Bilan de l’année 3 du projet Filières vertes au Bénin

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Au Bénin, l’agriculture est au cœur de l’économie, avec 70 % de la population active travaillant dans ce secteur. Cependant, près de la moitié des béninois font face à une insécurité alimentaire. Les petites exploitations familiales, très contributrices au PIB et à la production agricole nationale, manquent d’organisation et de ressources pour prospérer. En conséquence, le pays dépend largement des importations alimentaires, dont des produits carnés congelés qui sont souvent de qualité inférieure. Le projet Filières vertes vise à améliorer la production locale d’animaux et de viandes de qualité et soutenir les éleveurs locaux, afin de renforcer la sécurité alimentaire et les économies locales du Bénin ou béninoises.

Objectifs et réalisations du projet

Lancé en octobre 2021, dans les départements du Zou, du Mono, et de l’Atlantique au profit de 130 éleveurs locaux, le projet Filières vertes se termine dans ce mois de septembre.

Voici un aperçu des principales réalisations de cette troisième et dernière année de projet portées par les ONG ESFB et ACED et l’entreprise La Bonne Viande :

1. Développement et intégration de modèles d’élevage durables

  • Amélioration des unités d’élevage : cette année, 38 nouveaux éleveurs, principalement des femmes, ont été aidés pour démarrer ou renforcer leur activité. Ils ont reçu des animaux, des bâtiments d’élevage et des équipements pour dynamiser leur activité d’élevage.

  • Formations techniques des éleveurs.euses : ces éleveurs ont suivi des formations sur les bonnes pratiques d’élevage : de l’importance d’un bon habitat pour les animaux à la gestion économique de base des élevages en passant par le choix des espèces, l’alimentation, la santé animale et la reproduction.

  • Santé animale : grâce à la formation de 6 vaccinateurs locaux, les cheptels sont régulièrement vaccinés et surveillés, assurant ainsi une meilleure santé des animaux.

  • Préservation de la santé animale : grâce à la formation de 6 vaccinateurs villageois, les animaux sont régulièrement vaccinés, déparasités et surveillés, garantissant ainsi le maintien de leur santé.

  • Accompagnement dans le développement du projet d’élevage : 20 éleveurs identifiés comme « Talents » ont suivi une formation sur l’élaboration de plans d’affaires et ont été mis en relation avec des institutions financières pour faciliter l’accès au crédit et donc l’investissement au niveau des ateliers d’élevage.

  • Développement des services en soutien aux élevages : un incubateur, une provenderie, un champ-école et un service d’appui-conseil aident les éleveur.euse.s dans la production de poussins, dans la production d’aliments et dans  la gestion de leurs exploitations.
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2. Renforcement des circuits courts de commercialisation pour la valorisation des animaux

  • Formation des coopératives d’éleveurs : les nouveaux éleveurs ont été formés à la gestion associative et les responsables de 9 nouvelles coopératives choisis par les éleveurs ont été formés sur leurs rôles, sur leurs responsabilités et sur la tenue des outils de gestion des coopératives ; ceci pour bien assurer le suivi des activités de ces dernières et la défense des intérêts de leur communauté/leurs pairs.

  • Formation du transformateur La Bonne Viande et tissage d’alliances productives : l’entreprise a bénéficié d’échanges d’expériences avec l’entreprise française Lesage et Fils pour améliorer sa gestion, ses techniques de transformation et l’organisation de ses ventes. Des concertations pour réviser les modalités de collecte et d’approvisionnement en animaux ont été menées en LBV et les éleveurs.euses.

  • Amélioration des conditions d’abattage des animaux : 3 points d’abattage de lapins ont été mises en place non loin des unités d’élevage, avec bâtiment et équipements. Grâce à cet endroit dédié, le transport des animaux s’en trouve réduit et les conditions sanitaires de leur préparation améliorées.

3. Valorisation des connaissances et promotion des acquis du projet

  • Documentation des expériences projet : des notes, des documents de référence et des vidéos ont été élaborés pour expliquer les innovations, les réussites et les adaptations qui ont été nécessaires pour améliorer les conditions d’élevage et de valorisation des animaux. Des témoignages de bénéficiaires et de partenaires du projet illustrent les exemples mentionnés et les leçons tirées en vue d’inspirer d’autres éleveur.euse.s à adopter ces bonnes pratiques.

  • Campagnes de sensibilisation : des spots publicitaires ont été diffusés sur les ondes des radios locales pour promouvoir les avantages du produire, transformer et consommer local. Ces campagnes ont renforcé la visibilité des produits carnés locaux et des acteurs de la production et de la transformation engagés sur les filières locales. Ils permettent aussi aux consommateurs d’être informés, de prendre du recul sur leurs habitudes de consommation et de potentiellement les faire évoluer. En participant à des foires des produits locaux, La Bonne Viande a contribué à la promotion du produire/transformer/consommer local.

Témoignages de bénéficiaires

Rosemonde, 27 ans, est nouvellement éleveuse de lapins. Elle a considérablement amélioré ses revenus grâce à son élevage de lapins développé par le projet. Depuis avril 2023, son cheptel de base est passé de 8 à 53 lapins. Les ventes réalisées lui ont permis de générer un revenu de 138 000 FCFA (210€*). Elle explique les changements occasionnés par le développement de cette activité économique : « Grâce à ce projet, je peux subvenir aux besoins de mes enfants et rendre fier ma famille ».

Gildas, 31 ans, a vu son élevage de lapins passer de 1 à 157 têtes. Il réalise 400 000 FCFA (610€) de vente tous les 3 mois. Il explique : « Mon élevage m'a permis d'acheter une moto tricycle, d'améliorer ma production de manioc et de préparer l'expansion de mon activité vers les ruminants et les poulets locaux en réinvestissant les gains tirés de la vente de mes lapins dans ces élevages. »

*SMIC Togo : 52 500 FCFA soit 80 €

Le projet Filières vertes a permis de transformer la vie des éleveurs locaux en améliorant leurs revenus et en renforçant la sécurité alimentaire au Bénin. Les prochaines étapes visent à consolider ces succès et à promouvoir une agriculture durable, en soutenant les liens entre producteurs locaux et consommateurs pour un développement économique inclusif et résilient.

Filières Vertes clap de fin : et après ?

Le projet Filières Vertes a permis de renforcer un bassin d’éleveurs qui ont amélioré leur organisation et leurs pratiques. Il a aussi initié le tissage de liens d’affaires entre les éleveurs accompagnés et un acteur de la transformation qui soutient les productions locales.

Afin de rebondir sur ces acquis, ESF et ses partenaires béninois prévoit de poursuivre le renforcement des filières animales/d’élevage dans le cadre d’un projet multi-pays qui initiera des échanges d’expériences entre le sud Bénin et le sud Togo qui partagent les mêmes problématiques. Le projet « Des éleveurs aux consommateurs » qui débutera le 1er octobre comprendra :

  • Un accompagnement des acteurs des filières dans l’amélioration de leur offre en animaux et en produits carnés sur le plan de la quantité et de la qualité (gabarits, diversification)
  • Un appui à la professionnalisation des jeunes et des femmes au sein des filières animales.
  • Une appropriation du concept « One Health/Une seule santé » et une intégration des pratiques favorables à la préservation de la santé des humains, des animaux et de leurs environnements.
  • Une poursuite de la production de connaissances et de leur appropriation par les acteurs des filières (éleveurs, collecteurs, transformateurs, consommateurs) et les politiques pour des changements en faveur des produits carnés locaux.

Sylvain Gomez

Responsable du projet Filières Vertes

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