Réactive, solidaire et résiliente
Plus de 5 mois après les premiers cas de Coronavirus sur son continent, l’Afrique reste le continent le moins touché par la crise sanitaire liée au Covid-19. On a avancé pendant un temps que les chiffres étaient sousévalués, compte tenu de l’absence de politique de dépistage et d’un comptage aléatoire des décès. Même si tel était le cas, le système de santé et les hôpitaux auraient été submergés. Or cela n’est arrivé dans aucun pays.
Des éléments démographiques, virologiques, sociologiques et politiques, moins condescendants vis-à-vis de ce continent qu’un argument de « mauvais comptage », expliqueraient que le continent ait été relativement épargné :
• La jeunesse du continent : environ 60% de la population a moins de 25 ans. Seuls 5 % des Africains ont plus de 65 ans. Avec un âge médian de 19,7 ans, (42 ans en Europe), la population jeune est moins vulnérable au virus.
• Les pays africains se sont appuyés sur les enseignements tirés de précédentes pandémies (Ebola, le VIH, la rougeole ou le choléra) et sont d’une certaine façon préparés à ce contexte épidémique. La plupart des Etats africains ont réagi très tôt dès l’apparition des premiers cas de Covid-19, en fermant leurs frontières et en prenant aussitôt des mesures préventives de confinement ou de mise en quarantaine des grandes villes.
• Enfin, pour la plupart des pays, les gestes barrières, la fermeture des lieux de rassemblement, la distanciation physique, l’isolement géographique des zones touchées, le couvre-feu, le port systématique du masque, ont été une réponse logique et dans un premier temps socialement acceptée.
La crise sanitaire semble contenue à ce jour. Cependant, la fermeture de marchés locaux, des frontières, des restaurants et globalement la limitation des déplacements et des échanges entravent les ventes, l’accès au fourrage, aux fournitures vétérinaires, etc. Les risques de pénuries et les hausses des prix des biens alimentaires importés se cumulent à une baisse des revenus, accentuant la vulnérabilité des populations déjà fragiles. Les inégalités sociales et l’insécurité alimentaire pourraient malheureusement s’accroître.
A long terme, cette crise révèle les profonds dysfonctionnements du système agricole et alimentaire artificialisé et globalisé qui fragilise les plus pauvres face aux difficultés économiques, sociales et sanitaires. Elle conforte également la nécessité de soutenir les transitions agricoles, partout dans le monde, en faveur d’une agriculture et d’un élevage respectueux des femmes, des hommes et de la nature.
Charlotte Conjaud, Responsable partenariat