Il y a un peu plus de six mois, Elevages sans frontières lançait un appel à mobilisation pour démarrer un nouveau programme de 4 ans au nord du Burkina Faso. Le but : accompagner 200 familles vulnérables dans l’amélioration de leur sécurité alimentaire et économique grâce à l’élevage de volailles.
Les activités ont démarré et de premiers signes apparaissent, annonçant que la situation des ménages ciblés s’améliore. En témoignent ces récits issus de différents acteurs du programme :
Abdoulaye, leader communautaire à Damesma
Dans des villages, les leaders communautaires servent d’interface entre les éleveurs, les partenaires locaux et la coordination du projet. C’est impossible d’implanter un projet sans connaitre les bénéficiaires. Moi j’ai l’avantage de vivre 24 heures sur 24 avec eux. Si quelque chose ne va pas, je suis directement au courant.
Les coachs comme moi jouent aussi un rôle important dans la sensibilisation sur le genre. C’est souvent nous qui expliquons aux maris les avantages que trouvent les femmes dans l’élevage et la valeur d’une épouse qui gagne ses propres revenus. Comme nous sommes du village, les hommes nous écoutent et acceptent en général ce qu’on dit. »
Marie, éleveuse bénéficiaire
de volailles à Damesma
« J’étais très contente le jour que les animateurs nous ont proposé de suivre une formation en aviculture, j’ai directement dit oui et maintenant je rêve d’une cour avec 40 volailles.
Nous avons appris à nourrir les poules, à utiliser les abreuvoir et à désinfecter l’entrée du poulailler avec un pédiluve. Nous avons aussi été formés sur l’importance des vaccinations. Si une poule tombe malade, on risque de toutes les perdre et ce serait une catastrophe. Les poules sont comme des tirelires, nous pourrons les vendre pour assurer nos besoins. Moi, ce sera surtout pour la scolarité de mes enfants. Une bonne saison des pluies et une bonne gestion de nos animaux et je serai une grande éleveuse ! »
Félicité, technicienne en élevage et santé animale
« Pour moi, c’est clair : on ne peut pas développer le Burkina Faso sans impliquer les femmes. Celles-ci sont vraiment désireuses d’apprendre mais souvent elles manquent de techniques. Comme la plupart sont analphabètes, nous utilisons des images et nous parlons la langue locale. Ce n’est pas toujours facile de changer ses habitudes et de combattre les préjugés. Néanmoins, le fait que je sois une femme met tout le monde à l’aise. Je souligne que des mauvaises questions n’existent pas.
J’ai constaté que des hommes étaient très curieux de savoir ce que leurs femmes avaient appris. Par exemple la technique d’utilisation de la fumure dans les champs. Ils ont vu que ça marchait et du coup, eux-mêmes utilisent la technique. Ainsi, tout le village profitent du projet ! »
Docteur Mandé,
vétérinaire privé à Kaya
« Comme vétérinaire je ne soigne pas seulement des animaux malades, la prévention est au moins aussi importante. Avant chaque attribution d’animaux aux familles, je m’assure que tous sont en bonne santé et vaccinés.
Comme le projet prévoit le suivi des soins gratuits pendant un an, je remarque que lorsque je passe dans les villages, tout le monde, même les foyers qui ne sont pas en lien avec le projet, demandent des conseils. C’est quelque chose que je ne peux qu’encourager. »