vendeuse de lait, dont le témoignage révèle l’importance de cette initiative.

Le projet Voie lactée des femmes de l’Oubritenga est une initiative visant à soutenir le développement de la filière laitière dans les régions rurales du Burkina Faso. Il vise notamment à améliorer les conditions de vie des éleveurs et à créer des opportunités économiques durables pour ces communautés. Pour ce faire, le projet met en place des programmes de formation, fournit du matériel et des équipements adaptés et encourage la mise en place de pratiques agricoles durables. En favorisant la transformation locale du lait et en renforçant les capacités des acteurs locaux, le projet Voie lactée contribue à dynamiser l’économie rurale et à améliorer la sécurité alimentaire dans la région.

Son rôle de transformatrice et vendeuse de lait et l’appui-projet

« Je m’appelle Amira. J'ai 22 ans et je viens de Ouagadougou. Je suis célibataire sans enfant, ce qui facilite mes allers-retours. Je vais à Ziniaré en début de semaine et rentre passer les weekends dans ma famille à Ouagadougou, mon lieu de vie. Je suis diplômée en agroalimentaire ; ce qui m’a valu d’être recrutée par APIL pour travailler à la laiterie du projet au poste de cheffe transformatrice et vendeuse. Voilà une année que j’occupe ce poste. J’ai sous ma responsabilité une autre transformatrice : Madame OUEDRAOGO Valentine. Nous avons été formées par APIL au sein de son unité laitière à Kaya. Tout le matériel a été obtenu grâce au projet Voie lactée.

Je réceptionne le lait apporté par les collecteurs, j’en teste la qualité puis j’en supervise la transformation, le conditionnement et enfin la vente. »

Réception du lait apporté par le collecteur

Unité de transformation de la laiterie « Voie lactée des femmes de l’Oubritenga »

La vente du lait

« Les prix de vente varient en fonction de la nature et du volume du produit :
- le lait frais est vendu à 750 FCFA le demi-litre et 1 250 FCFA le litre (1,90 euros).
- le yaourt est vendu à 250 FCFA et 700 FCFA (1,10 euros) selon le grammage.

Nous sommes ouverts tous les jours (de 7h à 17 h) sauf le dimanche. De par le positionnement de la boutique en bord de l’axe principal RN3 goudronné Ouagadougou - Ziniaré - Kaya, à l’entrée/sortie de Ziniaré, la vente du lait est facilitée : des particuliers, des services traiteurs et des boutiquiers s’arrêtent tous les jours.

En moyenne, nous vendons 20 000 FCFA (30 euros) de produits laitiers par jour donc environ 400 000 FCFA (610 euros) dans le mois. De ces 400 000 FCFA sont soustraites toutes les charges (ferments, contenants, factures d’eau et d’électricité), nous avons pour le moment de maigres bénéfices estimés à moins de 50 000 FCFA (76 euros) le mois. »

Selon la Banque mondiale, le revenu mensuel moyen par habitant au Burkina Faso s’élève à 64,5€, soit 776€ par habitant et par an.

Réfrigérateur contenant les bouteilles de lait et yaourts tansformés

Laitierie « Voie lactée des femmes de l’Oubritenga »

L’itinéraire de collecte et de transformation du lait

« Le lait est collecté par des collecteurs qui circulent à moto entre les villages de Barkoundba-peulh, Lelexé et Monemtenga car c’est dans cette zone que se trouvent les producteurs les plus importants. La collecte a lieu 3 fois dans la semaine à raison de 40 litres à chaque collecte, soit 120 litres par semaine. En saison sèche, notamment entre Février et Mai, il est difficile de maintenir cette capacité de collecte. On sent que des efforts doivent encore être faits pour l’alimentation et l’abreuvement des vaches. Dans l’avenir, le nombre d’éleveuses fournisseuses va aussi devoir augmenter pour pouvoir maintenir notre capacité de transformation avec du lait frais. Car nous ne souhaitons pas travailler avec de la poudre de lait.

Au niveau des éleveuses, les collecteurs font une première vérification à vue du lait et collectent le lait trait par les éleveuses dans des bidons offerts par le projet. A l’arrivée du lait, je le teste avec un testeur de qualité qui permet de mesurer la quantité et de vérifier la qualité du lait. Si le test est validé, le lait est pasteurisé pendant 30 à 40 min grâce au pasteurisateur reçu par le projet qui fait monter le lait à une température de 60 degrés pour le lait frais et 90 degrés pour le yaourt. Nos stérilisateurs ont une capacité de 40 litres. Après refroidissement, le lait pasteurisé est :
- soit mis directement en bouteilles afin de proposer du lait frais pasteurisé.
- soit transformé en yaourt : on y ajoute du ferment, de la vanille et du sucre.

Après une mise au repos pendant une à deux heures à température ambiante, le yaourt formé est placé dans des boîtes qui sont par la suite étiquetées et placées au frigo. »

Les ambitions d'Amira

« Ce serait bien que notre unité diversifie sa proposition de produits laitiers. De mon côté je n’abandonne pas mon rêve d’entreprendre dans le domaine de l’agroalimentaire pour avoir ma propre entreprise.
J’y arriverai !
».

Le récit d’Amira Kaboré illustre l’impact concret du projet Voie lactée sur la vie des communautés rurales au Burkina Faso.

Amira incarne la détermination des jeunes entrepreneurs à saisir les opportunités offertes par le projet Voie lactée.

Malgré les défis qui restent à relever, notamment ceux liés à la saisonnalité et à la logistique, Amira et les équipes d’APIL et d’Elevages sans frontières restent déterminées à contribuer au développement économique de la région à travers la valorisation du lait local.

Amira Kaboré

Transformatrice et vendeuse de lait - Projet Voie lactée

Propos recueillis en mars 2024 par Yenoudié Rébéka Roxane Soukaïna LANKOANDE, juriste, écrivaine et consultante dans le cadre du projet Voie Lactée des femmes de l’Oubritenga.

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