Les Femmes Relais Environnement et Santé Animale au Maroc
Dans le cadre du projet Envol des femmes, des Femmes Relais dédiées à l’Environnement et à la Santé Animale (FRESA) sont accompagnées au sein des villages. Ce projet vise à soutenir 102 éleveuses de chèvres et de moutons dans leur installation et leur émancipation socio-économique grâce à leur activité d’élevage. Dans la région de Ouarzazate, les femmes rurales sont confrontées à un défi supplémentaire avec l’accentuation des sécheresses due au changement climatique. Face à ces vulnérabilités croissantes, l’équipe ROSA/Elevages sans frontières a décidé d’innover en accordant une attention particulière à la santé environnementale et animale. Pour faciliter l’intégration de ces enjeux dans les villages, 10 femmes relais spécialisées dans l’environnement et la santé animale ont été sélectionnées dans le cadre du projet. Les FRESA, c’est quoi ? Les femmes relais environnement et santé animale sont des éleveuses bénéficiaires du projet. Elles assurent la relation entre les services vétérinaires et les groupements au sein des villages. Elles organisent également les activités de sensibilisation aux pratiques agroécologiques et à la valorisation du fumier issu de leur élevage. Parage des onglons – santé animale Compostage – santé environnementale Pourquoi mettre en place des FRESA ? Il a été constaté dans certains élevages des cas récurrents de maladies chez les animaux avec une méconnaissance des démarches à suivre pour les éleveuses. Jusque-là, peu de contact était établi entre les éleveuses et les services vétérinaires agréés. De plus, l’équipe recevait aussi des demandes d’anciennes éleveuses en cas de maladies dans leurs élevages. Il a donc semblé nécessaire d’introduire des femmes relais dynamiques et volontaires pour assurer la coordination des besoins des groupements villageois avec les services de santé animale. En outre, ces dernières années, la zone de Ouarzazate a connu des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses. Cette situation s’accompagne d’un appauvrissement des sols et d’une augmentation de l’utilisation de produits chimiques dans les pratiques agricoles. Ce constat découle d’une évaluation des pratiques effectuées par l’équipe au cours de la deuxième année du projet. Ainsi, la santé environnementale devient une priorité pour les populations concernées. Afin de sensibiliser et de faciliter la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, il a été décidé de continuer à former les femmes relais dans ce domaine. Les objectifs des FRESA Faciliter la relation entre les vétérinaires et les éleveuses pour une meilleure prise en compte de la santé animale au sein des élevages. Faciliter la transmission des pratiques agroécologiques au sein des villages. Favoriser le lien entre la santé animale et la santé environnementale au sein des villages à travers les femmes relais. Assurer un impact durable à long terme. Comment s’organise l’accompagnement des FRESA ? Pour commencer, il est primordial d’installer les bénéficiaires afin qu’elles puissent acquérir des connaissances grâce aux formations sur l’élevage dispensées par l’équipe, qu’elles aient un bon suivi des pratiques enseignées et qu’elles soient volontaires pour jouer ce rôle. Les bénéficiaires sont sélectionnées par groupements selon des critères établis par l’équipe, notamment l’accès à une parcelle pour les activités environnementales. Elles participent à des formations similaires à celles des éleveuses, avec un accent particulier sur les points clés qui les concernent davantage. Lors des formations en santé animale, elles sont présentées aux services vétérinaires afin de discuter des enjeux et d’échanger des contacts téléphoniques. En ce qui concerne l’aspect environnemental, elles sont sensibilisées aux pratiques agroécologiques lors de séances pratiques sur le terrain (visites de parcelles) et participent à des formations sur la valorisation du fumier et du compost. Quels sont les résultats constatés en année 3 du projet ? Concernant la santé animale : on remarque une dynamique dans les villages, une meilleure coordination pour les campagnes de vaccination et d’antiparasitaires entre les regroupements d’éleveuses et les services vétérinaires, une meilleure considération globale de la santé animale dans les élevages, ce qui se traduit par une plus grande autonomie des éleveuses dans la gestion de la santé de leurs troupeaux. En ce qui concerne l’environnement : on remarque une réponse positive à l’épandage du fumier sur les terres avec moins de sécheresse et moins de mauvaises herbes que sur d’autres parcelles avec un épandage direct des excréments des animaux. Cependant, des défis persistent pour le moment. Une évaluation plus complète sera possible à la fin du projet, à l’issue des deuxièmes sessions de ces initiatives prévues pour la troisième année du projet. Kbira Ouchen Kbira témoigne Kbira, une éleveuse de chèvres déterminée, nous partage son expérience. Grâce au projet, elle est devenue une femme relais environnement et santé animale dans son village, offrant son aide et ses conseils aux autres éleveuses en cas de besoin. Lire son témoignage Pour la suite Pour la prochaine étape du projet Envol des femmes, prévue pour octobre 2024, il est envisagé de renforcer le rôle des femmes en leur proposant une formation technique approfondie sur les pratiques agroécologiques. Cela sera accompagné d’un suivi de leurs pratiques agricoles sur leur parcelle, ainsi que de tests de cultures visant à améliorer la résilience du système d’élevage face aux changements climatiques. De plus, il est prévu d’intensifier les formations en santé animale pour ces éleveuses, dans le but de les transformer en relais reconnus par les services vétérinaires. Cela leur permettra d’effectuer certains actes au sein des villages, tout en suivant la réglementation du territoire. Aline Migault Chargée de mission