Burkina Faso : Salamata, éleveuse de la Voie Lactée, partage son expérience
Un lait burkinabé de qualité grâce à une filière durable, sociale et solidaire ! C’est ce que veulent construire l’ONG APIL et Elevages sans frontières avec les femmes à travers le projet Voie Lactée des femmes de l’Oubritenga (VLFO). Depuis octobre 2020, ce sont 150 éleveuses laitières qui sont formées au métier et dotées d’animaux (caprins et bovins) et d’équipements pour fournir un lait local de qualité aux consommateurs et offrir également un revenu durable aux familles. 6 villages de l’Oubritenga dont 3 dans la commune de Ziniaré et 3 autres dans la commune de Zitenga sont bénéficiaires de ce projet. Récemment, nous avons parcouru ces différentes localités et rencontré des bénéficiaires. Une d’elle a tenu à nous partager son ressentis et son appréciation du projet. Témoignage de Salamata DICKO, éleveuse caprin « Je me nomme DICKO Salamata. J’ai la cinquantaine et je suis mère de 6 enfants dont 3 filles âgées de 8, 10 et 14 ans et 3 garçons âgés de 2, 5 et 12 ans. Aucun de mes enfants n’a eu la chance d’être scolarisé pour des raisons financières mais je ménage tous mes efforts avec mon mari pour scolariser mon benjamin Sayouba qui a actuellement 2 ans. Lelexé est un grand village et notre quartier est malheureusement éloigné de près de 6 kilomètres de l’école. La plupart des enfants du quartier ne vont pas à l’école car c’est loin et ils n’ont pas de moyen de déplacement ou un parent disponible pour chaque fois les y accompagner. Certes, nos enfants ne vont pas à l’école mais ils nous aident à faire de l’élevage caprins ou bovins. Nous vivons de cette activité et un peu de l’agriculture même si nous ne disposons que d’une petite portion de terre. Notre production agricole de sorgho et de niébé fourrager se situe sur un demi hectare qu’un propriétaire a bien voulu nous prêter. Nos récoltes ne nous permettent pas de couvrir l’alimentation de la famille pour toute l’année. Nous sommes obligés, à partir du mois de février, d’acheter des vivres pour nourrir la famille. Les ressources financières du ménage viennent de la vente de lait de nos animaux. Tous les 3 jours, nous avons un marché à Bissiga où nous vendons le lait de vache et de chèvre. Mon mari possède 2 vaches et moi 2 chèvres avec lesquelles nous pouvons mener cette petite activité génératrice de revenu. Avec les revenus dégagés, j’arrive à payer la nourriture, des condiments, à soigner mes enfants et nous acheter des habits. Concernant ma vie de femme en tant qu’éleveuse, je peux dire que je suis heureuse. Je ne dépends pas chaque fois de mon mari pour mes besoins et je me sens utile en participant aux frais du quotidien. L’indépendance d’une femme, c’est être considéré par son mari, la société et de pouvoir mener une activité en famille. De l’appui, les femmes en ont besoin car nous rencontrons des difficultés dans l’élevage. Nous ne disposons pas d’eau potable pour la famille et nos animaux. Il faut aller loin pour en trouver. De plus, l’alimentation devient compliquée car les prix sont en hausse et les services vétérinaires plus coûteux. Nous ne disposons pas d terres pour des cultures fourragères. C’est ce qui limitent les femmes à s’engager dans cette aventure. Ce n’est pas facile si tu n’as aucun appui. Le projet Voie Lactée est arrivé au bon moment dans nos vies. J’ai pu renforcer mes capacités en élevage laitier, bénéficier de 3 caprins dont 2 chèvres (qui ont déjà mise bas) et recevoir une mangeoire et un abreuvoir. 48 000 FCFA m’ont également été versés pour construire ma chèvrerie sans oublier la formation reçue en fauche et conservation du fourrage ainsi que la dotation en semence de niébé. Mon mari également a profité des différentes formations pour mieux s’occuper de son troupeau. Maintenant, je suis propriétaire de caprins et le projet a renforcé mes liens avec mon mari. APIL a vraiment aidé les femmes à travers les théâtres forum organisés dans nos villages. Les hommes ont pris conscience de l’importance d’inclure les femmes dans les prises de décision familiales et sociétales. C’est une grande avancée et je tiens à remercier APIL et Elevages sans frontières pour cet éveil de conscience. J’ai foi que la laiterie qui sera mise en place par le projet viendra transformer nos vies et nous permettre d’être encore plus autonome. » Témoignage recueilli par le département de la communication de notre partenaire APIL en juillet 2023.