[Témoignage] Fadma, une confiance et une estime de soi retrouvées

En novembre 2022, l’association ROSA a organisé une rencontre de sensibilisation au projet Envol des Femmes dans la région de Ouarzazate. L’occasion pour l’association de sélectionner les futures bénéficiaires du projet, plus précisément du micro-crédit animal, aussi appelé « Qui reçoit… donne ». Les bénéficiaires sont sélectionnés selon des critères bien précis : être jeune (moins de 35 ans) être membre de l’association locale être membre d’une famille à ressources économiques moyennes/basses être motivée à gérer un projet d’élevage être prête à construire une bergerie avec les moyens locaux disposer d’un terrain agricole pour cultiver la luzerne et le fourrage (locataire ou propriétaire) avoir de l’eau à proximité s’engager à assister aux formations et réunions dans le village et ailleurs. Lors de la rencontre, l’association Rosa, partenaire d’ESF, a rencontré Fadma. Elle remplissait tous les critères de sélection hormis celui de l’âge. Malgré cela, elle a été choisie car elle présentait un fort intérêt pour le projet et que son mari n’avait pas de revenus stables. Une femme en pleine mutation Au départ, Fadma n’avait pas d’élevage et souhaitait avoir des animaux pour développer sa propre activité et gagner des revenus. Elle avait une vie sociale restreinte et ne sortait que très peu de son village hormis avec son mari ou son fils aîné. Grâce au projet, elle a reçu une première formation sur l’abreuvement, l’alimentation et l’hygiène en décembre. Elle a ensuite reçu 2 chèvres. Depuis elle gère bien son activité et elle gagne en confiance. Sa vie sociale s’étoffe notamment grâce au contact des autres femmes du projet. Elle semble plus épanouie. Fadma témoigne… Ce témoignage recueilli en janvier s’est déroulé durant la seconde formation sur le thème « mise bas et soins donnés à la mère et aux petits à la naissance ». « Je m’appelle Fadma Boullatar, j’ai 42ans. J’ai 4 enfants, 2 filles et 2 garçons. Je suis mariée. Mon mari a un travail occasionnel. En ce moment, il travaille dans le café d’une station-service. Grâce au projet et depuis peu, je vends le lait de mes chèvres à la coopérative COROSA (coopérative laitière créée par l’association ROSA pour valoriser le lait de chèvres en produits transformés) pour avoir d’autres revenus et pouvoir faire face aux imprévus. Mes frères m’aident aussi. A côté, je continue aussi la rénovation de ma maison. Mes 2 filles utilisent un transport scolaire pour aller à l’école. Il est parfois difficile de payer ces dépenses et d’avoir encore de l’argent en fin de mois. Je me sens à l’aise pour travailler dans mon élevage, je le fais de bon cœur. Et je continue à travailler aux champs pour ma famille, je cultive désormais de l’aliment pour mes animaux. La vente de lait me permet d’acheter de la nourriture supplémentaire pour mes animaux. Grâce à cela, j’arrive à ne pas avoir trop de charges avec mon élevage. La seule contrainte au départ était la construction de ma chèvrerie car je n’avais personne pour m’aider à la construire ni le matériel nécessaire, mais maintenant c’est bon, j’ai réussi ! Grâce au projet, je bénéficie de nombreuses choses. J’ai accès à différentes formations sur les bonnes pratiques d’élevage : comment nettoyer l’abri, comment aider les animaux durant la mise bas, etc. J’ai pu améliorer ma confiance en moi aussi. Les rencontres avec les autres femmes me permettent d’oublier mes problèmes. Maintenant je suis contente, je me sens soulagée d’un poids. Ces rencontres me permettent de sortir, je me sens capable d’effectuer mes démarches, notamment administratives, toute seule. Avant, j’étais toujours à l’intérieur de ma maison, je ne passais que de la maison aux champs et des champs à la maison. Je ne savais pas comment était le monde à l’extérieur. Mais maintenant, je rencontre les autres bénéficiaires du projet qui sont devenues des amies. On sort ensemble. L’arrivée de ce projet a changé de nombreuses choses pour moi. Dans le futur, je m’imagine avec un grand enclos, devenir comme les anciennes bénéficiaires aujourd’hui expérimentées, arrivant à bien vendre avec leurs élevages et répondre aux propres besoins en viande de leur famille. Je souhaite aussi finir la rénovation de ma maison et assurer un futur à mes enfants, grâce aux revenus de mon élevage. Je remercie Rosa et tous ceux qui ont participé à ce projet. » Bravo Fadma ! Aline Migault Chargée de mission