Témoignage d’une jeune bénéficiaire, éleveuse de chèvres au Maroc
Témoignage d’Azentou Meriem, jeune femme bénéficiaire Dans le cadre du projet « Imik S’Imik » Je m’appelle Azentou Meriem, j’ai 23 ans. J’habite dans le village de Tamassinte, avec ma famille et mon mari. Il travaille occasionnellement dans divers domaines, tout ce qu’il peut trouver, en agriculture, bâtiment… Je ne travaille pas. Nous avons une source de revenus très limitée. J’ai une petite fille âgée de deux ans. J’ai eu la chance d’être scolarisée jusqu’à la 3ème primaire et de savoir lire ma langue natale, l’arabe. Je souhaite améliorer nos conditions de vie, pour aider mon mari et pour pouvoir scolariser notre fille. J’ai pensé à bénéficier de l’appui de ROSA et Elevages sans frontières, comme d’autres femmes de mon village qui ont pu recevoir ou agrandir leur élevage. J’ai pu constater la réussite de mes voisines. Ma maman a bénéficié du soutien de l’association ROSA depuis 2009 et travaille encore avec son élevage. Elle a pu construire sa maison grâce à cet élevage. Je veux devenir indépendante comme ma maman, c’est un modèle pour moi, un bel exemple dans le village de patience, de courage et de réussite. C’est une grande fierté ! Son troupeau est en bonne santé, et produit beaucoup de lait, et de qualité. Le « Qui reçoit… Donne », permet la solidarité entre les familles et c’est grâce à cela que nous pouvons accéder à l’élevage. « Mon objectif principal est de garantir l’avenir de mes enfants, d’être autonome financièrement et de vivre dans la sécurité ». Je suis de nature très timide, j’avais de grandes difficultés à m’exprimer, même devant d’autres femmes. Grâce aux réunions et aux échanges sur les réseaux, je commence à m’ouvrir aux autres, je tisse des liens. Les autres femmes m’encouragent à prendre la parole, me rassurent et je gagne en confiance jour après jour. Avec les répétitions des rencontres, je me sens obligée de parler et participer, et je vois déjà une nette amélioration. Je me dirige dans les pas de ma maman pour être une des meilleures porteuses de projets. Les échanges intergénérationnels nous permettent aussi d’éviter les problèmes, les échecs rencontrés par les anciennes, pour optimiser les conditions d’élevage. Ce sont les bons exemples d’entreprenariats réussis. J’espère avoir un bon élevage sain, et faire partie des bonnes éleveuses. Je souhaite avoir un revenu stable pour ma famille. J’ai besoin de faire évoluer ma vie, de devenir actrice de mon indépendance et de savoir m’exprimer facilement et partout. Pourquoi pas devenir un jour une femme leader, moi aussi, pour apporter d’autres activités à mon village et contribuer à son développement ?
