Le projet Filières Vertes : renforcer l'agriculture locale au Bénin
Le projet Filières Vertes mené au Bénin a pour objectif de renforcer l’agriculture locale et de promouvoir la consommation de produits régionaux. Plus spécifiquement, il vise à résoudre les défis rencontrés par les petits éleveurs vulnérables au Bénin, notamment le manque de moyens, de formation et de services. Il cherche à améliorer les conditions d’élevage, à développer des circuits courts de commercialisation et à valoriser les produits locaux, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté, au développement économique et à la promotion de modes de production durables.
Le contexte dans lequel s’inscrit le projet est celui de la territorialisation de l’agriculture au Bénin, encouragée par le gouvernement pour promouvoir la consommation locale. Cette initiative facilite la collaboration avec les acteurs du Conseil agricole, permettant ainsi la planification, la coordination et le suivi du projet en harmonie avec les politiques publiques.
Les réalisations clés du projet
Les principales réalisations du projet comprennent l’identification et la formation de jeunes vulnérables, la mise en place d’infrastructures et d’équipements d’élevage, ainsi que des actions de commercialisation et de promotion des produits locaux. Des campagnes de vaccination, des échanges entre nouveaux et anciens éleveurs, et la structuration de pôles de développement sont également à souligner.
Installation d’un élevage de lapins
Supervisation de la campagne de vaccination
Les avancées de la filière en amont et en aval
Les résultats obtenus par le projet sont significatifs, tant en amont qu’en aval de la filière.
En amont de la filière, plusieurs avancées ont été observées :
- Appropriation des techniques d’élevage amélioré : Sur les deux premières années du projet, 50 des 62 bénéficiaires ont adopté avec succès des pratiques d’élevage durables et intégrées, améliorant ainsi la qualité de leurs productions. Cette appropriation a conduit à une meilleure gestion des élevages, favorisant la reproduction des animaux et augmentant les revenus des éleveurs.
- Amélioration de la production en produits carnés : L’adoption de ces pratiques a également indirectement conduit à une amélioration des gabarits de carcasse et à une professionnalisation de La Bonne Viande, l’entreprise partenaire du projet.
- Intégration des concepts de bien-être animal et de One Health : Le projet a initié l’intégration de ces concepts auprès des bénéficiaires, renforçant ainsi les pratiques d’élevage respectueuses des animaux et la sensibilisation à la santé publique.
Boucherie LA BONNE VIANDE
Transformation des produits carnés
En aval de la filière, les progrès sont également significatifs :
- Renforcement des circuits courts durables : Des coopératives organisées ont favorisé une meilleure cohésion entre les éleveurs, préparant ainsi le terrain pour des ventes groupées à l’avenir.
- Aide à la vente des produits : Les alliances avec des entreprises comme la boucherie La Bonne Viande ont facilité la commercialisation des produits, notamment pour les éleveurs de lapins qui rencontraient des difficultés à trouver des débouchés.
- Sensibilisation des consommateurs : Des actions de communication, telles que des vidéos et des spots radio, ont été entreprises pour sensibiliser les consommateurs aux produits carnés locaux, ciblant potentiellement jusqu’à 150 000 personnes.
Spot radio de la Bonne Viande
Vidéo d’ACED réalisée après 18 mois de mise en œuvre du projet mettant en lumière les quelques résultats obtenus à mi-parcours.
En conclusion, ce projet représente une initiative prometteuse pour renforcer l’agriculture locale au Bénin, améliorer les conditions de vie des éleveurs et promouvoir une consommation responsable et durable.
Les perspectives : continuité et élargissement des actions
Pour l’année à venir, le projet prévoit de continuer à renforcer les capacités des éleveurs, à étendre les circuits courts durables et à sensibiliser davantage les consommateurs. Des initiatives de capitalisation et de plaidoyer seront également menées pour promouvoir l’engagement des politiques dans la promotion du consommer local.
Témoignage d'une éleveuse de lapins
Je m’appelle Rose ADJAGBE, j’ai 34 ans. Je suis mariée avec 4 enfants à AKPOLI-DJIKPO Ulrich, je suis coiffeuse de formation et orpheline de père. J’ai passé une enfance difficile. Quand j’ai connu mon mari, il m’a aidé à obtenir mon diplôme et à venir en aide à ma famille. Mais lorsque nos charges ont commencé à augmenter avec le nombre d’enfants nous étions impuissants face aux nécessités de ma famille. Nous avons donc décidé de commencer l’élevage pour joindre les deux bouts. Mon mari a donc acheté des porcs et je l’aidais à en prendre soin. Un jour, il est rentré avec une cage contenant une lapine mère qui a mis bas quelques jours après son arrivée de 8 lapereaux qui sont tous morts parce que nous ignorions comment en prendre soins.
Une amie à moi m’a parlé du groupement de lapins ‘’Fondéou’’ qui pouvait m’aider à prendre soins de ma lapine. Je me suis donc rapprochée et j’ai intégré la coopérative. Quelques mois après mon adhésion, j’ai été mis au courant du projet porté par l’ONG ‘Eleveurs Sans Frontières Bénin’ qui accompagne depuis des années le groupement Fondéou dans la cuniculture.
Sur la base de critères, j’ai été sélectionnée pour recevoir l’appui du projet. J’ai bénéficié d’une lapinière de 6m/4m, d’un clapier en fer de 10 cages, 20 abreuvoirs et 20 mangeoires, 5 boîtes à nids et des formations théoriques et pratiques en techniques d’élevages de lapins.
En 7 mois, je suis passé de 8 lapins (3 femelles et 5 lapereaux) à 102 lapins (1 mâle, 10 femelles et 91 lapereaux). J’ai déjà vendu 71 lapins à 194.750 FCFA (env. 300€). J’envisage d’ici deux ans d’agrandir mon bâtiment, de confectionner de nouveaux clapiers en fer et d’augmenter le nombre de mes géniteurs à 30 femelles et 3 mâles.
Merci à l’ONG Eleveurs Sans Frontières Bénin et ses partenaires.
Rose ADJAGBE