Une coopération public-privé pour un système alimentaire résilient au Sud du Togo
Dans le cadre de la promotion du consommer local au Togo et dans un contexte de changement des comportements alimentaires dans nos sociétés actuelles, les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires doivent s’adapter, s’organiser et se structurer pour assurer une croissance forte de l’offre nationale de produits alimentaires tout en répondant aux besoins et attentes des consommateurs ruraux et urbains conformément au cadre législatif et réglementaire. C’est à cet effet que l’ONG OADEL a organisé, à l’intention des élus communaux, dans le cadre du projet « Du champ à l’assiette » soutenu par Elevages sans frontières, une journée de travail sur le thème : « Coopération public-privé vers un système alimentaire résilient ».
L’objectif de cette séance d’information et de formation des conseillers municipaux est de favoriser la concertation et la participation des élus de la commune au développement des filières de proximité, ceci, à travers des présentations et débats sur les défis de la souveraineté alimentaire, les enjeux de la zone de libre-échange continentale africaine et les systèmes alimentaires territorialisés.
Il s’agit à court terme pour OADEL d’appuyer les municipalités et les différents acteurs concernés dans les communes dans la mise en place d’un Système Alimentaire Territorialisé pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des habitants de leur territoire.
Les rencontres se sont déroulées dans les salles de délibération des communes du Grand Lomé et de 4 autres communes, de janvier à mars 2022. Un total de 65 élus locaux ont ainsi été sensibilisés sur les trois thèmes précités. Le Grand Lomé, comportant 13 communes, a été choisi pour démarrer cette série de sensibilisation du fait qu’il est le lieu de concentration de la population togolaise et donc un pôle de consommation par excellence. OADEL part du principe que des élus locaux sensibilisés sur les bienfondés du consommer local vont privilégier des actions favorables aux petits agricultures et éleveurs de la région maritime au Togo, notamment pour l’accès au marché de leurs produits.
Cette série de rencontres sur la souveraineté alimentaire, la zone de libre-échange continentale africaine et les systèmes alimentaires territorialisés va s’étendre à d’autres communes rurales où intervient le projet « Du champ à l’assiette ». Les communes vont ainsi mesurer l’intérêt social et économique pour leur territoire de produire, transformer, distribuer, et consommer durablement. Cela favorisera leur engagement dans une coopération avec les acteurs économiques et la société civile pour la mise en place et le développement d’un système alimentaire territorialisé, durable et résilient.
Soulignons que le thème sur la souveraineté alimentaire présente la différence conceptuelle et les fondements politiques entre sécurité alimentaire et souveraineté alimentaire et montre les raisons pour lesquels les pays du Sud doivent se battre pour de plus en plus de souveraineté alimentaire et non la simple sécurité alimentaire. Quant au thème de la zone de libre-échange continentale africaine, entré en vigueur depuis le 1er janvier 2020, il aborde la question de l’ouverture du marché togolais et montre que si le libre-commerce a ses avantages, il présente aussi des inconvénients pour les petits producteurs souvent livrés à eux-mêmes sur un marché où ce sont les plus gros qui mangent les petits ; d’où, la nécessité de soutenir une production locale togolaise, encore faible, face aux économies des grands pays comme le Nigéria, la Côte d’ivoire ou le Maroc. Enfin, le dernier thème : le système alimentaire territorialisé permet aux élus locaux de visualiser comment, du champ à l’assiette, un gouvernement local peut dialoguer avec les acteurs de son territoire pour construire durablement un système alimentaire de production, de transformation, de distribution, de consommation, tout en veillant au traitement des déchets.
Des échanges fructueux ont permis aux élus locaux de comprendre ces notions. Tous ont pris l’engagement de mettre en place une feuille de route pour aller progressivement vers la mise en place d’un système alimentaire durable sur leur territoire.
Tata Yawo AETOENYENOU,
Directeur Exécutif de l’ONG OADEL (partenaire d’Elevages sans frontières)