Témoignage d’une éleveuse de chèvres, leader dans son village
Témoignage d’Amina Abdeddine, femme leader de de Tifoultoute Dans le cadre du projet « Imik S’Imik », région d’Ouarzazate au Maroc Je m’appelle Amina Abdeddine, j’ai 29 ans. Je suis célibataire et vis avec ma famille qui se compose de mes parents, mon frère, et ma sœur. Mon père touche une petite retraite. Ma maman, mon père, ma grande sœur travaillent dans les champs pendant que je garde les enfants et fais les tâches ménagères. Je suis Présidente de l’Association Tifoultoute et ai souhaité être la voix des femmes de mon groupement. En général, les femmes de mon village, vivent de l’agriculture, pour nourrir le bétail et leur famille. Quelques femmes travaillent dans les champs en contrepartie d’argent pour leur famille. L’artisanat, comme le tissage, est encore présent localement. Comme le travail agricole ne couvre pas tous nos besoins, certaines familles sont obligées d’envoyer leur fille travailler en ville, dans des régions où elles peuvent trouver des emplois précaires d’aide-ménagère. Les femmes souffrent beaucoup de la précarité et de la vulnérabilité familiale, qui rendent leur situation très instable. Beaucoup de maris quittent la maison. Les femmes célibataires rencontrent de grandes difficultés pour avoir une autonomie financière et faire des achats essentiels pour la santé et les soins. Les femmes attendent beaucoup de ce projet, et avant tout, l’indépendance vis-à-vis de la famille et une autonomie financière. L’objectif pour ces femmes est surtout de pouvoir apporter une meilleure scolarité à leurs enfants et de satisfaire leurs besoins, pour qu’ils aient une bonne estime d’eux-mêmes et ne se sentent pas en position d’infériorité. C’est très important pour qu’ils soient motivés à poursuivre leurs études au Lycée. « Devenir femme leader est le point de départ d’une nouvelle vie, pour moi, et pour les femmes de mon village ». Qu’est-ce qu’une femme leader ? Une femme leader est la représentante de son village, et de l’activité de son groupement. C’est un honneur et une grande fierté d’être choisie pour jouer ce rôle d’intermédiaire, non seulement avec ROSA et Elevages sans frontières, mais aussi avec tous les autres interlocuteurs. C’est aussi une grande responsabilité. Je suis garante du bien collectif et non plus de mon seul confort. J’ai été désignée parce que mon village me savait capable d’accomplir ces tâches et de prendre la parole pour toutes et tous. Je cherche toujours une façon d’améliorer la situation et de faire évoluer l’association. Je suis fière de porter ce projet, d’aider mon village à développer des activités qui peuvent permettre aux femmes d’avoir leurs propres revenus et donc l’indépendance économique et sociale. Cela va aussi nous permettre d’assurer la scolarisation de nos enfants, et d’améliorer nos conditions de vie en général. « Être femme leader m’a donné confiance en moi, et m’a permis d’évoluer dans mes capacités de prise de parole. Je peux plaidoyer pour nos projets et les femmes ont confiance en moi pour mener cette mission. Elles voient les résultats de mon travail sur d’anciens projets ». Les actions de ROSA et Elevages sans frontières m’ont donné l’opportunité de m’exprimer, de faire entendre ma voix mais surtout celle des femmes de mon groupement. L’appui de ROSA et Elevages sans frontières est très concret, les femmes qui ont un projet ou déjà des connaissances traditionnelles de l’élevage ont pu améliorer leur savoir technique. Les réunions et les formations m’ont permis de valoriser mon produit, de valoriser mon travail et celui des éleveuses. C’est une véritable reconnaissance de ce que nous faisions avant au quotidien sans en avoir conscience. Les actions de ROSA et Elevages sans frontières nous guident et nous transmettent les bonnes pratiques. Les réunions nous permettent de nous conseiller entre nous, de repérer les problèmes et de mutualiser les solutions. J’ai acquis un savoir local important grâce aux échanges lors des réunions organisées dans le cadre des projets, que je diffuse aux éleveuses du village. Le lien avec ROSA, permet d’avoir toujours un contact avec une experte technique qui saura donner la bonne information, comme une référente pour toutes les bénéficiaires. Cela donne une force aux éleveuses qui ne sont plus seules face à leur activité, et cela renforce aussi la visibilité et la reconnaissance de notre métier. Les actions de ROSA et Elevages sans frontières ont aussi un impact sur le mode de pensée des femmes, qui se sentaient limitées dans leurs activités par le passé, et se contentaient des tâches domestiques. Travailler avec ROSA m’a permis de comprendre que je dois également profiter de ma vie pleinement, et pas seulement pour répondre à mes obligations. Cela se généralise dans le groupement, les femmes ont compris qu’elles ont des droits et que leur travail au sein du foyer a une valeur. La femme leader n’agit pas que pour elle-même mais pour le bien-être collectif. Le groupement passe toujours avant mes propres intérêts.