L'insertion des jeunes

Faire de l’élevage un métier d’avenir

Un constat :
un monde rural vu comme peu attractif par les jeunes

D’ici 2050, l’Afrique subsaharienne devrait franchir la barre des 2,2 milliards d’habitants, soit un doublement de sa population. Le CIRAD questionne les impacts de cette transition démographique sur les tendances migratoires du continent.

Un constat : l’exode rural devrait s’amplifier. Combiné à un développement économique inégalitaire entre villes et campagne, l’accroissement continu de la population rurale pousse les plus jeunes, au niveau d’éducation souvent faible, vers les zones urbaines. Les villes sont vues comme les seuls lieux d’opportunités pour un futur meilleur, comme les lieux du changement et de la modernité (Dubresson, Jaglin, 2010), comme des contextes propices à l’autonomisation des jeunes. Le monde rural est, lui, souvent observé à travers le prisme de la migration, en particulier vers les villes (Antoine et al., 2001).

Un contexte rural peu favorable aux jeunes

Le rôle des jeunes dans l’agriculture familiale en Afrique est mis en avant par les pouvoirs publics, les organisations internationales, les associations et les agences de coopération (Wampfler, Bergès, 2017 ; Union africaine, 2013). Ces structures alertent sur la désaffection des jeunes pour le métier d’agriculteur qui est perçu comme difficile et peu rémunérateur. Les conditions de vie en milieu rural leur apparaissent peu enviables (accès aux services de base restreint, réseaux de communication défaillants), surtout pour ceux qui ont bénéficié d’une scolarisation ou d’un séjour en ville ou pour ceux qui ont déjà du mal à trouver leur place dans l’exploitation de leurs parents. Les jeunes ruraux qui souhaitent avoir leur propre exploitation doivent surmonter différents obstacles : difficulté d’accès à la terre, au crédit, à une formation adéquate… Sous-employés, confinés dans des statuts d’aides familiaux, ils aspirent à devenir autonomes et à acquérir un revenu personnel.


Au Bénin, un de nos pays d’intervention, plus du tiers des jeunes n’ont pas accès à une formation qualifiante ou ne vont pas au bout de leur parcours de formation : 70% des moins de 35 ans n’ont pas de travail formel. Leurs principaux secteurs d’emploi sont l’agriculture (28,8%) et les services (58,8%). Le secteur tertiaire ne peut satisfaire le besoin d’emploi de tous les jeunes, mais l’agriculture et l’élevage n’attirent pas les jeunes.

Notre ambition :
faire de l’élevage un métier d’avenir pour les jeunes

Depuis sa création, Elevages sans frontières a toujours considéré que l’élevage était un moyen efficace pour amener les populations rurales vers l’autonomie. Créer les conditions d’une activité d’élevage pérenne pour la jeunesse rurale est une de nos ambitions spécifiques.
Pour cela, dans le cadre des projets menés, Elevages sans frontières renforce les formations existantes, notamment auprès des centres de formations (Maison familiales et Rurales, centre de formations professionnelles, etc.) afin qu’ils aient accès à une formation de base et de qualité.

Les actions menées permettent également aux jeunes qui s’installent ou reprennent une activité familiale un accès aux moyens de production: les jeunes bénéficient comme leurs aînés, de microcrédits en animaux et de dotation en petit matériel. Pour ces jeunes, l’accompagnement dans la durée est essentiel, pour consolider leurs connaissances. Enfin, il est nécessaire que ces jeunes soient reconnus par les aînés, et que leur voix soit entendue dans les instances collectives. Les organisations paysannes (groupement, coopératives, etc.) sont sensibilisées et accompagnées afin qu’elles intègrent ces jeunes, les écoutent, leur laissent une place, car ce sont eux, la relève!
Ces jeunes accompagnés dans leurs projets peuvent ainsi accéder à un revenu grâce à la création de valeur d’un élevage plus productif et la commercialisation optimisée des produits animaux et ainsi «vivre et travailler au village ».

Un exemple :
L’élevage paysan, un tremplin professionnel pour la jeunesse béninoise

Au Bénin, un projet spécifique a été mis en place auprès de jeunes en situation de grande vulnérabilité. Ceci a permis de définir un appui en 2 grands axes :
tout d’abord un cycle de formations technique en élevage, avec l’appui d’éleveurs-talents précédemment appuyés par Elevages sans frontières et son partenaire local ESFB. Certains d’entre eux ont été formés pour être des auxiliaires d’élevage villageois et assurer une veille sanitaire locale.
Pas de réussite possible, si on n’est pas bien socialement ! La cohésion sociale des jeunes a été renforcée avec leur regroupement en deux coopératives. Ceci pour les aider à s’organiser pour la satisfaction de leurs besoins communs en élevage comme l’alimentation des lapins et pour échanger sur leurs difficultés et réussites.
Dans un second temps, les jeunes sont appuyés pour renforcer leurs capacités entrepreneuriales : en plus d’une dotation en matériel, il est indispensable d’appuyer les associations des jeunes dans les prises de contact et les négociations avec des acheteurs, afin d’organiser des ventes groupées et assurer de meilleurs prix de vente.

Une jeune éleveuse de lapins témoigne

Grâce au projet je me sens plus responsable, je connais maintenant l’élevage et j’en tire beaucoup de bénéfices, ce qui me permet de satisfaire les besoins de ma petite famille. Depuis que j’ai commencé mon activité d’élevage, je me sens plus enthousiaste et mon entourage remarque le changement. Je veux du succès et de la prospérité pour mon élevage pour construire une belle maison pour ma famille mais aussi étonner et rendre fier mon entourage.

     Christine, éléveuse de lapins

Une jeune éleveuse de lapins témoigne